Thursday Thunder: the great Anglo-european war of 2021

Comme j'ai déjà parlé de l'Angleterre hier, je voulais varier aujourd'hui, mais je suis assaillie par des pubs et notifications sur les RS qui m'y ramènent constamment. FB, Google et tous leurs petits amis sont persuadés que je suis une expat anglaise en France et ils tiennent à m'informer. C'est trop gentil. Vraiment. Parce que donc, la rhétorique guerrière des médias britanniques à l'égard de l'Europe et des européens commencent sérieusement à me lasser.

Thursday Thunder: the great Anglo-european war of 2021Source

Il y a bien sûr l'affaire des vaccins, les seringues remplaçant allègrement les lances des valeureux chevaliers britanniques pourfendant l'ennemi européen, ou un truc comme ça. C'est évident, la pandémie doit être récupérée comme argument nationaliste pour masquer une actualité qui n'a rien à voir avec la crise sanitaire. Les européens ont essayé de dénigrer le merveilleux et patriotique vaccin anglais d'astra Zeneca par pure mesquinerie, parce qu'ils sont jaloux de la glorieuse supérieure anglaise, pas par prudence médicale, voyons. Alors déjà, chers brexiters, votre vaccin est aussi anglais que moi, et il n'y a que vous pour avoir des idées aussi malsaines en pleine crise de santé publique. Ensuite, pendant que l'Union européenne laisse partir en Angleterre des centaines de milliers de doses produites sur son sol, vous contrairement à ce que vous aviez promis, vous n'en avez exporté aucune. Je ne veux pas chipoter, mais si vous tenez vraiment à faire des comparaisons, je dirais que sur ce coup là, l'Europe a le moral high grand, gagne moralement.

Mais il n'y a pas que ça. Sus à l'ennemi! Si on en croit les médias et les politiques, les anglais sont littéralement en guerre contre les européens à propos de Gibraltar (qui n'en demandait pas tant et a profité de la confusion pour rejoindre l'espace Schengen et se détacher un peu plus de Londres). Les anglais sont en guerre contre les européens à propos des réfugiés sur son propre sol qu'ils veulent éjecter en EU, au mépris de la convention de Genève, et sans qu'on sache pourquoi un pays tiers devrait se plier aux dictats délirants de Londres. Les anglais sont en guerre contre les européens à propos des vacances d'été. A propos des fruits de mer. A propos du ramassage des jonquilles (tout est véridique, les tabloïds britanniques sont formidables). A propos de...je ne sais plus, je n'en peux plus. Ça doit être épuisant aussi pour eux, cette rhétorique hargneuse en permanence pour tout et n'importe quoi, surtout que personne ne répond en face. Ça sert à quoi de jouer les soldats drapés dans la croix de Saint George, un nationalisme pourri teinté de nostalgie colonialiste et une agressivité de roquet enragé, si l'ennemi désigné ne vous regarde même pas brasser de l'air et des clichés guerriers? Enfin si, lundi dernier, sans faire de bruit, sans convoquer la mémoire de batailles passées, sans invoquer de sombres querelles sanglantes historiques, sans agiter de petits drapeaux, Bruxelles a déposé plainte contre Londres qui ne respecte pas ses obligations légales incluses dans l'accord du brexit. Comme ça, sans essayer de se venger ou de flatter une quelconque haine ou intolérance des européens. Sans brailler, sans bravache, sans acrimonie feinte ou réelle. Juste en appliquant calmement les lois internationales. Ça manque de panache, non?

Non. Les relations internationales sont assez compliquées comme ça, ce n'est pas la peine d'en faire un mauvais film de cape et d'épée, un scénario raté de Star Wars ou une parodie de manga guerrier. Face aux fantasmes belliqueux de Londres, l'Union européenne reste juste réaliste, modérée, adulte. Et ça serait bien que les médias comme les politiques britanniques redescendent de leurs destriers imaginaires et reviennent à la raison aussi. La guerre de 100 ans est finie depuis un moment et ils l'ont perdue.