Thursday thunder: the new normal

Je ne suis pas analyste politique, je n'y connais rien aux US, et de toute façon, tout le monde se fiche, avec raison, de mes états d'âme. Personne ne vient ici pour savoir ce que je pense de ce qui se passe à Washington, ça tombe bien d'ailleurs, je ne sais plus quoi penser. Bref, je ne vois pas pourquoi j'irais casser l'ambiance à parler de ce qui s'est passé hier soir...sauf que.

Thursday thunder: the new normal

Sauf que pour aussi sidérante que cette tentative dérisoire de coup d'état (je n'ai pas les pudeurs de certains commentateurs français, c'était une tentative pitoyablement ratée, certes et qui n'a jamais eu la moindre chance d'être autre chose qu'un pétard mouillé, mais une tentative quand même), pour autant qu'elle ne me concerne absolument pas, elle me terrifie. Parce qu'elle est banale. Dans un pays où un président a dû démissionner pour des écoutes illégales, un de ses successeurs fomente un coup d'état et c'est devenu normal. La réalité des faits n'existe plus, encore moins la décence. Le racisme, la violence et le fascisme sont banalisés, tout ça est devenu normal.

Si j'en parle, c'est aussi parce que tout a commencé ailleurs, en Brexitland. On va me dire que je radote, ou que j'en rajoute, mais les marionnettistes de Trump ne s'en sont jamais cachés, ils ont au contraire revendiqué la chose comme un exemple de leur magnifique capacité à foutre en l'air le monde: la campagne du brexit leur a servi de test, pour voir jusqu'où ils pouvaient jouer, en toute impunité, avec la vérité, comment ils pouvaient attiser la haine et s'en servir pour parvenir à leurs fins. Test réussi, ils sont passés à plus grand, aux US donc. Et ils ne comptent pas s'arrêter là. C'est devenu normal de vivre dans une réalité parallèle qu'on s'invente au grès de ses caprices politiques. C'est devenu normal de cracher sur l'autre, qu'il soit d'ailleurs, d'une autre couleur de peau, d'une autre religion, d'une autre opinion sur n'importe quel sujet, aussi trivial soit-il. La haine ouverte, la violence triomphante, le mensonge permanent sont devenus normaux. Banaux. C'est devenu normal de revendiquer avec la pire violence tout et son contraire en même temps et en dépit du bon sens. C'est devenu normal de penser et de se comporter en société comme un sale gamin de deux ans en plein caprice hystérique parce qu'on lui dit de ne pas mettre les doigts dans une prise électrique.

Je me fiche de qui a gagné contre Trump, je n'ai aucune sympathie ou antipathie pour Biden, qui a le charisme d'une endive bouillie. Je me soucie très peu au quotidien de l'état de déliquescence de la société américaine, et je commence même à regarder les gesticulations des brexiteurs d'un œil las...ça n'est pas le propos. Contrairement à tous ces gens, je ne cherche pas à avoir raison, je ne veux pas faire payer à quiconque les aléas de ma vie, je n'ai pas besoin de " revanche ", je ne veux qu'une chose: être tranquille. C'est tout. Sauf que cette nouvelle normalité qu'ils m'imposent me terrifie. Hier, je parlais de nos bonnes résolutions et de nos souhaits pour 2021. Mon souhait, ce serait que mes enfants grandissent dans un monde où la norme soit le calme, la politesse et ouverture aux autres. Que leur normalité soit apaisée. C'est pas gagné.

Cet article, publié dans Les colères, est tagué amerique, brexit, coup d'état, trump, usa, washington. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

%d blogueurs aiment cette page :

Thursday thunder: normal