Thursday Thunder: les pubs et la saint Valentin

Je ne parle plus des aventures Wizzboy, mais du déferlement de sexisme publicitaire, qui accompagne invariablement le 14 février, comme pour la fête des mères ou la journée de lutte pour l'égalité des droits que certains s'obstinent à confondre avec une fête des femmes-bonniches-échappées-des-pubs-des-années-cinquante. Sous prétexte qu'un type qui ne s'appelait même pas vraiment Valentin, mariait gratuitement les romains qui voulaient échapper au service militaire au III siècle, certains essaient de nous refiler des aspirateurs! Je ne vois pas le rapport entre des réfractaires prêts à tout pour ne pas aller se faire étriper au nom de l'empire romain et un besoin quelconque de me voir offrir une friteuse ou un fer à repasser. Surtout que ça risque justement de finir en meurtre, ce qui serait ballot pour une fête qui s'inspire donc d'un grand pacifiste.

Thursday Thunder: les pubs et la saint ValentinJe vous mets le lien de l'observatoire de la publicité sexiste ici, ça peut servir

Mais je m'énerve alors que pour la Saint Valentin, selon les publicitaires, on n'a pas seulement droit à être de parfaites petites fées du logis décérébrées. Non, pas du tout, on est aussi de parfaites pétasses pour ne pas dire putes, décérébrées également. Ça fait chaud au cœur tiens. Ou pas...depuis quand on ne rêve que de lingerie immonde, de parfum puant ou de chocolats (bon là, je ne rajoute pas d'adjectif, restons sérieux), sous prétexte qu'on a un utérus? A la limite, on peut espérer que le jour où on inventera une poupée gonflable qui fait aussi la lessive et le repassage, on n'aura plus besoin de supporter les pubs sexistes. Quoique, il y aura toujours un ou deux pervers pour flanquer une femme en sous vêtement pour vendre du carrelage ou une tronçonneuse... sérieusement, quand est-ce que les publicitaires vont nous lâcher?

Pour en revenir à la saint Valentin, dont je ne comprends pas tout l'intérêt au départ mais passons, en quoi est-ce romantique d'offrir à quelqu'un un auto cuiseur? A part déclarer son amour à la blanquette de veau, je ne vois pas...et ce n'est jamais venu à l'idée d'un publicitaire qu'une femme peut préférer un livre à un rouge à lèvre? Sérieusement? En quoi nous réduire au rang de bonniche d'opérette plus ou moins sexy (visiblement, je n'ai pas la même définition de la chose que les publicitaires de base), est sensé nous faire plaisir? Les gens du marketing sont au courant que les femmes représentent la moitié de la population et ont aussi un certain pouvoir d'achat (en plus d'un cerveau et d'une volonté propre), malgré les efforts de tous les néandertaliens de leur espèce pour ne pas combler les différences salariales. Ça serait peut être rentable pour eux de cesser de nous prendre pour des dindes! Si par la même occasion, ils arrêtaient aussi les clichés sur les hommes, ça ferait plaisir à tout le monde. Saint Valentin ou pas, il ne me viendrait jamais à l'idée d'offrir une perceuse à Marichéri, en plus, il risquerait de se blesser avec!

Depuis quand on a besoin d'un jour spécial pour offrir quelque chose à ceux qu'on aime? Et pourquoi un cadeau générique au goût plus que douteux, fleurant bon le sexisme ordinaire serait plus personnel qu'une attention qui tient compte des goûts et de la personnalité de celui ou celle qui le reçoit plutôt que de sa composition chromosomale? Bon cela dit, je n'ai rien contre du chocolat. Mais toute l'année, en approvisionnement continu.

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