Thursday thunder: uk election debate nonsense

Dans trois semaines, les britanniques votent pour élire un nouveau parlement et par voie de conséquence, un premier ministre. Beaucoup de commentateurs s'accordent à dire qu'il s'agit de l'élection la plus importante depuis des décennies, le sort du brexit et donc le futur du pays en dépendent. Peut être...Comme d'habitude en Brexitland, les choses ne sont pas claires. On a quand même eu droit à un débat ubuesque entre les représentants des deux principaux partis: le premier ministre conservateur sortant, Johnson et le chef du labour, Corbyn. En sachant que ce dernier n'a aucune chance d'arriver au pouvoir tout seul, sans passer par une coalition, c'est déjà surprenant de ne pas donner la parole aux autres partis. Mais si il n'y avait que ça...

Thursday thunder: uk election debate nonsense

Johnson a fait du johnson, ne répondant à rien, inventant des chiffres et des faits, avec un aplomb remarquable (il a de l'entraînement, il faisait déjà ça quand il était journaliste). Plus c'est gros, plus ça passe. Il a martelé à tord et à travers, avec une constance dans l'outrecuidance qui forcerait presque le respect si elle ne donnait pas envie de le secouer pour qu'il arrête son cirque, qu'il fallait faire le brexit, qu'il allait faire le brexit, que son brexit était le plus beau brexit du monde...ça me rappelle vaguement quelqu'un, avec qui Johnson partage aussi une apparence capillaire originale. Mais Corbyn n'a pas fait mieux. Lui aussi promet tout et n'importe quoi en dépit du bon sens, prenant autant les électeurs pour des cons. De ce côté là, Johnson et Corbyn ont l'air de s'entendre...par contre, impossible de faire dire à Corbyn si il est pour ou contre le brexit, alors même que la question est revenue de multiple fois (en même temps, vu que Johnson refusait lui, de parler d'autres choses, ça fait une moyenne). Je n'arrive pas à comprendre comment Corbyn fait pour attirer le vote anti brexit alors qu'il se refuse justement à l'être (anti brexit je veux dire). En sachant qu'il considère l'Union européenne comme une dictature capitaliste, je ne vois pas ce qui laisse supposer qu'il réussira ou même voudra, négocier autre chose que ce qu'a déjà proposé Bruxelles.

Tous les deux ont promis de dépenser des sommes démentielles qu'ils n'ont pas. Et vu que les agences de notation ne sont convaincues ni par le nirvâna brexiter limite fasciste et économiquement suicidaire de l'un, ni par le paradis quasi marxiste et tout aussi économiquement suicidaire de l'autre, on se demande bien comment ils vont faire pour emprunter tout l'argent promis. En même temps, vu que ça risque de couler le pays encore plus vite que prévu, ça permettra au FMI d'intervenir plus rapidement et d'arrêter les dégâts...tiens, c'est vrai ça, pourquoi ces deux nostalgiques, l'un de l'empire colonial, l'autre de la lutte des classes façon seventies ne rappellent-ils pas à leurs adorateurs où en était vraiment la Grande Bretagne avant son entrée dans l'Union européenne? Vous savez, ce pays mis sous tutelle économique par le FMI, ce pays qu'on appelait le malade de l'Europe? La crise grecque à côté, c'était du pipi de chat. C'est vrai que ça fait rêver, on comprend de suite pourquoi certains électeurs veulent revenir au bon vieux temps...

Ce débat était non seulement d'une nullité abyssale, mais aussi terrifiant. Deux populistes ignobles, chacun dans son genre, totalement hors sol, jouant sur les pires clichés de leurs utopies respectives, et qui se foutent des conséquences pourvu qu'ils arrivent à conquérir le pouvoir. Et c'est entre ces deux-là qu'on doit choisir, pour l'élection la plus importante au Royaume-Uni depuis des décennies...welcome to Brexitland.