Thursday Thunder: they are forgetting

Alors que la Grande Bretagne célèbre en grandes pompes le débarquement de Normandie, en saupoudrant toute une série de Royals aux diverses commémorations des deux côtés de la Manche, des litanies du célèbre " lest we forget " (n'oublions pas) envahissent tous les discours. Un certain public anglais, qui n'était pas né en 1944, est persuadé d'avoir libéré tout seul à main nue, grâce à sa supériorité intrinsèque de britannique, toute l'Europe. Ils récupèrent sans aucune honte le massacre de milliers de malheureux (d'un côté comme de l'autre) sur les plages normandes pour justifier toutes leurs idéologies présentes, en s'abritant faussement derrière leur " n'oublions pas ". Raté. Ils sont en train d'oublier.

Thursday Thunder: they are forgetting

Déjà, ils n'ont pas compris exactement que non, ce n'est pas l'armée britannique toute seule qui a sauvé le monde du nazisme. Mais passons. Ces gens qui sont persuadés d'être les gentils de droit, n'écoutent même pas quand les quelques vétérans encore avec nous, essaient de les faire taire. Ces vieux messieurs si dignes s'inquiètent de ce qu'ils voient monter en Grande Bretagne. Ils sont atterrés qu'on ose salir la mémoire de leurs camarades pour justifier ce qu'ils ont justement combattu. Mais alors même qu'on prétend les honorer, on ne les entend pas. C'est la Grande Bretagne qui veut quitter l'Union européenne qui a été créée au départ pour garantir la paix en Europe. C'est en Grande Bretagne que la presse affiche les portraits des députés qui ne suivent pas la doctrine d'état en les traitant d'ennemis du peuple. C'est en Grande-Bretagne que le prochain chef du gouvernement ne sera pas désigné par des élections mais par un collège de membres d'un parti politique qui n'a même pas la majorité au parlement. Sans que personne ne puisse rien y faire. C'est en Grande-Bretagne qu'un député a demandé que les universités dénoncent les professeurs qui parleraient du brexit. C'est en Grande Bretagne qu'un candidat (Dominic Raab) au 10 Downing Street propose simplement de suspendre le parlement pour pouvoir brexiter en toute tranquillité. Selon les analyses, il a quelques chances de passer. Une autre explique que si elle est choisie, elle purgera l'appareil d'état de tous les non brexiters. Le favori des sondages (Boris Johnson), en grand copain de Trump, multiplie publiquement les appels à la haine raciale, notamment contre les musulmans et traite les pays européens d'ennemis.

C'est en Grande Bretagne qu'on assassine dans la rue une députée anti brexit, qu'on élimine les aides sociales des handicapés et des malades, qu'on déporte des citoyens britanniques mais de couleur vers des pays qu'ils ne connaissent pas. C'est en Grande Bretagne que les juges de la cour suprême sont jetés en pâture à la vindicte populaire, et que le gouvernement ne tient aucun compte de leurs avis. C'est en Grande Bretagne qu'on fiche les européens, qu'on enferme sans jugement et sans limite de temps les étrangers, que l'accueil des hôpitaux est devenu un poste de contrôle d'immigration qui rejette des gens installés légalement et ayant cotisés pendant des décennies. C'est en Grande-Bretagne que le chef de l'état (Zaza) a été reconnue plusieurs fois parjure devant le parlement, ce qui est un délit, et qu'elle s'en fout. C'est en Grande Bretagne que le gouvernement s'est octroyé, au nom d'une sombre loi datant de Henry VIII, des pouvoirs pratiquement illimités pour mener les négociations du brexit comme il l'entend, dans le plus grand secret et sans que le parlement puisse avoir son mot à dire. C'est en Grande Bretagne qu'une partie de la population est endoctrinée savamment par des médias qui dénoncent jour après jour l'autre, l'étranger, le coloré, le non chrétien en ressortant exactement les mêmes mots et la même infographie que les nazis. C'est en Grande Bretagne que la première ministre et une ministre de l'intérieur (Amber Rudd) ont repris des phrases entières de mein kampf dans leurs discours (sans citer leur source bien sur) et que personne n'a moufté.

On ne parle évidemment pas de nazisme, on n'en est pas là et on n'y arrivera pas. Mais ça ressemble furieusement aux débuts quand même. Juste après le référendum, quand les premières dérives verbales du gouvernement ont commencé dans l'indifférence voire l'approbation d'une partie de la population, L'Ado a eu cette remarque: " je ne savais pas qu'on vivait dans l'Allemagne de 1933 ". La comparaison a été faite maintes fois depuis par des observateurs qualifiés. Et par ces vétérans que les brexiters font semblant d'honorer aujourd'hui. " Lest we forget "....too late. You are forgetting.