La ducasse

Maintenant que je suis complètement intégrée, je ne prends plus l'air éveillé d'un poisson mort quand on me parle de la ducasse. Je sais ce que c'est, pas comme l'année dernière, où je ne maîtrisais pas encore les expressions locales. On parle évidement de la fête foraine, qu'il ne faut pas confondre avec la fête du village, bien que les deux donnent prétexte à monter une buvette devant la mairie. Et une baraque à frites aussi. Pour la ducasse, il y a des manèges, un concours de coqs et une course cycliste. Pour la fête du village, il y a un spectacle dansant, un tournois de belote et un concours de pétanque, ça n'a rien à voir. Enfin bref, en ce moment, c'est donc la ducasse.

La ducasse

Déjà en temps normal, les fêtes foraines me font fuir. C'est bruyant (entre les manèges qui crachent du Claude François à plein décibels et les hauts parleurs de la buvette qui brament des chansons locales), odorant (les effluves mêlées de friture rance de la baraque à frites et de sucre radioactif du stand des barbes à papa), clinquant (les spots discos clignotant aléatoirement au gré des court circuits de la buvette et les flashs aveuglants des manèges), et plein de monde. C'est même ça qui pose le plus de problème à une asociale comme moi: je suis mal à l'aise au milieu de la foule des fêtes foraines, je me sens anormale. Enfin, comme dirait Desproges, j'ai l'impression de ne pas venir de la même planète. Sérieusement, alors que je suis toute crispée par les bruits, les lumières et la foule, j'envie ceux qui s'amusent alors que tout ça ne me donne pas envie de rire mais de fuir. Mais bon, c'est pas dramatique non plus, il suffit que je n'aille pas dans les fêtes foraines et tout va bien. Sauf qu'avec la ducasse, c'est la fête foraine qui vient chez moi. Ça ne m'enchante que très moyennement.

L'année dernière encore, c'était nouveau, je découvrais la région et ses traditions, ça passait. Il y avait un petit côté explorateur à subir aller voir la ducasse. Plus cette fois. Heureusement, la ducasse se concentre sur la place de la mairie, pas devant chez nous, c'est déjà ça. On aura juste la course cycliste qui va nous passer devant et couper la route pendant toute une journée, c'est pratique pour les riverains. Mais les enfants ont bien repéré les manèges. Ils veulent y aller. J'ai rusé en " oubliant " d'aller chercher mes tickets gratuits à la mairie (un par enfant, il y a des élections municipales dans quelques mois...), ah ben ça alors, c'est ballot, suis-je sotte. Pas de soucis, un conseiller municipal zélé m'a rassuré, il peut toujours nous en donner. C'est trop gentil. Alors certes la ducasse locale est à la mesure du village, c'est à dire qu'il y a 6 manèges miteux modestes, mais ils compensent leur petite taille par le hurlement de leurs hauts parleurs. Chacun prenant sur lui de diffuser autre chose que son voisin, à 50 cm de là, c'est encore plus mélodieux. Il y a aussi un confiseur, la baraque à frites et donc la buvette. Le peu d'espace encore disponible est occupé par des chaises en plastique surmontées d'une foule diverse d'habitants, soit très jeunes soit centenaires. C'est radieux. En tout cas, ça ravit Wizzboy qui veut absolument y aller. Au secours!

J'en étais à maudire cette idée saugrenue qu'on a eu à déménager dans le Nord Pas de Calais, où on adore les fêtes foraines typiques quand j'ai été sauvée par... la météo typique aussi, du Nord Pas de Calais. Mais bien sûr que j'aurais été très contente de t'amener à la ducasse, Wizzboy, mais ça ne marche pas aujourd'hui, il pleut trop. Youpidoo.