Le tricot


Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais je suis d’un naturel un tantinet stressé. On pourrait presque dire que j’angoisse facilement…alors entre le brexit et ses conséquences pour notre famille, le déménagement et changement de vie, les travaux, l’actualité des 2 cotés de la Manche et même les pérégrinations de L’Ado, je m’éclate. Youpidoo. Je me suis dit qu’il fallait que je me détende un peu. Rapidement.

Le tricot

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Ce n’est pas gagné, rien que l’idée de devoir me détendre, ça me stresse. C’est une pression énorme! J’ai essayé les coloriages. J’aime bien. Mais ça ne me détend pas plus que ça. Vous allez me dire, ça ne me stresse pas non plus, c’est déjà ça. La méditation me provoque des crises d’angoisse. Le yoga, le sport et autres méthodes recommandées souvent, me mettent dans un état de nerfs pas possible. Les massages me rappellent les heures et les heures passées jusqu’à mes 18 ans, chez le kiné et mon corset de grande scolioseuse. Je suis allergique à l’encens et aux bougies, ça m’empêche littéralement de respirer. Je suis infichue de me promener dans la nature sans que ça tourne à une activité constructive et forcément stressante: j’ai besoin d’un but, donc je décide de ramasser des branchages ou des galets pour un bricolage quelconque, et est-ce que j’en ai pris assez? De la bonne taille? Est-ce que je vais y arriver? Est-ce que ce n’est pas une idée idiote? Et si je jetais tout et trouvais autre chose? Est-ce que je n’ai pas eu tort de tout jeter? Et si je revenais sur mes pas pour tout ramasser? Et si je ne les retrouve pas (on parle toujours de bouts de bois ou de cailloux, pas de pépites d’or)…..rhaaa! Bref, j’ai du mal à me relaxer. C’est bien simple, rien que d’écrire le mot relaxation, je commence à sentir le stress monté. Je m’épuise moi-même.

Mais je suis aussi profondément têtue persévérante. Je ne renonce pas. J’ai eu une illumination dernièrement en lisant je ne sais plus où, que le tricot, c’est le nouveau yoga. Ah ben voilà, moi qui aime bien les activités manuelles (pour lesquelles je me mets une pression pas possible), c’est parfait. Alors certes, la seule et unique fois où j’ai tenté de tricoter suite au harcèlement conseil de ma grand mère, j’avais 8 ans et je n’ai réussi à faire que des trous. Ça m’a stressé d’ailleurs. Mais on ne sait jamais, ça se tente. J’en ai parlé à Marichéri, qui a hurlé de rire. Il m’a traité de bobonne. J’ai répondu en l’appelant par le diminutif niais de son prénom. On a bien ri. Ça m’a un peu détendu, du coup je me suis lancée. J’ai acheté un kit de tricot XXL. J’ai mis trois jours à comprendre. J’ai failli m’éborgner plusieurs fois avec les aiguilles géantes. A force de me faire des noeuds avec la pelote géante, je me suis pratiquement ligotée toute seule. J’ai bouffé des tonnes de peluches de laine. J’ai piqué des crises et tout défait au moins trois fois. Je me suis énervée, j’ai pesté, j’ai désespéré…finalement, c’est vrai que le tricot, c’est le nouveau yoga. En tout cas, ça me stresse tout autant.

J’ai fini par comprendre et arrêter de me planter les énormes aiguilles en bois dans la cuisse, par mégarde. Je continue. Ça ne m’énerve plus, je maîtrise presque…du coup, ça devient machinal. Et donc, mon petit cerveau n’a plus besoin de se concentrer sur le tricot et peut pédaler à fond: le brexit, l’actualité, les travaux, les devoirs des enfants, mon prochain cours qui n’est pas prêt (oui, parce qu’en plus de stresser pour rien, je procrastine pour tout, une vraie tête à claque). Mais au moins, je vais pouvoir angoisser au chaud, j’ai commencé un plaid. Est-ce que je vais y arriver, est-ce que la couleur est la bonne? est-ce que ce n’est pas une idée stupide? Et si…rhaaa, encore raté!