Thursday Thunder: it is *not* coming home


Je l’ai déjà dit, je suis le foot depuis toujours (après le rugby certes, mais ce n’est pas le sujet aujourd’hui). Il y a encore 26 mois, je supportais, pas toujours dans le même ordre : la France, l’Irlande (quand ils parvenaient à se qualifier) et l’Angleterre. Ça me surprenait moi-même. Comme une bonne famille franco-irlandaise (et fan de rugby…ah ben finalement, on y revient), on pratiquait avec fougue le anyone but England connu aussi des écossais et des gallois (supporter n’importe qui jouant contre l’Angleterre). Et puis un jour, sans qu’on y prenne garde, on s’est mis à encourager l’Angleterre. D’abord timidement, presque en catimini tellement on était étonné, et puis finalement, on a plongé joyeusement : go England! Mais ça, c’était il y a 26 mois. Parce que hier soir, même les membres de la famille nés en Angleterre étaient, non pas pour les croates, mais contre les anglais…anyone but England. Again.

Thursday Thunder: it is *not* coming home

Source (STFU=shut the fuck up= ferme ta gueule)

Les supporters de foot sont les mêmes partout. Il y a malheureusement dans tous les pays, des cretins dégénérés qui utilisent le sport comme excuse nationaliste pour tout casser. Mais bizarrement, il y en a beaucoup en Angleterre (dans quel autre pays on éprouve le besoin de saccager un magasin IKEA pour « fêter » une victoire contre la Suède?) et cette fois, on les a bien remarqués. Ils n’ont pas été éclipsés par les 90% d’autres supporters anglais, pacifistes et vraiment amateurs de foot, eux. Partout, de sombres fachos profitent d’un événement sportif et festif pour tomber dans des récupérations nationalistes à vomir. Mais cette fois, on n’a pas pu se boucher les oreilles devant les vociférations de quelques excités, y compris Farage et ses potes du UKIP. Alors que ces connards se gargarisaient des résultats d’une équipe dont la majorité des joueurs est issue de l’immigration, mais ne demandons pas à un raciste d’être logique. Désolée pour mes amis anglais qui supportaient juste sincèrement leur équipe sans y voir aucune revanche nationaliste sur la terre entière, sans relent impérialiste, sans réthorique fasciste sur la supériorité supposée de l’anglais sur les autres nationalités, sans récupération brexiteuse puante, mais les « it is coming home » de cette minorité d’excités xenophobes m’ont un chouïa énervé. Non, le foot ne « rentre pas à la maison ». Le foot ne vous appartient pas. Déjà, le principe d’une coupe du monde, c’est bien de profiter avec toute la planète d’un monument sportif et festif. Ce n’est pas la troisième guerre mondiale. C’est un jeu. Pas un moyen d’étaler la supposée supériorité intrinsèque de l’Angleterre à la face du monde. Alors voilà, à cause d’une minorité xenophobe prête à instrumentaliser n’importe quoi pour étaler sa haine de l’autre, hier soir, j’espérais une victoire croate, alors qu’il y a encore 26 mois, j’aurais pris plaisir à encourager une équipe anglaise jeune et sympathique qui a donné tout ce qu’elle pouvait. Anyone but England. It is not coming to your home.

Et ça m’a contrarié. Je me suis rendue compte que je tombe au même niveau que tous ces connards qui ne sont pas fichus de voir le sport pour ce qu’il est et y déversent tous leurs fantasmes nationalistes. Je n’ai pas juste regardé un match de foot hier soir, j’ai espéré une défaite de l’Angleterre, bêtement, sans apprécier le spectacle. A cause des brexiteurs. En fait, ils ont mis une telle charge politico-fasciste dans une simple rencontre sportive que je ne peux plus y voir autre chose non plus, et c’est horripilant. Je me suis énervée moi-même. Et puis, j’ai vu passer les messages soulagés d’amis français restés en Angleterre. Ceux qui commençaient à craindre une finale France-England parce qu’ils avaient peur physiquement des hooligans. Ceux qui espéraient que les croates d’Angleterre n’allaient pas avoir de problème…on en est là en brexitland, quand on est étranger, on craint pour sa sécurité à cause d’un bête match de foot. Oh, d’ailleurs, il n’y a pas que les étrangers qui tremblent, il y a aussi les anglaisES…parce que les violences conjugales explosent pendant les matchs. Ce n’est pas spécifique à l’Angleterre, mais le problème y est particulièrement exacerbé. Alors sans être hilare, j’étais soulagée finalement, tant pis pour la grand majorité des supporters anglais sympathiques et juste amateurs de foot. But anyone but England.

À quoi ça tient quand même, de supporter une équipe. Il m’a fallu quelques années pour encourager l’Angleterre, sans que je fasse exprès d’ailleurs, et mon soutien tout neuf s’est envolé en un instant. Il n’y a pas à dire, c’est idiot tout ça…Mais bon, le principal, comme l’a dit un pote français en Angleterre (il se reconnaîtra) c’est bien que football is coming home, yes, but home to France!