The hug

On est tout excité de l'autre côté de la Manche: à partir de la semaine prochaine, on pourra à nouveau faire des hugs, qui étaient interdits à cause de la pandémie. Un hug, d'après Google translate, c'est une étreinte. Avant d'aller voir, j'aurais dit une embrassade, littéralement, puisque ça consiste à enserrer mollement quelqu'un dans ses bras, parfois à coup de tapotements dans le dos, ce qui n'arrange pas les choses. Je n'ai jamais compris cette manie de sauter comme ça au cou des gens de la part d'anglais qui se disent interloqués par la bise française.

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Soyons clairs, j'ai un gros problème avec la bise aussi, surtout que j'en ai perdu l'habitude depuis presque 25 ans et elle ne me manque pas du tout en ce moment. Ça m'a plongé dans des angoisses pas possibles à notre retour en France: à qui faire la bise? Combien de bises? Quand? Comment? Pourquoi? (Surtout pourquoi, parce que bon, ça rime à quoi ce air kissing obligatoire?) La moindre interaction sociale devenait une épreuve. Et bien en Angleterre, le pays du personal space (et j'en suis une trèèès grande fan!), on n'est jamais à l'abri de quelqu'un qui se jette sur vous bras en avant pour dire au revoir mais pas que, et que ça s'éternise au moins trois secondes, c'est dire si c'est horrible. Si. Ça m'a toujours pris par surprise, même de la part d'une amie qui semait des hugs de partout. Rhaaa, mais pourquoi? Non je n'ai aucune envie de te tapoter le dos aussi, laisse-moi tranquille! Marichéri et ses 6 m 08 avaient la chance d'y échapper la plupart du temps, mais pas toujours et il a failli envoyer valser dans le mur, par réflexe, une connaissance qui a soudain voulu l'encercler avec les bras au lieu de se contenter de dire goodbye comme une personne civilisée. Non mais.

Le pire, c'est donc entre amis, puisque les hugs se distribuent aussi facilement que les tasses de thé, sous n'importe quel prétexte, une bonne nouvelle, une mauvaise, un problème de santé, une nouvelle coiffure, allez hop, un hug. Ton poisson rouge a raté son cours de natation? Un hug de consolation. Tu as trouvé une plante qui ne crève pas dès que tu la regardes? Allez, un hug pour fêter ça. C'est l'anniversaire de ton déménagement? Un hug. Tu as perdu une barrette? Un hug. Wizzboy t'a réveillé à 4 heures? Un hug. Non mais ça va pas, dangereux sociables?!? On ne m'approche pas. Autant je couvre mes enfants de câlins, un peu trop même d'après certains (je ne vise personne, mais L'Ado est pénible à toujours râler, franchement on se demande de qui il peut bien tenir ça) autant je suis extrêmement mal à l'aise avec les hugs anglais. Pourquoi les anglais éprouvent le besoin de se jeter les uns sur les autres dans de grandes embrassades intempestives et follement envahissantes qu'ils distribuent comme des tas de petits continentaux extravertis à la moindre occasion? Rhaaa, c'est quoi cette agression amicale inattendue? Le pire, c'est que la plupart de mes connaissances ayant fini par comprendre que je n'aimais pas du tout le thé, elles se sentaient obligées de le remplacer par encore plus de hugs. C'est gentil merci, mais ça ira...j'étais aussi à l'aise que si un requin vampire à Velcro s'était agrippé à moi à chaque fois, raide comme un piquet asocial en attendant que ça passe.

Enfin bref, je voulais juste prévenir les continentaux qui risquent de croiser des anglais dans les prochains jours: pour des gens qui ont bâti toute leur réputation sur leur flegme et leur rigidité en public, ils sont en fait de dangereux huggers, méfiez-vous! Tout ça pour me défouler râler un peu alors qu'on n'est même pas jeudi, pfff...

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