Thursday thunder: settle status propaganda

Même trois ans après notre brexodus, je continue à suivre l'actualité britannique, souvent plus que la française d'ailleurs, qui me déprime profondément mais pas pour les mêmes raisons. Je fais toujours partie d'un groupe de défense des intérêts des européens en UK, je lis la presse anglaise et j'écoute la radio un peu aussi. Ce qui fait que je suis soumise, à moindre échelle que si j'étais encore concernée, aux merveilleuses communications du gouvernement de Johnson, qui s'adressent aux européens. Alors je veux bien qu'il s'agisse juste d'informer, et qu'il était temps de le faire, mais j'imagine l'état de nerfs dans lequel ces " pubs " m'auraient mise, il y a trois ans.

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Dans sa grande générosité, le gouvernement britannique a décidé de tolérer la présence des européens qui se sont installés en UK de façon parfaitement légale et depuis des années. C'est tellement gentil de la part de Boris, de les laisser rester chez eux, avec leur famille britannique et de ne pas les rejeter directement à la mer. Mais attention, il faut que ces dangereux migrants demandent la permission de rester, même si ils ont déjà obtenu ce droit il y a des décennies, avant que leur pays d'origine ne fasse partie de l'UE par exemple. Ils avaient un permis de résidence permanent? Haha, bienvenu en Brexitland, où permanent ne veut plus rien dire! Bref, des millions de personnes ont jusqu'à la fin juin pour pouvoir continuer à, je cite, " avoir le droit de vivre, de travailler, de se faire soigner en uk ". Si il y a des retards de traitement, des bugs, des délais aléatoires, et qu'ils n'ont pas la réponse à temps même si ils ont fait la demande depuis des semaines, ça ne peut être que leur faute, pas celle de l'administration voyons.

Et donc, des gens qui depuis presque 5 ans sont soumis à des campagnes de presse ignobles, sont traités de tous les noms, y compris par le gouvernement, sont accusés de tous les maux par les médias comme par les politiques, sont jetés en pâture à la vindicte populaire, vivent dans l'incertitude administrative, subissent insultes racistes, discriminations institutionnelles et le hostile environment (et ses dérivés successifs) créé par May pour justement bien faire comprendre aux étrangers qu'ils ne sont pas les bienvenus, ces gens ne peuvent plus allumer la radio sans entendre qu'ils risquent de perdre tous leurs droits. Et ceux de leurs enfants par la même occasion, puisqu'il y a un spot dédié uniquement aux enfants. De suite, ça fait chaud au cœur, on se sent intégré. Ou pas. Vous allez me dire, il faut bien informer les gens. Tout à fait, mais le choix du vocabulaire compte: entre " protégez vos droits en " et " vous allez perdre vos droits si ", le résultat administratif est peut être le même, mais l'impact psychologique est différent, surtout quand c'est martelé à longueur de coupure publicitaire, plusieurs fois par émission.

Et après, on se demande pourquoi un million et demi sont déjà partis, d'après le Financial Times qui est peu porté à l'exagération. Et pourquoi la santé mentale des européens en UK est alarmante (d'après the Guardian, le nombre d'européens UK soufrant de dépression a été multiplié par 15 depuis 2016), rajoutez y la gestion désastreuse de la pandémie, le royaume uni combinant le pire taux de mortalité et la plus grande récession, et les effets économiques du brexit, ça fait rêver...welcome to Brexitland!