Augmentation du nombre de suicides en Thaïlande

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, le nombre de suicides en Thaïlande est en hausse de 22%, un chiffre comparable à celui qui a suivi la crise financière de 1997. Les difficultés financières liées à la baisse d'activité en sont la principale cause. La pandémie a mis un coup d'arrêt à l'activité touristique qui représente presque 20% du PIB. Les exportations ont également chuté drastiquement, entraînant de nombreux licenciements.

Selon le directeur du Département de la santé mentale, Kiartiphum Wongrajit : " La dernière fois qu'une telle augmentation a été constatée en Thaïlande, c'est lors de la crise financière de 1997. Dans les trois années qui ont suivi la crise, on avait constaté une augmentation de 20 à 30 % du nombre des suicides. " On estime à 2551 le nombre de suicides entre janvier et juillet en Thaïlande. Les actes désespérés ont fait plus de morts que la pandémie.

Des causes multiples

Mais, la pandémie n'est pas la seule cause et pourrait être un accélérateur du passage à l'acte. Le confinement, difficile à vivre surtout dans les villes, exacerbe les problèmes préexistants.

Nattakorn Jampathon, directeur du Centre de prévention du suicide, confirme : " Le Covid-19 peut avoir un effet sur l'augmentation du nombre de suicides, mais je ne pense pas qu'il puisse être utilisé pour tout expliquer. Je pense que les problèmes de couple et les problèmes de santé récurrents sont toujours des facteurs importants."

Les plus pauvres sont les premiers touchés par les problèmes d'argent et la dépendance aux aides gouvernementales qui tardent à venir ou leur sont carrément refusées. Ainsi, le 27 avril, une femme (Anyakan Boopraset) a avalé de la mort-aux-rats devant le ministère des Finances car elle n'avait pas reçu la somme de 5 000 Bahts (environ 142€) promise aux plus démunis. Elle a survécu et le lendemain de son geste désespéré, la somme était versée sur son compte. On aurait peut-être pu éviter le geste de cette femme.

La classe moyenne ne sortira pas indemne non plus de la crise actuelle. Ainsi, une jeune femme de 33 ans s'est suicidée en juillet à Bangkok, après avoir été licenciée.

De son côté, Trakarn Chensy, directeur de l'ONG Samaritains de Thaïlande note une nette augmentation des appels de détresse. Créée en 1978, l'association de bénévoles reçoit les appels téléphoniques des personnes dépressives ou suicidaires. Aujourd'hui, il est possible de se confier en ligne pour celles et ceux qui ont du mal à en parler. En Thaïlande, comme dans de nombreux pays asiatiques, il est compliqué de s'épancher sur ses émotions et ses problèmes intimes.

Police et réseaux sociaux main dans la main

Les réseaux sociaux ont mis en place des programmes spéciaux visant à filtrer les clips vidéos montrant des automutilations ou des suicides, principalement sur Facebook. En dépit de cette mesure, les autorités notent des signes croissants de risque de passage à l'acte sur les plateformes. On peut ainsi lire des messages d'adieu et d'autres qui annoncent des blessures volontaires. Le docteur Kiartiphum proclame qu'il est urgent d'agir pour sauver ces personnes en détresse que les services sanitaires ont souvent du mal à contacter.

Son département de la santé mentale a donc demandé l'aide de la police et d'influenceurs sur les réseaux sociaux qui, ensemble, ont instauré une approche proactive de soutien. C'est ainsi qu'aujourd'hui, une ligne d'assistance téléphonique (le 1323) fournit des consultations à celles et ceux qui en ont besoin.

Le porte-parole de la police, Jirapob Phuridet, indique de son côté que des officiers ont été recrutés pour contribuer à prévenir les suicides. Ses services ont également demandé l'aide d'influenceurs comme Mam Po Dum, More Lab Panda et Drama Addict.

Nul ne peut dire combien de temps nous devrons vivre avec la menace du covid. Je pense que les effets de la pandémie se feront sentir encore longtemps. J'ai vécu l'épidémie de SRAS de 2003 en Thaïlande mais cela n'avait rien à voir avec ce qui se passe aujourd'hui.

Prenez soin de vous car prendre soin de soi, c'est aussi prendre soin des autres.

Sources : www.khaosod.co.th/home; http://www.lemonde.fr; http://www.siamactu.fr