Reloaded Thursday Thunder: la mode et la presse féminine

Je ne lis jamais la presse dite féminine. J'ai essayé quelques fois, pour faire plaisir à des connaissances qui prétendaient que caustique comme je suis (déjà, je l'ai mal pris...depuis quand je suis caustique? C'est contagieux? ), j'allais a-do-rer l'article désopilant sur les belles-mères ou celui hilarant sur la bonne copine nymphomane. Ah. Non seulement j'ai l'impression que c'est toujours la même daube faussement irrévérencieuse depuis 25 ans, qui déjà ne me faisait pas rire, mais surtout je déteste être prise pour une demeurée profonde. Et surtout, je déteste qu'on me dise comment m'habiller, ce qui a l'air d'être le fond de commerce principal de cette presse qui vit plus des recettes publicitaires que des abonnements.

Généralement je préfère regarder le même épisode de Fireman Sam en boucle pendant des heures accompagné au ukulélé par L'Ado que de m'aventurer à jeter un œil sur le genre d'article qui tient absolument à me faire savoir comment je dois m'habiller, en fonction de mon âge et de mes formes. Enfin, j'extrapole, parce que à en juger par les photos, ça parle surtout de gamines qui ont 12 ans et demi, pas plus, et ont toutes les formes épanouies d'un fil à souder après étirement. Et bien, j'ai encore tout faux, d'après les grands gourous modesques, il y en a qui sont en forme de pommes et de poires! Si. Il va falloir que je retourne chez l'ophtalmo. Pour moi, elles ont toute la même forme (et la même tête aussi d'ailleurs) qu'un phasme. Ça m'étonnerait que cette bestiole, charmante au demeurant, passe des heures devant sa penderie tous les matins en se demandant ce qu'il doit mettre pour cacher ses genoux cagneux ou sa poitrine asymétrique.

Reloaded Thursday Thunder: la mode et la presse féminine


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Il semblerait donc que je m'habille en dépit du bon sens depuis des années, à vouloir mettre des vêtements pour la bête raison qu'ils me plaisent et que je me sens bien dedans. Cela dit, je ne rentre dans aucune des rubriques. J'ai bien cherché, j'ai trouvé les conseils pour les pommes, pour les poires, pour les sacoches de bicyclette... Si par hasard quelqu'un se reconnaît dans la description, un seul truc : les toges (C'est marqué dans l'article, je n'invente rien). Et peut-être aussi une consultation chez un bon psy...mais rien pour moi, c'est à dire plutôt pomme de terre bouillie (pour rester dans les fruits et légumes). Il y a des idées pour celles avec un ventre bedonnant (illustré magnifiquement avec une fille qui a tellement de ventre qu'elle en est concave), des grosses chevilles, des avant bras avachis...c'est curieux. Personne n'a dit aux " journalistes " mode qu'une femme n'est pas constituée en kit? Généralement tous les bouts ont tendance à aller ensemble. Parce que là, il y a un petit côté Frankestein...

On continue, les femmes avec un milieu large (attention, ça n'a rien à voir avec d'un ventre bedonnant, mais je ne sais pas pourquoi), celles ayant un débordement médian dû à l'âge mûr (on ne rigole pas) ou encore un centre élargi... C'est fou, j'ai bien regardé autour de mon nombril, il ne se passe rien: mon ventre est amorphe, il ne fait pas tout un tas de figures géométriques comme celui des journalistes mode, c'est inquiétant. Avec tout ça, je n'ai rien trouvé pour la forme de serpillère avachie, quand je dis que je ne rentre pas du tout dans les cases. Je ne m'identifie ni à une pomme ni à une poire ni à un sablier...je ne fais pas une fixation sur mes coudes ou mes mollets. Je n'ai pas plus honte de mon bras droit que du gauche (d'ailleurs si vous avez un problème de bras ronds, évitez les imprimés léopard roses fluos.Je ne suis pas éditrice mode, mais à mon humble avis, le conseil vaut pour toutes les formes de bras).

Ce qui me contrarie surtout, c'est que je n'ai pas l'impression que dans les autres journaux (News, opinion, éducation...), on éprouve le besoin d'insulter les lecteurs en les traitant de fruits difformes et trop vieux. On a même plutôt tendance à s'adresser principalement à leur cerveau plutôt qu'à leurs complexes. On doit sûrement pouvoir parler mode (si on y tient vraiment), sans prendre ses lecteurs pour des imbéciles. Pourquoi dans la rubrique dite féminine, on ne parle jamais aux neurones des lectrice et on ne s'intéresse qu'à la taille de leur fessier?

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