Thursday Thunder: brexit next farce

Il y a un moment qu'on n'avait pas parlé du brexit, pourtant, ça ne s'arrange pas. Les négociations, qui n'ont plus que quelques semaines pour aboutir, sont au point mort depuis des mois. Ce n'est pas qu'on n'avance pas, on recule. Londres chipote, chouïne, pleurniche, perd du temps pendant que Bruxelles attend patiemment que les anglais finissent de faire leur caprice. La routine quoi...et puis soudain, ça s'est agité. Beaucoup. Mais pas dans le bon sens.

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Le gouvernement britannique a juste décidé de revenir unilatéralement sur le withdrawal agreement, l'accord signé l'année dernière qui sert de cadre aux négociations actuelles. Voilà, Johnson and Co ont decidé d'un coup d'enfreindre, de piétiner même, un traité international. Comme l'a dit un de ses sous-fifres, ministre en charge de l'Irlande du Nord, aux députés ébahis, la Grande-Bretagne ne veut tout simplement plus respecter le droit international, comme n'importe quelle dictature au ban des nations, mais tout va bien, c'est juste " de manière très spécifique et limitée ". Ouf, nous voilà rassurés. Vous cambriolez une banque? Aucun problème, tant que c'est fait de manière spécifique et limitée. Vous ne respectez pas les mesures de distanciations sociales mises en place par le gouvernement britannique qui sans aucun sens de l'ironie, encourage d'ailleurs la délation contre vous? C'est pas grave, il vous suffira de dire pour votre défense, que c'était spécifique et limité. C'est imparable. Pourtant, bizarrement, Bruxelles n'a pas été convaincu. Le congrès américain non plus. C'est ballot.

Les européens expliquent donc, toujours avec un calme olympien qui force le respect, après 4 ans de négociations avec des fous furieux qui changent d'avis toutes les semaines, qu'il n'y aura pas d'accord dans ces conditions, surtout que ça ne sert à rien si Londres s'arroge le droit de ne pas le respecter. On va donc directement vers un no deal, avec toutes les conséquences désastreuses pour la Grande Bretagne que ça comporte (on parle de pénurie de nourriture, rien que ça...) mais aussi des représailles juridiques et pécuniaires. Quant au congrès américain, vous allez me dire, qu'est-ce qu'il vient faire là? Et bien, en s'asseyant sur le droit international, Londres remet en cause les accords de paix d'Irlande du Nord, parrainés par les US, qui s'appuient justement sur la législation européenne. Et le congrès n'est pas du tout d'accord. Nancy Pelosi a aussi signifié à Londres que dans ce cas, il n'y aura jamais d'accord de libre échange entre les US et la Grande Bretagne alors que Londres y compte pour compenser en toute petite partie ses échanges commerciaux avec l'Europe. Oops! Et puis qui a envie négocier avec un gouvernement ouvertement menteur, fraudeur, renégat et qui en est fier en plus? Curieusement, ça n'inspire par confiance...

Le pire, c'est que Johnson a fait campagne il y a dix mois en vantant les mérites du Withrawal agreement dont il s'est alors attribué la paternité, ce qui déjà est surprenant de la part de quelqu'un qui ne sait pas exactement combien il a d'enfants. Avec un mépris pétaradant pour la réalité, il prétend aujourd'hui déchirer ce qu'il présentait comme le graal des traités que-c'est-lui-qui-l'avait-négocié-tout-seul, au motif de je cite: défendre l'intégrité du Royaume-Uni et l'Irlande du Nord qui serait menacée par Bruxelles. À ce niveau de fumisteries, c'est de l'art. Finalement, Trump n'est qu'un amateur comparé à Johnson et son sens inné du mensonge. Johnson n'a pas hésité à accuser Bruxelles de fomenter en secret un blocus des îles britanniques. Je ne vois pas pourquoi il n'a pas dit un siège avec béliers, trébuchets et tourelles à Calais (sur la plage, forcément...), tant qu'à faire autant y aller à fond. Sa loi du marché interne qui donc contredit le withdrawal agreement est passée en première lecture. Par contre, quelques députés conservateurs se sont soudainement découvert une conscience et commencent à rechiner à transformer la " plus vieille démocratie du monde " (selon eux) en état renegat et Johnson lâche un peu de lest. Mais pas assez pour se remettre en conformité avec le droit international. Qu'est-ce qu'on rit.

Londres a jusqu'au 31 décembre pour éviter un no deal. Je ne veux pas me mouiller, mais c'est pas gagné...welcome to brexitland.

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