Apprendre moyennement l’histoire anglaise en s’amusant, épisode 24

J'ai décidé, dans l'espoir de détendre l'atmosphère à ma petite échelle en cette période bizarre, de massacrer l'histoire de l'Angleterre, sans aucune compétence ni prétention autre que celle de faire rire un peu. Résumé de l'épisode précédent: après Cromwell, les anglais décident de s'amuser, la fête bat son plein à Londres qui se tape une poussée de bubons avant de cramer en 1666. Qu'est ce qu'on rit. Et pour en rajouter dans l'amusement, voilà qu'à la surprise générale, la couronne tombe par hasard sur la tête d'un catholique et que ça ne fait pas rire les parlementaires, du haut de leur grande ouverture d'esprit.

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James succède donc à son frère Charles avec le numéro 2 aussi, en 1685. James II ou VII n'est pas numéroté de la même façon en Angleterre et en Écosse, alors que pourtant c'est le même fuseau horaire. Il n'a pas que cette particularité qui le rend intéressant: c'est aussi le dernier monarque catholique du royaume-uni, il était coiffé comme un caniche électrocuté et il est mort en France. Bref, avec James numéro deux, sept, neuf ou pi (c'est vous qui voyez), on ne s'ennuie pas. Il est né en 1633 et c'est le fils de Charles I et de Henriette de France, ça le poursuivra toute sa vie, le parlement anglais lui reprochant aussi sa francophilie pétaradante. Enfin bon, avant de devenir roi, il est duc de York, comme le jambon et passe son enfance à s'éclater littéralement pendant la guerre civile, youpidoo, qu'est-ce qu'on s'amuse. Non seulement le petit James est catholique, ce qui fait mauvais genre en Angleterre, mais il décide d'un coup d'un seul d'imposer la liberté de culte, c'est outrageusement moderne et tolérant pour l'époque. Ça ne plaît pas.
Et paf, on va se taper une nouvelle révolution, ça devient lassant quand même. En plus, on sent bien que les anglais eux-même en ont marre, ils l'ont appelé la glorious révolution, histoire de se motiver un peu, mais ça ne trompe personne.

En 1688, les anglais poussent donc dehors le petit James II, pourtant roi légitime, dans un élan anti catholique primaire. Ils donnent le trône à un duo, la cousine de James, Mary et son mari William d'Orange sous condition qu'ils acceptent la Bill of Rights flambant neuve ( c'est une image) et votée en 1689, c'est à dire l'établissement officiel d'une monarchie constitutionnelle. William est évidement le mari de Mary, pas celui de James. Qui était aussi son cousin. Je veux dire que William est aussi le cousin de Mary, comme James, mais pas son cousin à lui...c'est très clair. Non mais c'est quoi cette famille? On se croirait dans une telenovelas mexicaine! Enfin bon, Mary et William sont farouchement protestants et pas comiques du tout, limite puritains et tout ça (en même temps la consanguinité n'a jamais engendré de grands humoristes) et ils ont beau être de sales migrants européens, pour ne pas dire presque des hollandais, à la différence de James qui est issu d'un élevage du coin d'une lignée plus locale (quoique, c'est tous des cousins, ces petits pervers congénitaux), ça enchante les anglais.

Les irlandais qu'on a rattaché à Londres sans leur demander leur avis, parce qu'on ne va pas se gêner non plus, préfèrent James, en partant du principe qu'un colonisateur qui a la même religion qu'eux ne va pas essayer de les convertir de force. Ça fait toujours un prétexte de moins pour se faire taper dessus. Ça se tient comme raisonnement...James se fait battre en Angleterre, du coup il fuit en Irlande où il est accueilli à bras ouverts. Ça défrise William et Mary et paf, tout ce petit monde vient se disputer le trône anglais dans un champ paumé en Irlande. James recrute des catholiques irlandais, William des protestants de l'Ulster (il y a 4 provinces dans toute l'île, ça ne date pas de la partition), et voilà comment ces sombres cretins ont fait en sorte que leur querelle familiale continue à ensanglanter l'Irlande jusqu'au Good Friday Agreement en 1998. C'est vrai ça, pourquoi ne pas exporter ses boucheries jusque dans les colonies, chez les ploucs qui doivent s'ennuyer tous seuls sans le moindre massacre, la plus petite tuerie pour s'amuser un peu? ...On en rit encore à Drogheda alors que cette charmante sauterie date de 1690. Bon après, vous savez ce que c'est dans ce genre de fêtes populaires, il peut toujours y avoir des dégâts collatéraux...Le site n'est qu'un champ en pente et boueux, mais il est classé et attire toujours plein de touristes, y compris des illuminés qui prennent sur eux de se tirer dessus à l'arquebuse pour recréer une charmante ambiance d'époque. Et donc, pour célébrer cette boucherie infâme des cretins modernes unionistes défilent habillés en orange tous les ans et viennent faire leurs malins à la frontière entre l'Irlande du nord et la République en réclamant le droit d'aller mettre leur bazar jusqu'à Drogheda. C'est scandaleux, on ne peut plus s'étriper comme au bon vieux temps ! Heureusement que Johnson, dans sa grande sagesse brexiteuse a réussi à raviver les inimités et a compliqué suffisamment la situation pour que ça s'embrase à nouveau bien vite tout ça. Bref, ça risque encore d'être la pagaille en Irlande, toujours à cause des anglais et de querelles politiciennes purement anglaises...

Bon à part ça, après deux ou trois batailles sauvages en Écosse aussi, (il n'y a pas de raison que les écossais ne profitent pas eux aussi, des querelles anglaises), ça se tasse, William d'Orange est déclaré vainqueur aux points en 1692, James s'enfuit en France et meurt à Saint Germain en Laye en 1701. Je ne veux pas dire, mais pour un type même pas fichu de savoir son numéro, il faisait preuve d'une certaine ouverture d'esprit qui n'est pas toujours évidente encore aujourdhui. Voilà, c'est la fin de la révolution pas si glorieuse que ça. Ça tombe bien, les anglais n'ont pas que ça à faire, après s'être battu entre eux, avoir massacré les irlandais et les écossais, ils vont pouvoir donner toute la mesure de leur volonté pacificatrice en passant le siècle suivant à faire la guerre contre la France aux 4 coins du monde. Non parce que c'est bien gentil de s'étriper entre voisins mais si on peut en profiter aussi pour coloniser toute la terre, on ne va pas se gêner non plus.