Wizzboy fait les courses

En Angleterre, on habitait un village, proche de Colchester, ville moyenne dont il dépendait. Ce n'est pas exactement comme les communautés de communes, mais ça y ressemble un peu. Notre village anglais n'avait plus de commerce, à part des pompes funèbres et un magasin de nourriture pour animaux (je n'y ai jamais mis les pieds, d'après les pubs, ça allait du fourrage à des graines diverses). Il y avait une petite école primaire, qui dépendait de Church of England, et l'église fait effectivement le centre névralgique de l'activité villageoise, accueillant tout et n'importe quoi (de la preschool de Wizzboy à un club de Line dancing). Sinon, franchement, il ne se passait rien et on devait aller en ville pour tout. Ça n'aidait pas aux relations sociales. Aujourd'hui, on habite dans un village qui dépend d'une communauté de communes. Sur le papier, c'est exactement la même configuration. Dans les faits, notre vie villageoise française n'a aucun rapport avec notre vie villageoise anglaise.

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Déjà, les enfants vont tous à l'école en ville, pas de school run local, alors que c'est là que je croisais des gens en Angleterre. Pourtant, on connaît tout le monde! Ici, le centre névralgique du village, c'est la boulangerie. Ou la boucherie. On a des commerces, ça nous ravit (pas tous tournés vers la bouffe, on a aussi un fleuriste quand même). Pour des ex-expats, c'est follement exotique et français, on adore. On sent toute la frustration de la française à l'étranger qui a été sevrée de franchouillardises, non? En tout cas, ça change toute la dynamique des relations villageoises. Et c'est là que je vois à quel point notre petit anglais qui refusait de speak la France en arrivant, s'est très bien intégré à la vie française.

Le mercredi matin, Wizzboy fait les courses. C'est à la fois une opération de ravitaillement et une sortie mondaine. Wizzboy est connu, il salue aimablement son public à la boulangerie, chez le buraliste, chez le boucher. Les commerçants connaissent son nom, lui gardent un croissant en réserve, un saucisson ou des cartes paninis de foot quand ils menacent d'être en rupture de stock (on ne dira jamais à quel point le trafic de cartes de foot agite les cours de récréation). Il a des fans et des petits cadeaux. On lui demande des nouvelles de ses matchs de foot ou de son amoureuse. Il est très content d'informer la galerie de ses dernières aventures. Ce qui était inimaginable il y a deux ans est devenu sa routine.

Dans tout ça, je me contente de l'accompagner...bon, j'imagine bien que ça aide de dépenser des sommes démentielles pour tenter de nourrir GeekAdo (quand il est allé passé 3 jours à Londres avec L'Ado, ça a fait un trou dans le chiffre d'affaire hebdomadaire des commerçants du village). Mais quand même. Wizzboy est devenu un vrai petit français, qui va discuter et choisir scientifiquement son pâté chez son boucher référent. Je ne m'en remets pas.

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