Thursday thunder: brexit attacks

Je suis toujours l'actualité en Grande-Bretagne, et ces dernières semaines, les faits divers se suivent et se ressemblent. Un lycéen allemand en échange scolaire dans le coma après une attaque raciste, le ministère de l'intérieur qui refuse d'abord un visa à sa famille (originaire de Syrie) pour venir le voir. Un couple de femmes agressé dans le métro, un universitaire européen roué sauvagement de coups et laissé pour mort par ses agresseurs. Des croix gammées, des insultes racistes, homophobes et/ou antisemites tagguées sur les maisons, les véhicules, les lieux de travail...les hate crimes ont augmenté de...123% comparé à 2012 (date des JO de Londres, qui se voulaient une célébration de la diversité) en Brexitland (pour ceux qui penseraient que j'exagère, c'est ici) Et encore, on ne parle que de ceux enregistrés par la police. Beaucoup de victimes n'osent pas porter plainte. Et beaucoup voient aussi leur plainte rejetée ou mal prise en compte, comme pour gommer le caractère raciste de l'attaque.

Thursday thunder: brexit attacks

Mais bien sûr, personne ne veut admettre qu'il y a peut être un lien avec le brexit. Ça dérange beaucoup certains médias, farouchement pro brexit qui sont les premiers à titrer à longueur d'année des insultes islamophobes, à appeler à la haine et même au meurtre. Ça dérange beaucoup la classe politique qui est la première empêtrée dans des scandales islamophobes pour les tories, antisémites pour le labour. On se partage la haine, entre députés, chacun ses spécialités. Ça dérange beaucoup le quidam de base qui ne veut pas voir, pas entendre, pas comprendre. Ils n'exagèrent pas un peu, tous ces étrangers, à se sentir visés comme ça? Mais les policiers et les sociologues britanniques sont formels. L'augmentation de ces attaques est bien liée au brexit. Ça devient dangereux, en Brexitland de parler avec un accent étranger, de ne pas être anglais, blanc, chretien, hétéro. Au mieux, on risque des torrents d'insultes (j'en ai eu, plusieurs de mes amis européens en UK aussi), au pire des coups.

Ce qui me sidère, c'est la passivité, voire le déni de tout un pan de la société britannique. Tous ne sont pas brexiters quand même! Ils ne sont pas racistes, antisemites, xenophobes, homophobes...Ils se considèrent même comme ouverts et tolérants et pourtant, non seulement ils ne bronchent pas mais ils balaient nos inquiétudes avec indifférence. Comme ça, on a peur de se faire agresser parce qu'on a un accent étranger? Non mais, on n'exagère! Et puis c'est facile, on n'a qu'à arrêter de parler en public ou prendre des cours de diction. On pourrait faire un effort quand même (c'est du vécu). Comme tous ces cons qui vont accuser les victimes de viol de l'avoir bien chercher à cause de la longueur de leur ourlet, ils reprochent aux minorités ethniques, cultuelles ou sexuelles de trop se faire remarquer. Eux, ça ne les dérange pas, bien sûr, ils sont les gentils, mais c'est clair qu'on fait tout ça juste pour provoquer les agresseurs. On devrait avoir honte, tiens. Comment une société qui en 2012 chantait son multiculturalisme et son ouverture peut-elle sombrer aussi bas, aussi vite?

Dans un exercice profondément anti démocratique, une poignée d'adhérents tories s'apprêtent à couronner premier ministre un opportuniste qui souffle sciemment sur la haine. Mais c'est sûrement la faute des musulmanes voilées quand il les traite de criminelles et de boites aux lettres (littéralement, Boris Johnson ne donne pas dans la métaphore, c'est trop subtil). Il affiche ouvertement un discours anti européens qui sert d'alibi à lui seul, aux attaques xénophobes perpétrées par les brexiters. Mais non, les européens en UK exagèrent, il ne se passe rien en Brexitland, circulez. De préférence, circulez assez loin, repartez de l'autre côté de la Manche.