Thursday thunder: brexit fatigue and deja vu

Il y a longtemps que je ne vous ai pas parlé du Brexit. Non parce que la situation se serait arrangée, c'est même le contraire, ni parce que ça ne m'intéresse plus. Mais je fatigue. C'est devenu tellement n'importe quoi que je ne sais plus quoi dire. Parallèlement, j'ai l'impression glaçante d'être plongée dans un remake français de la campagne du Brexit, avec les mêmes mensonges, les mêmes manipulations grossières, les mêmes aveuglements et la même haine, et ça me terrifie.

Thursday thunder: brexit fatigue and deja vu

En brexitland, on continue à creuser. La foire d'empoigne pour renverser une Zaza barricadée dans Downing's street et promettant tout et son contraire à qui veut bien encore l'écouter (c'est à dire personne) , fait passer GOT pour une bluette champêtre bon enfant. Pendant ce temps, les entreprises continuent à faire faillite comme British steel ou à déménager, comme Sony, en expliquant haut et fort que c'est à cause du Brexit. Pourtant l'électeur lambda, tellement endoctriné et borné, ne veut rien entendre et se prépare à creuser sa propre tombe en votant pour un sombre Brexit party, issu de nulle part, sans programme, sans membre et aux financements plus que douteux. Alors que les européens en UK se voient refuser leur droit de voter aux élections européennes et sont rembarrés des bureaux de vote depuis ce matin en toute illégalité mais on n'est plus à ça près en brexiltand. La démocratie en action. Ou pas. Le bateau coule et il n'y a plu personne à la barre.

Et c'est donc ce cloaque qui sert de modèle à nos populistes et autres frexiters. Tous ceux qui comme nous ont fui brexitland sont effarés. On a l'impression de revivre la campagne de 2016. D'ailleurs elle est financée et orchestrée par le même personnage, Steve Bannon, qui après avoir détruit le Royaume-Uni s'attaque à toute l'Europe avec l'ambition affichée et même revendiquée haut et fort de la réduire en miette, ce qui ne trouble absolument pas ses adeptes. Ces braves gens prétendent donc être des patriotes défendant leur pays en votant pour une idéologie qui ne cache même plus qu'elle veut l'asservir à certains intérêts américains et russes. Ça n'a pas dérangé non plus les brexiters. On a droit aux mêmes arguments abscons, aux mêmes raccourcis débiles, aux mêmes élucubrations. Plus c'est gros, plus ça passe. On retrouve la même haine des experts, des intellectuels, le même nivellement par le bas, le même mépris pour l'échange, la même soif de destruction pour le plaisir de détruire. Et bien sûr, la même xénophobie, le même racisme. Ça peut vous paraître exagéré, mais pour des gens comme nous, qui avons subi le brexit et vu ses conséquences de près, c'est terrifiant de revivre exactement la même chose. Ça fait mal. Ça fait peur.

Alors, je n'en parle plus beaucoup. Je ne lache rien mais j'ai aussi appris que pour ma santé mentale, il ne faut pas que je rabâche tout ça trop longtemps. Mais c'est toujours là, dans un coin de ma tête, ça me noue toujours le ventre. Je suis fatiguée.