Thaïlande : la ferme-auberge écologique qui réinvente le tourisme

La Thaïlande est une destination très prisée par des millions de visiteurs chaque année. La beauté de ses paysages, l'accueil de ses habitants, la cuisine savoureuse et le coût de la vie sont autant de raisons de choisir cette destination. Mais la médaille a son revers et, face au tourisme de masse, une autre façon de voyager se développe. Et c'est tant mieux. J'ai découvert Manuel Hubert grâce à Facebook, comme quoi les réseaux sociaux ont aussi du bon. Il suffit de trier. Le projet qu'il mène depuis plusieurs années avec son épouse Suwan Misee mérite d'être connu, développé et imité.

Suwan Organic Farmstay, une immersion dans la Thaïlande authentique

Manuel Hubert, 38 ans, né en Belgique dans la province de Liège, ne pensait pas s'installer un jour en Thaïlande. C'est pourtant chose faite après plusieurs expériences professionnelles.

Manuel a d'abord travaillé dans le domaine de l'électricité en tant que salarié en Belgique puis à Saint-Martin dans les Caraïbes. Il devient ensuite moniteur de plongée à Bali et Phuket où il rencontre Suwan Misee.

Mais un problème au poumon l'empêche de poursuivre son activité. Il part alors en Australie où il exerce le métier de soudeur qui ne le satisfait pas. Quant à Suwan Misee, elle travaille dans une exploitation bio. Aussitôt, le désir de retourner vivre en Thaïlande naît en même temps que leur nouveau projet de vie.

Une ferme-auberge orientée vers l'économie locale

Le couple s'installe dans le Nord-Est, entre les villes de Udon Thani et Nong Khai, dans une région préservée du tourisme de masse. Ils investissent toutes leurs économies dans la construction de leur ferme, la Suwan Organique Farmstay

Heureux de ses choix, Manuel confie : " Nous voulions sortir du système et éviter toute forme d'emprunt. " Il espère que ce projet lui permettra de gagner en liberté et en autonomie tout en donnant du sens à sa vie.

Née il y a cinq ans, la ferme s'étend sur plusieurs hectares de terrain et privilégie une agriculture bio diversifiée. Ainsi, poussent du riz, des fruits, des légumes, des herbes sans oublier l'élevage de quelques petits animaux et poissons.

Faire la part belle à un nouveau tourisme

Dès le départ, le projet s'articule autour de trois bungalows qui peuvent accueillir une dizaine d'hôtes dans le but de leur faire découvrir les richesses locales dans une démarche de " slow-tourism " (tourisme lent). Mais Manuel et Suwan vont plus loin et décident d'accueillir des " woofeurs ", nourris et logés en échange de quelques heures de travail par jour.

Ils défendent un " projet de proximité hors des sentiers battus et loin des sites touristiques, offrant aux amoureux de la Thaïlande un hébergement à la rencontre des locaux et de leur culture. " Bien que son projet se distingue déjà de ce qui existe en Thaïlande, Manuel veut aller plus loin : aidé par sa belle-famille il a embauché un premier salarié qui sera suivi de deux autres personnes dans les mois à venir. Son rêve est de pouvoir approvisionner prochainement la cantine de l'école locale " pour, dit-il, offrir une nourriture saine aux enfants. "

La Thaïlande face aux problèmes du tourisme de masse

Tristement célèbre pour son tourisme sexuel, hélas toujours pratiqué, la Thaïlande souffre aujourd'hui du tourisme de masse rendu possible grâce aux vols low-cost.

Le pays étouffe sous le flot de touristes attirés par la promesse de plages luxuriantes, de sa culture encore mal connue et d'une cuisine exotique aux saveurs uniques. Sans oublier les prix défiant toute concurrence de l'hébergement et du coût de la vie.

Mais si le tourisme est une manne pour l'économie thaïlandaise, la médaille a son revers. Certaines régions envahies par des hordes de touristes occidentaux et chinois sont confrontées à des problèmes environnementaux qui rejaillissent sur la population locale. Les magnifiques plages du Sud ne sont plus réputées pour leur beauté mais pour la foule qui s'y presse (on dirait le métro parisien aux heures de pointe) et les déchets qui les jonchent. Des lieux comme la baie Maya par exemple sont devenus des désastres écologiques.

Un tourisme respectueux de la nature et des habitants

Les touristes qui séjournent à la Suwan Organic Farmstay peuvent partir à la découverte de la région et de ses joyaux. Ainsi, Manuel Hubert cite les temples, les montagnes depuis lesquelles on a une vue unique sur les paysages alentour et, bien sûr, les lacs.

Mais surtout, grâce à Manuel et Suwan, les hôtes peuvent apprendre les métiers de la ferme dans les rizières. Ils découvrent un tourisme d'un nouveau genre, ils apprennent à savourer le temps qui passe, ils apprennent aussi à ne pas céder au consumérisme.

Ces touristes d'un nouveau genre apprennent également à s'intéresser au mode de vie des habitants sans laisser de trace derrière eux. Face au tourisme de masse, Manuel Hubert et Suwan Misee croient fermement à la possibilité d'offrir une autre façon de voyager, plus responsable et plus proche des habitants et de leur culture.

Pour répondre à la demande de certains voyageurs, le couple accepte d'accueillir un ou deux woofers.

Le woofing, qu'est-ce que c'est ?

Vous connaissez certainement ce mot sans toujours savoir à quoi il correspond. Vous le verrez aussi écrit " Wwoofing ". C'est l'acronyme de " World wide opportunities on organic farms " qu'on pourrait traduire par " possibilités dans les fermes biologiques du monde entier ". Le concept est né en Angleterre en 1971. Le but de l'association vise à aider des éleveurs ou des agriculteurs bio dans leurs tâches quotidiennes, en échange du gîte et du couvert.

Le woofing en Thaïlande

Les règles de la législation du travail sont très strictes en Thaïlande. Même une activité bénévole est soumise à l'obligation d'un permis de travail. Certains vous diront le contraire mais ne les écoutez pas. Vous et la ferme qui vous héberge risquez chacun une amende de 100 000 THB, voire une peine de prison. Une expérience que je vous déconseille fortement.

Afin d'être en règle avec la législation, vous n'êtes pas hébergé gratuitement à la ferme de Manuel et Suwan. " L'hébergement, les repas, la supervision et la formation vous coûteront au maximum 400 bahts* par jour. Je dis maximum car les prix sont dégressifs à partir de la deuxième personne et en fonction de la durée de votre séjour. " prévient Manuel Hubert.

Thaïlande : la ferme-auberge écologique qui réinvente le tourisme

Thaïlande : la ferme-auberge écologique qui réinvente le tourisme

De quoi donner envie de s'offrir un retour à la terre !

Pour tout savoir sur le woofing à la Suwan organic Farmatay : https://suwan-organic-farmstay.com/en/the-400/

Et sur la ferme en général :

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*11,15€ au moment où j'écris cet article