Emportée par la foule…

Emportée par la foule…Vivre à Hong-Kong, c'est accepter de vivre dans une foule grouillante, permanente, sans cesse en mouvement. Avec des zones allant de 6'690 à 57'250 habitants par kilomètre carré, contre 206 environ en Suisse, c'est un sacré changement. Surtout, quand comme moi, on a grandi dans un village de 500 habitants environ.

À chaque moment de la journée, sortir signifie devoir se heurter à un flot de gens se dirigeant dans un sens ou dans l'autre : des petits papys ayant de la peine à marcher, des jeunes femmes scotchées sur le téléphone et marchant en saccade, trois hommes d'affaires l'un à côté de l'autre et bloquant la rue, des femmes tirant un cabas plein de légumes, des fanas de shopping s'arrêtant brusquement devant une vitrine, une file devant un restaurant, une foule arrêtée devant un marchand ambulant...

Emportée par la foule…

Peu importe l'heure du jour ou de la nuit, la rue fourmille. Pour arriver à l'heure quelque part, il ne suffit pas se regarder le temps qu'il faut pour aller d'un point A à un point B. Il faut compter un peu de temps supplémentaire pour attendre l'ascenseur et se rendre à la bouche de métro la plus proche - puisque marcher ne sera pas fluide, entre les gens, les feux, les trams.... IEmportée par la foule…l faut ensuite compter un peu de marge pour prendre le métro lui-même, puisque selon les heures il faut attendre plusieurs rames avant de pouvoir entrer dans un wagon... Bref, en résumé, il faut apprendre à se mouvoir dans une ville où l'on n'est pas seul. Mais pourtant, tout se fait dans le calme ! Personne ne s'énerve. Tout le monde attend patiemment. Personne ne pousse - ou si peu. Les gens ont l'habitude. La foule fait partie du quotidien.

Je me suis souvent demandé pourquoi - lorsque j'étais en Suisse - les lieux bondés m'agaçaient voire me stressaient- alors qu'à Hong-Kong, tout va bien.

Le Marché de Noël de Montreux, ou encore le Festival de Jazz, le CFF ou les TPG bondés du matin : tous me rendaient folle. Je me cognais. Je pestais. Je n'y arrivais pas. J'avais l'impression de passer ma vie à me heurter à la foule et j'avais l'impression que c'était insupportable.

Après plusieurs mois ici, à me mouvoir dans des endroits tellement fréquentés qu'ils m'auraient mises dans tous mes états en Suisse, je crois que la raison est simple ! Ici, tout le monde vit depuis toujours avec toute cette humanité à portée de main. Chacun a l'habitude de devoir jongler avec la foule de passants sur les trottoirs. Chacun fait la queue depuis toujours quand il souhaite quelque chose. C'est une habitude. Et de ce fait, personne ne s'énerve. Tout se fait en douceur.

En Suisse, lorsque les lieux deviennent bondés, les gens se sentent agressés. Ils n'en ont pas l'habitude. Tout le monde se tend imperceptiblement, d'un seul bloc. Une légère agressivité se transmet. On s'énerve, on s'agace quand quelqu'un ne marche pas à son rythme, on peste quand on se cogne une épaule, on fulmine lorsqu'il faut attendre deux minutes. Et tout ceci est contagieux, tout bêtement!

Et si la solution, c'était simplement le calme intérieur?