Thursday thunder: to an ex English friend


Pas de trêve de noël pour les colères du jeudi. Parce que la xénophobie anti européens ne s’arrête pas ici, même pendant les fêtes. Une copine subit des torrents de haine depuis trois jours sur Twitter, des tombereaux d’injures aussi répugnantes de bêtise crasse et de racisme triomphant les unes que les autres parce qu’elle a le malheur de ne pas être née ici et d’oser s’indigner du traitement discriminatoire que nous fait subir le gouvernement. Ces sombres connards confits dans leur ignorance de leur propre législation et la certitude de leur droit divin d’être supérieurs à la terre entière parce que britanniques, se déchaînent. C’est amusant d’ailleurs que des cretins décérébrés comme ça qui sont persuadés que l’immigration menace leur mode de vie et et leurs traditions, je cite « chrétiennes », n’aient jamais entendu parler de la compassion, de l’amour du prochain et tout ce genre de chose…enfin bref tout ça pour dire que ces trolls hargneux ne méritent pas une colère, mais juste le mépris. Qu’ils restent à pourrir dans le cloaque nauséabond de leur haine. Non, ce qui m’énerve, ce sont les autres britanniques, les polis, les gentils, les ouverts d’esprit. Ceux qui ont un cerveau en état de marche. Ceux qui étaient mes amis. Et ont choisi de ne plus l’être.

Thursday thunder: to an ex English friend

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Ceux qui m’énervent encore, ce sont ces amis éclairés, cosmopolitains, qui ont fait parfois campagne très vocalement pour rester dans l’Europe. Qui comprenaient très bien les tenants et aboutissants du vote, qui n’étaient pas dupes des mensonges de certains brexiters qui tentaient de cacher leur xénophobie délirante derrière des arguments pseudo rationnels d’intérêt national. Je pense à ces britanniques qui manifestent contre Trump, qui s’indignent devant les images de guerre, qui pleurent le sort des réfugiés (à condition qu’ils soient loin bien sûr) et qui continuent à poster sur les RS des images de licornes à paillettes bramant des slogans pré vomis d’amour universel, librement inspirés d’une bouillie de citations troquées et massacrées de Martin Luther King, Gandhi ou carrément John Lennon. Ils sont les gentils, les intelligents, les bons…forcément. Et ils se taisent quand on se fait insulter devant eux. Ils détournent les yeux d’un air gêné quand on se fait agresser devant eux. Et avant qu’on me dise encore que j’exagère, c’est du vécu. Ils nous ignorent, nous oublient, nous effacent par leur indifférence, par leur lâcheté quotidienne. Surtout ne pas prendre parti, ne pas se faire remarquer, ne pas voir, ne pas entendre, ne pas dénoncer. Et puis, si on te traite de vermine de française devant tes enfants, c’est peut-être que tu l’as bien cherché…il faut comprendre les brexiters, ils n’ont pas tout à fait tort, tu es quand même bien française, non? Sois un peu tolérante!

Ma colère contre ces anciens amis ne faiblit pas. Elle est à la mesure de ma déception. Où sont leur ouverture d’esprit, leur tolérance, ce que je croyais être leur culture british, leur humour? Disparus, envolés, surtout ne pas faire de vague. Accepter tout sans broncher, ou mieux, en se cachant la tête dans le sable. On ne peut pas protester contre ce qui n’existe pas, n’est-ce pas? Alors c’est facile, il suffit de refuser de voir la xénophobie, le racisme, les discriminations officielles, et voilà, problème réglé. Ils sont pénibles ces européens à protester comme ça. Prenez un peu sur vous aussi, au lieu de casser l’ambiance. Vous avez peur d’être déportés alors que vous êtes ici légalement? ah ben oui, mais c’est la vie hein. On n’y peut rien. Chacun ses problèmes. Ce n’est pas poli de râler. En tout cas, ce n’est pas poli ici. Vous n’êtes pas si intégrés que ça finalement, hum? Peut-être qu’effectivement, vous feriez mieux de « go back where you come from », pour votre bien évidemment…et notre tranquillité d’esprit un peu aussi. Puisqu’on vous dit qu’on est les gentils, nous. Arrêtez de vous agiter comme ça, arrêtez de vous faire insulter devant nous, on ne fera rien mais ça dérange notre bonne conscience. C’est votre faute à attendre de nous qu’on se comporte en amis, en gentils, en civilisés. Qu’on applique à notre pays, à nos vies, à notre conduite les grands principes qu’on exige des autres. Sérieusement, vous pouvez pas dégager si vous n’êtes pas contents d’être discriminés? Vous nous gênez en fait. Laissez-nous ne pas voir, ne pas entendre, ne pas comprendre, ne pas protester, ne pas réagir, ne pas compatir, ne pas tendre la main. Laissez-nous nous taire et nous cacher bien tranquilles derrière notre lâcheté ordinaire.

Alors je vais vous laisser. Je sais que vous m’en voulez, que vous ne comprenez pas pourquoi je me suis vexée quand vous m’avez dit de partir « chez moi », puisque je ne suis plus heureuse ici. Je pensais que j’étais chez moi, et je croyais naïvement que vous le pensiez aussi. Je pensais être juste votre amie, pas votre amie étrangère. Votre silence et votre indifférence font bien plus mal que toutes les insultes de tous les xenophobes, que toutes les directives délirantes de votre gouvernement pour nous rabaisser constamment. Alors profitez bien de votre brexitland, vous ne l’avez peut être pas voulu, mais c’est votre acceptation passive qui le rend possible. Je suis vos conseils, I am going back where I come from. Good luck, you will need it more than me.