Routard fauché VS Voyageur responsable

ietnam en profondeur - routard fauché VS voyageur responsable

Source : psimonmyway.com 

Routard fauché ou voyageur en quête d’authenticité. Est-ce qu’on peut incarner les deux personnages en même temps? Est-ce les deux entités sont compatibles? C’est une question que je me pose constamment quand je parcours de nombreux blogs. Le comportement du routard occidental (backpacker) est en pleine mutation depuis deux décennies. Chacun voyage à sa façon mais je retrouve plus ou moins les points communs tels que : revendication de l’individualisme expérimentiel VS tourisme de masse, engouement pour “hors des sentiers battus” VS circuits classiques, hébergement local VS hôtels-club, préférence de transport local ou auto-stop VS avion ou voiture privatisée. Dans le fond, je trouve que c’est une bonne idée. Mais en pratique, il y a un souci. Les routards n’ont pas tous la même perception de la chose. Leurs actes ne correspondent pas toujours à leur idéologie relativement romancée dans leur blog. Enfin c’est ce que j’ai remarqué quand ils font des voyages en Indochine (Vietnam, Laos, Cambodge). Pour moi, un voyageur en quête d’authenticité  du XXIème siècle devrait comprendre la base du tourisme responsable. Or ce n’est pas forcément le cas en réalité. J’ai un constat comme suit : si l’authenticité est un but, le routard (ou voyager pas cher si vous voulez) est un moyen pour le mener à bien. C’est justement la mise en place du routard qui entraîne un maltendu culturel en Asie du Sud-est et qui peut détériorer l’image du voyageur.  Oui, un vrai voyageur, c’est quelqu’un qui se renseigne bien sur les us et coutumes dans le pays visité pour se faire respecter. Malheureusement trop de backpackers semblent ne pas comprendre ce principe. C’est ainsi que l’article “les begpackers, ces touristes blancs qui font la manche en Asie du Sud-Est” et le recensement des bêtises commises par les routards suscitent des débats. D’une certaine manière, le backpacker a tendance à faire l’objet de mépris dans plusieurs pays en Asie du Sud-Est. C’est bien dommage!

C’est lors d’une lecture de l’article “Le backpacker cherche moins à changer le monde qu’à transformer le sien” que j’ai commencé à remettre en cause le motif des backpackers qui retracent leur récit du voyage au Vietnam. Alors, quelle serait la réaction des blogueurs par rapport à ces deux articles? Je vous invite à lire la leur réflexion

Clo du blog evasionsgourmandes.com

Je pense qu’il ne faut pas mettre tous les backpackers dans un même panier, c’est comme pour tout. Chaque voyageur est différent et voyage comme il le veut, comme il l’entend. Il n’y a pas de code, ni de loi qui fait d’une personne un bon voyageur ou non. Le bon voyageur est avant tout quelqu’un qui respecte le pays dans lequel il se rend, sa culture, ses coutumes et ses traditions.

En ce qui concerne ces deux articles, je suis naturellement choquée par le comportement de ces gens irresponsables. Apparemment, le voyage ne leur a pas appris grand chose : ni le respect de l‘autre, de la nature et du pays qui les accueille.

Je déteste ce faux débat du » voyageur vs touriste », de dire que le vrai voyageur fuit les endroits touristiques, ne foule pas de sentiers battus, voyage sans argent et forcément en sac à dos. Arrêtons de mettre les gens dans des cases, chacun voyage comme il le souhaite pour y vivre sa propre expérience. La seule chose qui diffère le voyageur lambda au bon voyageur c’est sa vision de voyage et de ce qu’il en apprend.

De mon côté, je voyage pour rencontrer l’autre, et partager avec lui. Bien sûr je voyage également pour voir de beaux paysages mais en ne fuyant jamais la réalité. Aussi, j’aime les endroits hors des sentiers battus oui, que peu de gens visitent, j’aime dormir chez l’habitant c’est vrai, mais j’aime aussi les hôtels grand confort, les sites touristiques comme le Grand Canyon ou le Machu Picchu. Et coté budget, je fais attention à ne pas me ruiner mais je sais aussi me faire plaisir et dépenser sans compter. Le voyage est la seule chose que l’on achète et qui nous rend plus riche !

Jenny du blog myglobestory.com

La simple lecture de ces articles m’irrite. Je ne comprends pas du tout ce mode de fonctionnement, et je n’y adhèrerai jamais.

L’impression que ça me donne, c’est qu’on n’est pas du tout dans une prétendue « recherche de soi » dont parlent de nombreux auteurs, mais plutôt à fond dans cette société basée sur l’apparence. Avec l’émergence des réseaux sociaux, et encore plus avec ceux qui utilisent ces fameuses « stories » dans lesquelles nos vies n’ont plus de secrets pour qui que ce soit, les gens se comparent encore davantage aux autres, et ils veulent montrer le meilleur d’eux mêmes, ou ce qu’il font de mieux que les autres. Chacun montre bien ce qu’il veut en entretenant cette tendance à la compétition implicite. Les voyageurs ne semblent pas avoir échappé à la règle, pour ne pas dire qu’ils sont peut-être parmi les plus concernés par ce phénomène affligeant. En effet, quoi de mieux que de se montrer sous son meilleur jour dans les paysages tous plus paradisiaques ou exotiques les uns que les autres ? Or, voyager n’est pas gratuit, contrairement à ce que certains blogueurs vont avoir tendance à vouloir faire croire. Donc si tu veux voyager plus, et avoir ainsi toujours plus de contenus à confronter à ceux des autres (parce qu’on est bien dans une confrontation là, et non un partage d’expérience…),il te faut plus d’argent, et visiblement, certains sont prêts à tout, même à mendier pour ça. La quête de la popularité mène à une certaine forme de profonde bêtise…

Vendre quelque chose, OK. Offrir un petit spectacle de quelque chose dans lequel on est bon, OK. Mais je trouve particulièrement malvenu de demander de l’argent en retour, et surtout, de faire valoir que c’est pour financer un voyage… Auprès du local qui, lui, vend pour pouvoir se nourrir et (sur)vivre, c’est clairement un manque de respect. Ce n’est pas ça que j’appelle l’authenticité et encore moins le voyage…

Gabrielle du blog vagabondeuse.ca

Juin 2015, je suis au Ladak dans le nord de l’Inde dans la ville de Leh. Un soir, j’aperçois un touriste, il est assis par terre sur un coin de rue, il joue de la guitare et il espère apparemment de l’argent en échange puisque le coffre de son instrument est ouvert devant lui avec des pièces à l’intérieur. Il est à quelques pas d’un marché de réfugiés tibétains et encore plus près d’un homme qui répare des souliers pour 0,50$. Surprise. Stupéfaction. Jugement. Voilà ce qui m’a passé par la tête. OK, je vais lui laisser le bénéfice du doute, je ne sais pas s’il cherchait à renflouer ses coffres pour son voyage, mais reste que de demander de l’argent dans un pays où des millions de personnes sont dans le besoin, je trouve ça déplacé, irrespectueux et complètement inadéquat. Quelques années plus tard, je prends connaissance de l’article sur les begpackers et j’ai une pensée pour ce voyageur croisé à Leh.

Ce que je pense du begpacking? Je suis de ceux qui trouvent ça désolant et même…gênant. À mon avis, voyager est un privilège, voire un luxe. Quand je lis que des gens utilisent des plateformes de socio-financement ou pire, qu’ils demandent de l’argent directement aux locaux des pays qu’ils visitent pour voyager chez eux, ça me sidère. Je vois mal comment justifier un tel comportement, car aujourd’hui qui n’a pas accès à une carte de crédit, du financement bancaire ou de l’aide de ses proches en cas de besoin ou pour les aider à réaliser leurs rêves de voyager?

Sinon, que ce soit pour découvrir le monde, décompresser et faire la fête, briser sa routine, pour sa croissance personnelle, pour prendre un moment de réflexion ou pour aller à la découverte d’un nouveau peuple je crois que toutes les raisons de voyager sont valables et surtout extrêmement personnelles.  Cela donne place à toutes sortes de voyages et de voyageurs qu’il est difficile de juger. Pour ma part, je suis à l’aise tant que tout est fait dans le respect des pays et des gens visités. Est-ce que je sifflerais dans une yourte en Mongolie ou entrerais en minishorts dans un temple au Cambodge? Non. Je trouve que c’est au voyageur de s’adapter à son nouvel environnement et non l’inverse. En plus, le fait de s’informer des coutumes locales fait partie du plaisir de découvrir un pays et de vivre un peu de dépaysement en plus de montrer un signe de considération envers les locaux et je ne vois pas de raison de passer à côté.

Soyons respectueux en voyage

On voit que nos blogueuses se mettent toutes d’accord sur un point : le respect en voyage est primordial, quel que soit le profil du visiteur. Chacun a son propre mode de voyager qui colle à ses envies, à sa personnalité. Les termes “routard” ou “voyageur” ne sont qu’une étiquette et ne peuvent pas catégoriser les gens. Alors je ferme ce débat en remerciant grandement à la participation de Clo du blog Évasions gourmandes, Jenny du blog My Globe Story, et Gabrielle du blog Vagabondeuse.