Thursday thunder: enough!


J’ai des tas de contrariétés, je peux m’énerver sur plein de choses. Il n’y a pas que le brexit dans la vie. Je peux piquer des crises autres que féministes. Par exemple, là de suite maintenant, j’en ai marre d’être prise pour une truffe par des gens qui ne pensent pas un seul instant que je peux dire non. Il faut dire aussi que je ne suis pas très douée pour envoyer balader les profiteurs. Mais je me soigne. Parce que ça suffit comme ça.  

Thursday thunder: enough!
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Vous voyez, le genre de personne qui va toujours vous demander un service mais n’est jamais là pour vous? Je les attire. C’est un don. J’ai l’art de me trouver embarquer dans des associations, dans des projets plus ou moins importants sans faire exprès. Parfois, c’est même moi qui finis sur un quiproquo par me porter volontaire sans le vouloir. C’est comme ça que je me suis retrouvée à tenir un stand à la kermesse. A chaque kermesse. Et aussi les comptes de l’association des parents d’élèves, le PTA pendant plus de trois ans, ce qui n’est pas un cadeau puisque c’est évidemment la faute de la trésorière si elle ne sait pas transformer le profit de la pêche aux canards en cagnotte à trois millions de livres. Déjà, est-ce que je suis seulement compétente, à insister comme ça pour faire la différence entre les entrées et les sorties sur le compte de l’association, hum? On pourrait croire que ça m’a servi de leçon mais pas du tout, j’ai remis ça avec une association plus grande, au budget et frais de fonctionnement délirants, mais c’était du pipi de chat comparé à la nullité abyssale des administrateurs en matière de comptabilité. Non, une provision, ce n’est pas le coût des petits gâteaux pour l’assemblée générale. Et un budget prévisionnel, ce n’est pas la liste au père Noël. Enfin bon, je m’éloigne du sujet. Je disais donc que des gens sont venus me chercher pour faire tourner leur projet, et m’ont  gentiment flanquer dehors quand j’ai osé demander de l’aide à mon tour. Il se trouve que quelques années plus tard, ils viennent de se rendre compte que ce serait sympa si je pouvais donner un petit coup de main, comme ça en passant. Ok, c’est bon?… ahaha. Non. Voilà je l’ai dit, non. Et ça fait du bien. 

Non, je ne peux pas attendre 30 minutes de plus devant l’école avec votre gamine parce que vous allez être en retard. Après tout, vous ne voudriez pas qu’elle reste trop longtemps avec une sale migrante comme moi, alors que ma fille n’est plus invitée chez vous. Non, je ne veux pas faire de gâteau pour la kermesse où personne ne m’adresse la parole. Non, je ne peux pas organiser vos vacances en France. Non, je ne donne pas de cours de français gratuit, c’est mon métier. Quand vous faites vos courses, vous demander à partir sans payer? Ben, c’est pareil. Non, je ne peux pas garder votre chien (en plus, il bave partout) pendant trois semaines alors que vous n’êtes même pas capable de prendre un paquet pour moi quand le facteur fait exprès de passer juste quand je pars chercher WizzBoy à la preschool. Non. Ça fait un bien fou. Sérieusement, qu’est-ce qui poussent ces gens à me prendre pour une bénévole permanente, une nounou, une infirmière, une assistante sociale, un guide touristique? Et surtout, surtout, pourquoi je n’ai pas dit non avant? Certes, ça me provoque des palpitations, j’hésite encore à dire non. Mais je m’entraîne et c’est libérateur aussi. Et puis je continue à dire oui aux gens sympa qui eux ne me prennent pas pour une imbécile. En même temps, bizarrement ceux-là ne demandent pas grand chose, c’est fou… 

Alors évidement, je m’inquiète un peu. Si je continue à dire non, ces gens vont me trouver ronchon, peu serviable, désagréable. Je vais passer pour la fille pas sympa du tout…c’est possible mais finalement c’est toujours mieux que de passer pour une conne corvéable à merci.