La traversée de Farnaz 4/4 : Venézuela et Pérou

Un travail en Equateur, un road trip en Colombie, ce ne sont que les deux premières étapes de ton parcours à travers l'Amérique latine. Par la suite tu as poursuivi vers le Vénézuéla en volontariat.

1 - Pourquoi cette envie de continuer ta traversée de l'Amérique latine ?
Je me trouvais depuis plusieurs mois dans un continent des plus fascinants et mon travail ne m'avait pas permis jusqu'alors de voyager. J'avais moi-même pris la décision de travailler mais maintenant que je me retrouvai sans emploi... !
Par ailleurs, j'avais monté un projet de road trip à travers toute l'Amérique Latine avec mon copain. Le projet commun tombé à l'eau, à mon tour de m'activer pour vivre mes rêves !
Enfin, j'accueillais beaucoup de voyageurs dans mon appartement via la plateforme couchsurfing. Et les récits de vadrouilles ne faisaient que décupler mon envie de voyager.

2 - Qu'est ce qui t'as donné envie de poursuivre vers le Vénézuéla ?
Quand j'ai décidé de quitter l'Equateur, j'ai envisagé d'aller en Colombie et au Venezuela. Mais j'avais besoin d'un projet : j'étais un peu perdue et j'avais besoin de me raccrocher à quelque chose. J'ai donc cherché des projets de volontariat via la base de données de Workaway. Et j'ai très vite jeté mon dévolu sur deux projets au Venezuela : le premier sur la côte nord du Venezuela, pas loin de l'isla Margarita et un deuxième près du delta Orinoco. J'ai été sélectionnée pour les deux projets et j'ai décidé de m'y engager pour un mois minimum. J'avais donc deux mois de volontariat au Venezuela et un mois pour visiter le reste. J'ai donc préparé un premier plan d'attaque. J'allais traverser la Colombie en stop et y rester au total 3 semaines. Passée la frontière au Venezuela, j'allais enchaîner les deux volontariats et visiter le reste du pays.
Sauf qu'en arrivant en Colombie, je suis tombée raide dingue du pays. Après en avoir discuté avec les deux responsables des volontariats, on a repoussé la date de début des deux volontariats.

La traversée de Farnaz 4/4 : Venézuela et Pérou

3 - Qu'as tu retenu de ces deux mois passé là bas ?
Après 3 mois en Colombie, je suis arrivée à la frontière avec le Venezuela. Ça faisait déjà plusieurs semaines que je rencontrai des Vénézuéliens et des voyageurs de toutes les nationalités qui me déconseillaient (et encore ce mot est trop faible) d'aller au Venezuela. J'ai pris en compte les conseils mais je tenais à y aller.
J'y suis restée au total 2 semaines. Le Venezuela était en pleine crise et c'est l'époque où on marquait les maisons des Colombiens d'un grand R. La pénurie de produits d'hygiène et les coupons de rations alimentaires me rappelaient amèrement la période de crise qui a suivi la révolution islamique en Iran, période que j'ai connu à travers les récits de mes parents. Il ne m'est rien arrivé de grave mais on me racontait les mésaventures de certains vénézuéliens ou de backpackers agressés pour quelques dollars. J'avais l'impression d'être complètement en décalage.
D'un autre côté, on me mettait la pression pour rentrer en Equateur, pour y retrouver quelqu'un.
Bref, au bout de deux semaines, de nombreux coups de fils et de mails pour expliquer ma situation aux deux structures de volontariat, je suis rentrée en Colombie.
Je tiens à souligner l'amabilité des personnes avec qui j'ai été en contacté pour les deux missions. Elles ont été extrêmement compréhensives. J'espère pouvoir y aller un jour.

4 - Finalement tu es retournée en Equateur, pourquoi ?
Après le Venezuela, je suis retournée en Colombie où je suis restée un mois de plus. Puis, je suis en effet rentrée en Equateur. Pour être honnête je serai bien restée en Colombie d'autant plus que j'y avais rencontré une backpackeuse génialissime qui m'avait proposé de faire la route avec elle jusqu'en Amérique centrale. Mais le cœur a ses raisons comme on dit et je suis allée retrouvée cette personne en Equateur.
Par ailleurs, il y a un détail que j'ai omis de préciser : quand j'ai quitté mon travail et que je me suis retrouvée sans projet en Equateur, j'ai eu un moment de panique. Avec le peu d'économies qu'il me restait, je me suis achetée un billet de retour pour la France. Sauf que mon budget limité ne me laissait pas trop le choix. Il n'y avait qu'un seul billet que je pouvais me payer : un aller simple de Quito à Madrid, daté du mois d'aout. J'avais donc 8 mois devant moi lors de l'achat.
Me rapprocher de l'Equateur était donc une sage décision.

La traversée de Farnaz 4/4 : Venézuela et Pérou

5 - Combien de temps tu y es restée, et qu'as-tu fait sur place ?
J'y suis restée 2-3 mois. Au départ rentrée pour m'installer avec cette personne, j'ai compris au bout d'un moment que ce n'était pas ce qu'il me fallait. J'en ai donc profité pour vadrouiller dans ce beau pays ! Pas question de me laisser aller. J'ai adoré redécouvrir l'Equateur, ce si beau pays. J'ai fait de très belles rencontres et j'ai continué le même rythme de vie qu'en Colombie.
J'y ai rencontré un groupe de musiciens colombiens qui voyageaient comme moi. Ils avaient entamé leur voyage depuis peu. J'ai décidé de faire un bout de chemin avec eux. Au début, je continuais de travailler dans tel ou tel restaurant et je les accompagnais parfois au chant et avec mes maracas. Et un jour l'un d'entre eux m'a surpris en train de jouer de la mélodica. Ils traînaient ce chouette instrument avec eux mais personne ne savait en jouer dans le groupe. Ils m'ont alors proposé d'intégrer officiellement le groupe. J'étais aux anges d'un côté mais de l'autre, je paniquais à l'idée de jouer en public, dans la rue, dans les restaurants ou encore dans les bus. Finalement, je m'y suis très vite habituée et j'ai même adoré ! C'en est presque devenu une addiction ! J'ai donc décidé d'en faire mon unique source de revenus, ce qui me laissait davantage de temps pour visiter les différents coins.

6 - Ensuite, passage par le Pérou, pourquoi ?
Je voyais la date du retour approcher à grands pas et je ressentais le besoin d'avancer. Le Pérou m'attirait (les récits de voyage, des mochileros que je rencontrais, me hantaient) mais je n'avais pas envie de me séparer du groupe. J'ai mis un certain temps avant de me décider et comme toujours, ma soif de découverte l'a emporté. Il me restait deux mois en Amérique Latine et je voulais en profiter au maximum. J'ai donc décidé de ne pas m'aventurer dans le sud du Pérou. Je devais également faire une croix sur les grands sites touristiques (adieu le Machu Picchu) car mon budget était limité. Après des au revoir très douloureux, je quitte une nouvelle fois l'Equateur mais cette fois en direction du Sud !

La traversée de Farnaz 4/4 : Venézuela et Pérou

7 - Qu'as tu fais sur place ?
J'ai travaillé et baroudé ! Je me suis à nouveau retrouvée seule puisque j'avais quitté ma bande de joyeux lurons musiciens. Ayant laissé la mélodica à mes anciens compagnons, je ne pouvais plus gagner ma vie avec la musique. J'ai donc opté pour mes anciens gagne-pain. Il me restait quelques bracelets à vendre et la bonne cuisine péruvienne m'a donné des ailes. Je profitais de la cuisine des auberges ou de mes hôtes de couchsurfing pour préparer quelques gâteaux et pâtisseries que j'allais vendre dans les grandes places ou près des arrêts de bus.
Et au final, j'ai vraiment apprécié voyager seule et de ne pas être " enfermée " dans un groupe. J'ai rencontré quantité de voyageurs qui me motivaient à continuer dans cette direction. J'ai commencé à visiter le nord en descendant lentement vers Lima.
J'ai eu la chance de retrouver une péruvienne que j'avais rencontrée en Colombie. Elle m'a accueillie chez elle à Lima où j'ai fait une belle escale. J'ai vécu à la péruvienne pendant deux semaines dans cette énorme ville pour laquelle j'ai désormais un faible. Je suis restée jusqu'aux derniers jours au Pérou où j'ai retrouvé un de mes amis musiciens avec qui j'ai fait quelques duos. J'ai passé mon dernier jour en Amérique Latine dans le bus et ne suis arrivée à Quito que 4 heures avant mon vol.

8 - Ce mode de débrouille est-il très répandu chez les backpackers au Pérou ?
Complètement !
La plupart des backpackers que je rencontrais se débrouillait avec de l'artisanat, de la jongle, des patisseries ou des petits jobs par ci par là. Certains avaient monté un business (j'ai rencontré des colombiens qui vendaient des chaussettes dans la rue), d'autres mettaient en avant leur talent de photographe en vendant des photos qu'ils avaient prise.
Et pas seulement au Pérou ! Partout en Amérique du Sud, et très certainement en Amérique centrale (mais je ne connais pas cette région).
Je trouve qu'il est plutôt facile de se débrouiller en Amérique Latine, une fois qu'on est lancés ! C'est dur de trouver l'artisanat ou l'activité qui nous conviendra et de réussir à vendre ou de proposer un spectacle de qualité mais une fois la machine en route... Je ne gagnais pas des sommes de folie mais ça me permettait de voyager, de me payer une chambre et de quoi manger, une ou deux bricoles par semaine et d'économiser une moyenne de 2-3 dollars par jour. C'est pas rose tous les jours mais je trouve que l'Amérique latine laisse libre cours à la débrouille : l'unité (ou quasi-unité) linguistique et cette (quasi) liberté de circulation y sont pour quelque chose !
Enfin, le gros hic est que la plupart de ces activités sont illégales, ce qui implique qu'on a très souvent des rapports conflictuels avec les forces de l'ordre. Mais dans certaines villes, il m'arrivait de créer de bonnes relations avec les policiers : je me rappelle de l'un d'entre eux à Cuenca (en Equateur) qui me prévenait des zones à éviter en fonction de l'heure. Tout dépendait des premiers échanges qu'on avait avec eux. A part un très mauvais souvenir à Ambato, je n'ai noté aucun incident avec les forces de l'ordre !

9 - Qu'as tu retenu de ce séjour péruvien ?
J'en garde un excellent souvenir. La gastronomie péruvienne y est sûrement pour quelque chose : quel bonheur de savourer ces bons petits plats quand on vient d'Equateur !
Mes deux derniers mois en Amérique Latine et pourtant, malgré le décompte, j'ai profité de chaque instant au maximum. J'étais rodée, je ne m'inquiétais plus pour l'argent ou pour savoir si j'allais avoir un toit ou non le soir-même. J'avais atteint un certain stade de sagesse qui m'impressionne maintenant que j'y pense.
J'en ai aussi profité pour découvrir des coins très sympas dans le nord du Pérou qui n'est finalement pas si touristique. Ce séjour péruvien constitue pour moi une belle introduction au Pérou.
J'ai terriblement envie de continuer ce voyage.

La traversée de Farnaz 4/4 : Venézuela et Pérou

10 - Iran, Angleterre, USA, Colombie, Equateur, Venezuela, Pérou...après toutes ces expériences où en es-tu aujourd'hui ?
De retour en France depuis un an maintenant, j'ai travaillé auprès d'une petite structure pendant quelques mois. J'en ai profité pour voyager un peu dans ce beau pays qu'est la France.
J'ai mis un certain temps avant d' accepter mon retour et de réussir à passer à autre chose. Mais maintenant, je sais que j'ai fait le bon choix. Il était temps pour moi de rentrer, j'avais besoin de me ressourcer et j'ai énormément appris sur moi-même tout au long de cette année en France. Je n'aurais pas dit ça il y a quelques semaines ! J'ai juste compris qu'il ne faut pas vouloir à tout prix accélérer les choses.
Maintenant, il est temps pour moi de repartir. Je cherche idéalement un job dans ma branche et si je ne trouve pas, je m'envolerai avec mon sac à dos. L'appel de l'ailleurs est beaucoup trop fort et là, je suis prête. Cette fois, c'est la bonne !

La traversée de Farnaz 4/4 : Venézuela et Pérou

Plus de news et de témoignages de voyageurs SUR LE ET DE VALISE VOLANTE !