Transoxiane

Transoxiane « This document was downloaded from the World Digital Library (http://www.wdl.org). Go to http://hdl.loc.gov/loc.wdl/wdl.7322 for more information about this item. »
Carte du Turkestan dressée sur les notes de Eugene Schuyler en 1875,
premier voyageur américain en Asie centrale russe.

La Transoxiane, que l’on désignera ensuite Turkestan, grande entité géographique de l’Antiquité, où les peuples et les cultures étaient étroitement imbriqués, produisant de fructueux échanges. Des Emirs sourcilleux mais aussi aventureux, des artistes convoqués de divers horizons, une très grande unité culturelle s’instaura. Après la mainmise de la Russie, dans le cadre du Grand Jeu, l’URSS pris la relève. Les anciens émirats et khanats ne résistèrent pas, ils furent démantelés. La création des nouvelles républiques soviétiques socialistes ont bouleversé la région, laissant d’importantes séquelles. Les indépendances de 1991 – effondrement de l’URSS – ont exacerbé les nationalismes latents, faisant ressurgir également le communautarisme.

Des autocrates s’accrochent aux pouvoirs des jeunes pays, les « stans »; les tensions sont générales. Le cas en particulier entre les voisins Ouzbékistan et Tadjikistan. Des troubles récurrents dans la Vallée de Fergana, et de nombreux points de passages fermés. Par exemple Hissar, aux environs de Douchanbé, et Samarcande, sont à quelques 320 kilomètres par la « bonne route » (impliquant tout de même le passage du col / tunnel du Anzab Pass), mais la frontière est fermée au bout de la vallée du Zeravshan. Pour relier ces deux lieux dans notre itinéraire en boucle de 2013, nous prendrons l’option de la route du sud, via Termez, à la frontière Ouzbékistan – Afghanistan.
( Voir :Fantasmes de voyageur ).
Coups d’œil.

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Hissar, Tadjikistan / Douchanbé 38°32’N 68°46’E / 2013
A une trentaine de kilomètres à l’ouest de Douchambé, Hissar s’offre dans la netteté d’un bel éclairage de début de matinée. Site d’un poste avancé de l’Emir de Boukhara, l’organisation des édifices se lit d’emblée. Darvaza-i-Ark, la porte de l’ancienne citadelle, détruite, a été assez finement reconstruite, alors qu’au pied de la colline les deux sobres medersa cadrent, dans une élégante géométrie, ce qui fut le Registan d’ici. Ces édifices ont été réalisés entre les XVIe et XVIIIe siècles, sous le régime du Khânat de Boukhara.
La citadelle fut occupée jusqu’en 1924 par le dernier homme lige de l’émir, Ibrahim Bek ( ? – 1931), chef du mouvement bashmachi qui tenta de s’opposer à l’occupation soviétique.
Hissar est au cœur d’une vaste vallée fertile, traditionnellement vouée au coton et aux cultures vivrières. Elle a le triste honneur de receler le vaste complexe de l’usine d’aluminium Talco aux pollutions multiples, « le Tchernobyl tadjik ». Fleuron du Gosplan, seule ressource industrielle du pays, qui consomme les 2/3 de la production électrique nationale.

La princesse, la mosquée et l’architecte

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Samarcande, Ouzbékistan /39°37’N 66°58′ / 2013
La Mosquée Bibi Khanoum, l’un des monuments emblématiques de Samarcande – même le régime soviétique l’a respecté. Impressionnante, si grande qu’elle en est écrasante. Son commanditaire, Tamerlan, voulu impressionner son épouse, la très belle Bibi Khanoum. L’opération s’est mal terminée pour l’architecte. A grands traits, « L’affaire mosquée Bibi Khanoum », XIVe siècle :

La princesse
Bibi Khanoum était une princesse mongole, fille d’un khan. Elle devint la troisième épouse (sur 18) de Tamerlan, après que celui-ci fit assassiner son premier époux. Fou amoureux de cette princesse, certes, mais aussi, l’épousant, lui donnant accès au titre de « gendre impérial ». Ils n’eurent pas d’enfants, mais en brave épouse (et dans la tradition de ces Timourides) -, Bibi Khanoum éleva son beau-petit-fils Ulugh Beg, promu à un grand avenir dans l’astronomie.

La mosquée
De retour de son assez dévastatrice campagne des Indes – les tours de crânes, une de ses spécialités -, Tamerlan lance la construction de la mosquée, qu’il veut la plus grande, la plus majestueuse, impressionnante pour sa femme. « Big is Beautiful », pourrait-il avoir pensé, un verre à la main, un soir sous sa tente. Il a été aussi impressionné par ce qu’il a vu des arts en Indes, parce que cet autocrate puissant était aussi amateur d’art. Il y aura donc des influences indiennes dans la Mosquée Bibi Khanoum, dédiée à son épouse du moment.

L’architecte
« L’Architecte » : on ne donne jamais son nom, il est dans l’anonymat. Ce n’est pas encore le règne du star-system, des Jean Nouvel, des Herzog De Meuron et autres. Mais, compte tenu tant de l’ampleur de son projet que de son comportement hasardeux, on devrait tout de même le citer – métier ingrat. L’Architecte tombe éperdument amoureux de la jolie princesse, la femme de son client. Il sollicite un baiser, insiste, fait traîner les travaux pour rester au contact de la belle. Finalement elle cède, mais avec un subterfuge : elle pose entre leurs lèvres un voile – jolie scène pour série TV : aurait-elle eu lieu dans le local de la maquette ? On ne sait. Tamerlan va apprendre la chose, ses services de renseignements sont opérationnels 7/7 – 24/24, il fait exécuter l’architecte. Pour sauver la face, ne pas passer pour un jaloux primaire, Tamerlan évoquera des défauts de construction dans les fondations de la mosquée.

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Samarcande hors-les-murs

Samarcande. 2013 Samarcande.2013 Samarcande.2013 Samarcande. 2013 Samarcande.2013

Samarcande Ouzbékistan / 39°39’N 66°57’E / 2013
(…) Et les touristes arrivent, en groupes, en autocars; les groupes se suivent, il faut parquer les véhicules. Il faut de la place, que l’on a créée en taillant massivement dans l’ancien tissu urbain. Ces vieux quartiers, denses, à l’habitat serré fait de maisons basses introverties sur leurs cours, synthèse organique d’Orient et de Vieille Russie. Des ruelles aux tracés définis par le palimpseste d’anciens parcellaires, suivant aimablement le relief, il n’y a pas partout le goudron. Des parcours pleins de surprises. Les traditionnels tuyaux de gaz, jaunes quand ils sont repeints, familiers à tout l’univers ex-soviétique font fil conducteur (…)

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