Freshers week


L’Ado commence ses études supérieures cette semaine comme tout un tas de jeunes britanniques…ou pas d’ailleurs, les universités ici accueillent encore pas mal d’étudiants étrangers. Je dis encore, parce qu’avec le Brexit, ça risque de changer. Déjà, les universités ont signalé qu’elles avaient entegistré une baisse de demande d’inscriptions venant de l’union européenne, et qu’elles ont maintenant du mal à recruter des profs et chercheurs étrangers. Sans compter les trous béants dans leur budget, par manque de subventions européennes. C’est bien simple, certaines universités pensent carrément à se délocaliser sur le continent! Mais je m’éloigne  du sujet. On parlait de freshers week, c’est à dire la première semaine d’université pour les petits nouveaux. C’est très studieux. Ou pas.  L’Ado est à fond.

Freshers week
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Les cours n’ont pas encore commencé, c’est juste une semaine de beuveries infâmes d’accueil et d’orientation . Ils finissent de choisir leurs options, rencontrent les profs, visitent le syndicat étudiants, et font connaissance avec leur futurs camarades, en tout bien tout honneur. Ben voyons. J’aime bien quand L’Ado nous prend pour de vieux cons naïfs. Certes, il part dans sa nouvelle vie d’étudiant avec un handicap rédhibitoire, c’est à dire des parents ignobles. Qui refusent de lui payer une chambre sur Londres sous prétexte qu’il a moins d’une heure de commute pour aller en cours depuis la maison. Le pauvre petit est obligé de rentrer cuver dormir ici. En même temps,  il y a des trains toute la nuit et on lui a dit qu’il pouvait rester dormir chez un pote ou ailleurs,  on ne veut pas savoir les détails. On veut juste qu’il prévienne avant, la maison, notre maison  c’est pas un hôtel non plus. Bizarrement ce libéralisme parental (si tu veux pas rentrer pendant la freshers week, tu dors où tu veux mais tu ne viens pas nous téléphoner à trois heures du mat parce que tu es coincé dans une gare paumée quelque part entre ici et Londres ), ça l’a déçu. On n’est pas à la hauteur de notre réputation de parents fascistes et tortionnaires, ça doit cacher quelque chose.

Je me suis renseignée, son université a mis un guide de la freshers week en ligne. C’est parce que je suis curieuse bien-sûr et que j’aime bien me renseigner sur les us et coutumes de mon pays d’accueil,  pas parce que je n’ai pas confiance (mais je n’ai pas confiance non plus). Il y a bien les dernières inscriptions à finaliser, pour les cours du semestre et les options (il sont déjà inscrits dans leurs facultés respectives et on a déjà vendu un rein payé). Il va effectivement avoir droit à des conférences très sérieuses sur comment gèrer son budget, dans quel ordre choisir ces fameuses options (ce qu’il ne fait pas cette année, il le fera en deuxième ou troisième année). Il va avoir droit à un parcours d’orientation, au propre, pour s’y retrouver sur le campus et au figuré. Il va pouvoir assister à des pièces de théâtres et autres spectacles charmants montés par les étudiants. Le syndicat organise des barbecues. C’est très civilisé tout ça. Il va aller à la Freshers fayre, où les clubs et associations sportives tentent de recruter de nouveaux membres. Ben, tu vois, quoi, t’es super suspicieuse quand même, meuh. C’est super sérieux, coin…non, mais ouais quoi. Euh, bon ben coin…je rentre pas ce soir, ni demain. Ni vendredi. Ouais, non mais c’est juste pour rencontrer les autres, meuh, tu vois ce qui seront en cours avec moi. Tu veux pas que je me fasse des copains dans ma nouvelle école? Petit crétin. Et puis, de qui il tient ce sourire niais aussi? Il se prend pour qui, ce sale gosse, il ne sait pas que pas plus tard qu’hier ou presque, c’était son père et moi qui rentrions à l’université? Enfin, j’ai fait une école de commerce. Je vois très bien ce que ça peut donner, sa freshers week, très, très bien. Sauf que nous, on appelait ça un week-end d’intégration et que nos beuveries étaient des « opérations marketing sponsorisées  » sur la brochure. 

C’est tellement studieux cette freshers week que le guide en ligne de son université précise bien qu’il ne faut pas oublier d’aller aux entrevues avec les profs et tuteurs, et d’être pas trop bourré présentable. Ça fait mauvais genre de louper ces rendez-vous dès la première semaine ou de vomir sur le bureau des profs, ils se vexent pour un rien franchement. C’est sûr, ça met en confiance.