En route vers Ottawa : les émotions d’un enfant de 4 ans

Il y a un moment que nous n’étions pas partis en road-trip avec nos deux garçons. Nos récentes vacances au loin avec eux impliquaient plutôt de prendre l’avion, avec de courts trajets en voiture. Quand nous leur avons parlé de ce road-trip vers Ottawa, qui coïncidait avec l’achat d’une nouvelle voiture et le premier marathon de leur papa, ils ont été ravis. C’était, de plus, l’occasion de manquer une journée d’école, ce qui sonnait encore plus festif à leurs oreilles. Pour couronner le tout, nous avons décrété qu’il ne s’agissait pas d’un voyage classé G (général), mais plutôt 4+ (pour les quatre ans et plus), ce qui excluait la petite sœur de moins de deux ans de l’équation. Ils adorent leur sœur, mais la perspective d’un voyage « entre grands », sans sieste quotidienne nécessaire, était particulièrement excitante pour eux.

Étant donné que mon fils aîné (9 ans) avait un examen du ministère en matinée, nous sommes partis sur l’heure du midi en faisant un dernier arrêt pour récupérer notre fils cadet (4 ans) à son école. Il était ravi de nous voir tous débarquer dans sa classe. C’est avec enthousiasme que nous avons rejoint la voiture pour débuter le « grand voyage ». Le trajet entre Saguenay et Ottawa fut coloré par différentes émotions, vécues de façon particulièrement intense par notre fils de quatre ans. J’ai eu l’impression que les petits personnages du film « Sans dessus dessous » (version française du film Inside Out) prenaient tour à tour possession de son corps, se bousculant dans le centre de contrôle de ses émotions. Si vous n’avez pas vu le film, vous pouvez cliquer sur l’image ci-dessous pour voir sa bande annonce :

inside_out

Bien que le voyage se soit déroulé positivement dans l’ensemble, notre petit bonhomme a vécu un tourbillon d’émotions à l’idée de se rendre à Ottawa, une ville qu’il ne connaissait pas encore. Dégoût, Colère, Tristesse, Peur et Joie sont donc venus nous visiter tout au long du trajet, en s’exprimant à travers notre petit homme. En voici quelques exemples.

Dégoût… 0u la phrase qui tue

Alors que nous avions à peine tourné le coin de la rue de son école, mon fils cadet a prononcé la phrase qui tue l’enthousiasme de tout parent :

C’est trop long!

D’un air catégorique et tranchant.

Dix minutes plus tard, alors que nous étions toujours à Chicoutimi, il enchaînait :

Ça y est, on arrive à Ottawa?

Pourtant, fiston a l’habitude de faire de longs trajets en voiture et nous lui avions expliqué que ce voyage serait long. Cette phase de dégoût fut toutefois de courte durée. En découvrant ses figurines et les jeux préparés en prévision du trajet, son enthousiasme est revenu comme par magie.

Colère… ou l’erreur de débutante 

Mes fils ont un appétit insatiable, si bien qu’une visite au coin de la rue nécessite la préparation d’une collation. Ils sont affamés en permanence. Pour vous donner une idée de l’ampleur de leur appétit, j’ai appris récemment que mon fils cadet avale  souvent deux repas du traiteur le midi, en plus de ses nombreuses collations… C’est, disons-le, assez impressionnant, surtout qu’il est mince comme un fil. Mais je m’éloigne un peu du sujet…

Pour faire une histoire courte, nous avions prévu faire un arrêt à Québec, après deux heures de route, pour que les enfants puissent prendre un deuxième (voire troisième) lunch du midi. Je voulais en profiter pour acheter un guide de voyage sur Ottawa, nous avons donc décidé de faire cette pause dans un centre commercial. Pour que ce soit plus rapide, les Galeries de la Capitale nous ont semblé l’endroit idéal. Jusqu’à ce que je commette l’erreur de débutante qu’une maman de trois enfants normalement constituée devrait avoir appris à éviter : j’ai parlé des MANÈGES! Comme ça, spontanément, l’air de rien, j’ai pointé les manèges du centre commercial avec un large sourire en disant à mon fiston :

Tu te rappelles, nous étions venus nous amuser dans ces manèges l’an dernier? Et nous pourrons revenir pendant l’été. Ce serait chouette, tu ne trouves pas?

Pas fort, je sais… Par la suite, pendant tout le voyage, il nous demandait quand on ferait le fameux tour de manège. Lorsque je lui expliquais que ce ne serait pas le jour même, monsieur Colère faisait son apparition..

Tristesse… ou la nostalgie de l’éducatrice

Fiston est très intense dans tout ce qu’il fait, si bien que ses chagrins sont dignes des plus grandes tragédies. Alors que nous roulions entre Québec et Montréal, je l’ai entendu renifler. Je me suis retournée et j’ai vu de grosses larmes rouler sur ses joues.

Moi : Qu’est-ce qui se passe mon petit chat? Tu as mal au cœur?

Fiston (air grave et solennel) : Non.

Tout en fouillant dans la poche de son short, il pleurait de plus en plus bruyamment… Pour finalement en sortir un petit papier qu’il a déplié délicatement, comme si c’était un trésor. J’attendais, perplexe, qu’il m’explique sa grande peine. Il m’a alors tendu le bout de papier, sur lequel son éducatrice lui avait écrit un gentil message pour lui souhaiter bon voyage. Tristesse était avec nous, mais pourquoi? Alors que je lisais le billet à voix haute, il s’est exclamé, entre deux sanglots :

Je m’ennuie de miss Marie-Eve!

Ce qui est assez étonnant. Non pas qu’il n’aime pas son éducatrice, bien au contraire, il l’adore. Mais il n’a pas l’habitude de la voir la fin de semaine et son absence ne semble pas le perturber. Le week-end, il me parle plutôt de sa mamie et son papou qu’il adore visiter le samedi après-midi. Mais pendant ce voyage, c’est miss Marie-Eve qu’il avait l’impression de croiser sur la route, nous suppliant de faire marche arrière parce qu’elle était dans la voiture que nous venions tout juste de doubler…

Peur… ou quand les loups arrivent en ville

Nous avons fait une pause à Gatineau pour souper, avant de reprendre la route vers Ottawa. Pendant que nous mangions, le soleil a eu le temps de se coucher. Nous avons donc découvert Ottawa alors que la ville se drapait de noir. L’imagination débordante de mon fils s’est alors manifestée en faisant place à Peur.

J’ai peur. Je suis certain qu’il y a des loups ici. Ils vont vouloir me manger.

Alors qu’il semble toujours confiant en avion, mon fils développe de nombreuses peurs qui impliquent des animaux lorsque nous roulons vers une destination qu’il ne connaît pas. Il nous avait fait la même chose lors de notre road-trip vers Cape Cod (où il avait peur des ours polaires!) et New York (qui alimentait aussi sa peur des loups). Il a toutefois été rassuré rapidement une fois à l’hôtel. Ouf! 

Joie… toujours omniprésente

Malgré toutes les émotions qui se sont succédées au cours de ce road-trip entre Saguenay et Ottawa, c’est la présence de Joie qui fut dominante. Les garçons étaient heureux de jouer avec leurs nouvelles figurines, de se raconter des histoires et de partir à l’aventure en famille. Joie fut aussi avec nous pendant le séjour et lors du trajet pour rentrer à la maison. Nous avons adoré ce voyage en famille, dont nous vous parlerons en détails lors de prochains billets.

pixiz-31-05-2016-22-26-55