Mars 2016 en livres : Malraux, Steinbeck, Druon, Amérindiens, Fitzgerald, Simetierre & Flagler !

Retour sur mon petit marathon de lecture du mois de mars, un mois si propice à l'évasion ! L'occasion pour moi de découvrir des classiques sur lesquels mes yeux ne s'étaient jamais posés, de dévorer avec passion un nouveau Stephen King, d'être fasciné par des livres historiques peu communs, et même d'achever la série des " Rois Maudits " ! Retour sur 7 lectures et deux coups de coeur!

LA CONDITION HUMAINE (André Malraux - 1933)

L'histoire :Mars 2016 livres Malraux, Steinbeck, Druon, Amérindiens, Fitzgerald, Simetierre FlaglerMars 2016 en livres : Malraux, Steinbeck, Druon, Amérindiens, Fitzgerald, Simetierre & Flagler !

" Outre l'irréductible échéance liée à la mort, outre les multiples et indicibles souffrances, n'est-il pas donné à tous de choisir son destin ? Certes la vie est tragique mais elle doit avoir un sens. Un sens, peut-être des sens, mais seuls quelques-uns aux vertus salvatrices s'offrent aux hommes pour les affranchir de leur condition. La Révolution, au nom d'une foi en la fraternité, est une arme tournée contre la misère, celle qui enchaîne l'homme parce qu'elle le prive de sa dignité. Vaincre l'humiliation en leur nom propre ou pour les autres par le biais de la Révolution, voici le combat que se sont choisis les héros de La Condition humaine. Pour échapper à l'angoisse de " n'être qu'un homme ", l'amour est un autre de ces moyens, mais seul l'amour véritable et fusionnel qu'éprouvent Kyo et May l'un pour l'autre est susceptible de briser la profonde solitude des êtres. Misérable humanité, humanité héroïque et grandiose, c'est " la condition humaine "... "

Mon Avis : J'étais très curieux de lire Malraux, un personnage particulier dont la trilogie asiatique m'attirait au plus haut point, surtout son ouvrage sur Angkor. J'ai été très ... surpris par le style du livre. Je ne m'attendais pas à ça ! Il y a beaucoup de politique dans ce livre, et il a même été très influent pendant la révolution chinoise. J'avoue que je ne connaissais pas beaucoup l'époque dépeinte dans cet ouvrage, la révolution chinoise communiste des années 1930 sous fond de concessions européennes en plein Shanghai. Sur le plan historique Malraux m'a intéressé, il arrive à retranscrire l'ambiance de la concession française avec facilité. C'est un livre sur les hommes, leurs destins, leurs choix, leurs réflexions au travers de cet événement historique qui va modifier la vie de chacun. Chaque personnage a son histoire, ses intérêts propres, sa philosophie, et à vrai dire il n'y a guère qu'un personnage ou deux qui m'auront réellement accrochés. Un livre que j'ai eu du mal à terminer, une histoire avec de nombreux personnages remplis de doutes, avec chacun leurs buts, leurs espoirs. J'ai aimé, mais ce n'est pas un classique instantané pour moi 😉

lisez Si vous avez aimé : " La voie royale " autre classique d'André Malraux.

" Les hommes ne sont pas mes semblables, ils sont ceux qui me regardent et me jugent ; mes semblables, ce sont ceux qui m'aiment et ne me regardent pas, qui m'aiment contre tout, qui m'aiment contre la déchéance, contre la bassesse, contre la trahison, moi, et non ce que j'ai fait ou ferai, qui m'aimeraient tant que je m'aimerais moi-même -jusqu'au suicide, compris....
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" George Milton et Lennie Small, deux amis, errent sur les routes de Californie. George protège et canalise Lennie, une âme d'enfant dans un corps de géant. Lennie est en effet un colosse tiraillé entre sa passion - caresser les choses douces - et sa force incontrôlable. Animés par le rêve de posséder leur propre exploitation, ils travaillent comme journaliers, de ranch en ranch.
L'amitié qui les lie est pure et solide, mais ne suffit pas à les protéger de la maladresse de Lennie. Une maladresse presque poétique, qui les conduit à changer sans cesse de travail, et qui laisse poindre à l'horizon un drame sans égal. "

Comme pour André Malraux, c'est ma première fois avec l'auteur, ici John Steinbeck. Écrivain californien, il arrive à dépeindre les ambiances de cette région au cours des années 1920 / 1930, et leurs lots de déboires. Un livre qui est en fait presque entièrement sous forme de dialogue, chose peu courante. Malgré cette forme d'écriture, Steinbeck arrive avec facilité à nous dépeindre ses deux personnages principaux et leur relation peu commune. Au coeur de cette ferme de Californie, on se prend de tendresse pour le géant Lennie Mon avis : " Small ", et son compère George, protecteur de ce grand enfant. Un livre dramatique, beau, humain, jalonné de nombreux dialogues savoureux, simples et percutants. Un livre culte qui m'a tout de suite touché.

" Napa Valley : au coeur du vignoble californien "

" - J'sais bien que, le plus souvent, Lennie est sacrément embêtant, dit George, mais on s'habitue à rouler avec un type et on peut plus s'en passer.
- Il n'est pas méchant, dit Slim. J'peux voir que Lennie est pas méchant pour un sou.
- Bien sûr, il n'est pas méchant. Mais il lui arrive toujours des sales affaires, parce qu'il est si bête. Comme ce qui lui est arrivé à Weed...
Il s'arrêta, en retournant à demi une carte. Il parut effrayé et glissa un coup d'œil vers Slim.
- Tu l'diras à personne ?
- Qu'est-ce qu'il a fait à Weed ? demanda Slim calmement.
- Tu l'diras pas ?... non, bien sûr ?
- Qu'est-ce qu'il a fait à Weed ? redemanda Slim. "

LES ROIS MAUDITS 7 : QUAND UN ROI PERD LA FRANCE (Maurice Druon - 1977)

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" Dans ce septième et dernier volume des Rois Maudits, c'est le règne de Jean II qui est retracé. L'Histoire a surnommé ce roi Jean le Bon, mais ce monarque fut, en fait, aussi vaniteux et cruel qu'indécis et incapable. La France est, à l'époque, en crise : les clans et les factions se disputent le pays, l'Angleterre revendique le royaume, les impôts sont écrasants, la peste fait des ravages et le roi accumule les erreurs. On suit, à travers le récit d'un haut personnage de l'époque, l'évolution du règne. Une épopée malheureuse et sanglante qui va mener le roi au désastre de la bataille de Poitiers ou il sera fait prisonnier des Anglais. "

Mon avis : 7ème et dernier tome de cette série fantastique que sont les Rois Maudits ! Un volume plutôt déroutant de prime abord, le mode de narration change totalement et l'on suit un narrateur qui nous explique les événements sous forme de dialogue. Je n'étais vraiment pas certain du résultat au début, puis l'histoire de Jean II et son échec nous fascine. Dans ce dernier tome, les éléments se déchaînent, et la pire période de la guerre de Cent ans est livrée sous nos yeux. Quel plaisir de continuer à découvrir le destin de ces rois, grands ou non, connaître une page entière de l'histoire de France qui ne nous est que trop peu contée, voir pas du tout. Un chapitre qui vient clore en beauté une saga littéraire hors du commun, d'une qualité et d'une verve unique d'un bout à l'autre. Merci Monsieur Druon, on en aurait pris encore 7 autres comme ça !

" L'étrange créature que l'homme ! Quand tout lui sourit, qu'il jouit d'une santé florissante, que ses affaires sont prospères, son épouse féconde et sa province en paix, n'est-ce pas là qu'il devrait élever sans cesse son âme vers le Seigneur pour lui rendre grâces de tant de bienfaits ? Point du tout ; il est oublieux de son créateur, fait la tête fière et s'emploie à braver tous les commandements. Mais dès que le malheur le frappe et que survient la calamité, alors il se rue à Dieu. Et il prie, et il s'accuse, et il promet de s'amender ... Dieu a donc raison de l'accabler, puisque c'est la seule manière, semble-t-il, de faire que l'homme lui revienne ... "
LES COUREURS DES BOIS ET L'UNIVERS RELIGIEUX AMÉRIDIEN

" Travaillant comme intermédiaires dans le commerce des fourrures, les coureurs des bois sont plongés au sein de cultures ou la " religion " est omniprésente. La chasse et le désir d'acquérir des pouvoirs pour devenir meilleur chasseur sont au coeur de cet univers spirituel. Loin d'être contradictoire avec leurs visées commerciales, cette vision du monde exerce sur eux beaucoup d'attraction. Une force contraire s'oppose toutefois à leur intégration : la présence de missionnaires catholiques. Pour ces derniers, les croyances et les pratiques autochtones sont d'inspiration maléfique. En les adoptant, les coureurs des bois tombent dans " Les filets du diable " et font obstacle à leur mission d'évangélisation. Ce livre raconte l'expérience de ces hommes qui, tout au long de l'histoire du commerce des fourrures , soit une période de plus de 250 ans, sans cesse tiraillés entre la nécessaire intégration aux communautés autochtones et l'opposition des missionnaires, ont dû apprendre le difficile art de vivre à la frontière de deux cultures. Un regard nouveau et dépaysant sur l'histoire de l'Amérique française ! "

Mon avis : L'histoire de la Nouvelle-France continue de me fasciner, je suis tombé sur ce petit ouvrage dans une libraire de quartier et je n'ai pas été déçu. L'auteur nous conte les liens que les coureurs des bois devaient nouer avec les amérindiens afin de finaliser des ententes commerciales. A travers le récit nous en apprenons beaucoup sur le milieu religieux amérindien, leurs liens avec les éléments et leur mode de vie. C'est un beau livre historique qui vient nous en apprendre un peu plus sur ces coureurs des bois, immergés dans la culture amérindienne, au point d'en prendre part, et qui seront mis en conflits avec les missionnaires catholiques, pour qui les pratiques des locaux sont diaboliques. Un récit plein de bonnes références, je l'ai tout de même trouvé un peu maigre, j'aurai approfondi un peu plus le sujet.

" Tout récit macabre doit avoir une origine ou un secret. "

" Dès sa naissance, loin d'être un beau poupon joufflu, Benjamin Button ressemble à un vieillard voûté et barbu ! Ses parents découvrent peu à peu qu'il rajeunit chaque jour : de vieillard il devient un homme mûr, un jeune homme, un enfant... Bénédiction ou malédiction ? "

Mon avis : Voilà un livre presque incomparable avec le film qui en a été adapté. Un peu comme pour les dents de la mer le mois passé, la lecture de cette petite nouvelle nous emmène loin de l'adaptation cinématographique. J'adore le style de Fitzgerald, nostalgique d'une époque révolue, cet écrivain me fascine un peu plus à chaque lecture. Le principe est le même que dans le film et l'on se plaît à suivre l'étrange histoire de cet homme né vieillard, et au travers de ce parcours, Fitzgerald nous donne un autre regard la société telle qu'il la perçoit. Une belle petite nouvelle qui se lit avec plaisir.

" On va tous dans la même direction, on prend des chemins différents c'est tout. "

" La famille Creed (Louis, médecin, sa femme Rachel, leur fille Ellie, le bébé Gage et leur chat, Church) viennent emménager dans la petite ville de Ludlow, dans une grande maison ancienne. Louis fait la connaissance du vieux Jud Crandall, son voisin d'en face, qui lui montre le quartier et particulièrement un petit cimetière aux animaux avec sa pancarte mal orthographiée créé par les enfants de la ville. Un jour, le chat se fait écraser. Creed décide de l'enterrer avant que les enfants ne découvrent le désastre, et demande de l'aide à Jud. Pendant qu'ils enterrent le chat, le vieil homme lui raconte à demi-mots une légende qui court sur ce cimetière. Puis le chat revient. Vivant. Mais pas tout à fait le même. Et c'est alors qu'un nouveau drame surgit. "

Mon premier coup de coeur du mois ! Après la grande déception que fut la lecture de Mon avis : " Brume " le mois passé, je me suis pris une méchante claque en lisant " Simetierre " ! Livre culte du grand King, écrit à son époque la plus prolifique, l'histoire nous embarque instantanément dans le Maine natal de l'écrivain, et l'ambiance nous enveloppe. J'ai retrouvé le Stephen King des grands jours, celui qui dès les premières phrases vous accroche pour le reste du livre, on y retrouve tout ce qui fait la magie d'un roman de King : Ambiance glauque, petite ville avec un secret, personnages superbement construits, dialogues savoureux ... je n'avais pas retrouvé autant de plaisir en lisant King depuis Duma Key ! Le final est mené de main de maître, l'intrigue est poignante : un grand coup de coeur !

Un article à lire : " Portland : surprenante capitale du homard "

Louis serra Ellie sur son cœur et continua de la bercer. Il savait, sans avoir aucun moyen d'en être sûr, ce qui la faisait pleurer ainsi: c'était le caractère irréductible de la mort, qui ne se laisse fléchir par aucun argument, pas même par les larmes d'une fillette, et qui est si cruellement imprévisible; et c'était aussi cette prodigieuse et funeste faculté qu'ont tous les humains de tirer de purs symboles des conclusions pratiques qui sont quelque fois belles et nobles et d'autres fois d'une noirceur terrifiante.

Henry Flagler and the spectacular rise and fall of the railroad that crossed an ocean

" Last Train to Paradise is acclaimed novelist Les Standiford's fast-paced and gripping true account of the extraordinary construction and spectacular demise of the Key West Railroad - one of the greatest engineering feats ever undertaken, destroyed in on fell swoop by the Labor Day hurricane of 1935. Brilliant and driven entrepreneur Henry Flagler's dream fulfillet, the Key West Railroad stood as a magnificent achievement for more than twenty-two years, heralded as " the Eighth Wonder of the World. " Standiford brings the full force and fury of 1935's deadly " Storm of the Century " and it's sweeping destruction of " the railroad that crossed an ocean " to terrifying life. Last Train to Paradise celebrates a crowning achievement of Gilded Age ambition in a sweeping tale of the powerful forces of human ingenuity colliding with the even greater forces of nature's wrath. "

Mon avis : C'est comme si j'avais attendu de lire ce livre toute ma vie ... ! Je suis fasciné par les Florida Keys, et plus encore que les paysages, c'est l'impressionnant système de ponts qui relie chaque île qui me subjugue à chaque visite dans cet archipel. Le défi technologique réalisé à l'aube du 20ème siècle par le milliardaire Henry Flagler et son équipe est une épopée fantastique. L'histoire, digne d'un roman à suspens, nous explique l'homme, son parcours, sa découverte de la Floride, le réseau de rails et d'hôtels qu'il réalisera le long de la côte de l'état, ce qui fait de lui le père de la Floride moderne. Avant lui on retrouvait uniquement quelques villages entre les marécages, après son passage, un réseau ferré et des installations hôtelières seront construites. Key West était encore à l'époque la plus grande ville de Floride, et le défi d'y amener le train était moqué de toutes parts. Au travers du livre, uniquement en anglais, le défi technologique des fondations sous l'eau, du poids des piliers, les tempêtes tropicales meurtrières, tout nous sera conté, chaque événement plus incroyable encore que le précédent. Le rêve d'un homme qui prend vie, la réalisation d'un chef d'oeuvre d'ingénierie qui encore aujourd'hui fascine chaque voyageur. On se prend à rêver et imaginer un train traversant l'océan au milieu des eaux bleues de Floride. Mon coup de coeur du mois .... de l'année ?!

Un article à lire : " Miami Beach : luxe et pastel les pieds dans le sable "