Thursday Thunder: motherhood challenge


Autant la semaine dernière, j’avoue que j’ai eu du mal à m’énerver, autant je suis remontée aujourd’hui! Je ne veux pas parler des difficultés de la maternité, des accouchements gores, des joies des nuits blanches, des maladies infantiles ni mêmes des crises d’ados….non, le motherhood challenge est apparement une nouvelle mode qui inonde les réseaux sociaux, notamment Facebook, en tout cas d’après la BBC (c’est ici). Déjà, ce doit être anglo-saxon, je ne l’ai pas encore vu passer sur les réseaux francophones, mais j’ai confiance, la bêtise mode n’a pas de frontière. Alors donc, le motherhood challenge reprend le modèle du oh combien intelligent ice bucket challenge, quand il fallait se verser un sceau d’eau glacée sur la tête et nominer (ça se dit?) des victimes gens après pour le faire. Au moins c’était pour une bonne cause…le motherhood challenge lui,  ne sert à rien d’autre qu’à mettre en valeur des mères, forcément parfaites. Ben voyons. 

 Thursday Thunder: motherhood challenge 
Donc vous postez une photo de vous, où l’on voit bien que vous êtes la mère dévouée, formidable, qui jongle allègrement avec les purées maison aux légumes bio et les cours de mandarin de l’aîné. Vous avez évidement une maison impeccable et des enfants tout propres ou l’inverse. Vous êtes toujours bien coiffée et souriante, et vous nominez des copines, parce qu’elles aussi vivent dans une pub d’électroménagers des années 50 sont des mères parfaites et voilà . C’est sensé améliorer l’estime de soi des mamans, lutter contre la dépression post natale , et sauver des bébés pandas. Ah. Évidement, un paquet de Mamans ont déjà tourné la chose en ridicule. Une comique a aussitôt lancé un contre challenge, le non motherhood, pour les femmes sans enfant, parce qu’elle en a marre de ces mamans qui se prennent pour des saintes, en mieux et méprisent celles qui n’ont pas enfanté.  Je la rassure, on peut avoir pondu et ne pas se complaire dans la perfection maternelle pour autant. On peut même trouver ça exaspérant…ces Ayatollah de la maternité parfaite me donnent envie de mordre. Je ne vais pas me faire des copines, mais il n’y a rien de plus banal que d’avoir un gamin. Pas au niveau personnel bien-sûr, mais en général, sinon, si c’était aussi extraordinaire, il y a longtemps que  l’espèce humaine n’existerait plus! Devenir mère ne fait pas de vous un être divin.  C’est d’ailleurs ce qui me gêne un peu (beaucoup) dans une certaine blogosphère parentale ( il y a aussi des filles géniales et très sympas, d’où le « certaine »!) , qui fait que je ne m’y sens pas bien du tout, ce culte de la maternité forcément parfaite, toute puissante et épanouissante.

 Pour reprendre l’article, il y a une sorte de fétichisme de la maman, et ça m’horripile. Être maman, c’est aussi ne pas avoir mis les pieds chez le coiffeur depuis trois ans, ne pas savoir si aujourd’hui le deuxième à judo à 4 heures ou si c’est la troisième qui a piscine à deux heures. C’est être crevée, courir partout,  avoir une maison en bordel permanent, et se moquer éperdument du jugement de SuperMums qui n’ont visiblement que ça à faire.  C’est faire son possible, faire du mieux qu’on peut pour ses enfants et puis c’est tout. Pas pour épater la galerie sur facebook ou ailleurs. On n’est pas des super-héros, et on n’a pas envie de l’être! Les SuperMums qui s’autocongratulent de leur perfection maternelle et sacrificielle feraient mieux de se détendre un peu, ça reposerait leurs gamins. 

Et surtout ce qui m’énerve au plus au point, c’est justement de se définir comme maman…ok, j’ai 5 enfants, et le NHS, les copines de mes filles, la factrice, tout un tas de gens se croient permis de m’appeler « Mum »… Ben non! J’ai une identité. Une personnalité. J’existais avant de faire des enfants , et je compte toujours, pas que en tant que maman. Je suis colérique, gourmande, curieuse, coincée, stressante. J’ai des opinions, des choses à dire, et pas juste parce que j’ai des enfants. Les mamans sont des gens  comme les autres, pas une catégorie à part qu’il faut poser sur un piédestal ou au contraire vilipender  simplement parce qu’elles ont fait des gosses et s’en occupent du mieux qu’elles peuvent. Évidement, pour reprendre la journaliste du Times, Libby Purves (je vous conseille son livre « how  not to be a perfect mother ») je suis prête à mourir pour mes enfants. Mais ce n’est pas la peine de le faire tous les jours non plus. La maternité, c’est naturel (et joyeux), pas une compétition ou un chemin vers le martyre.