Hashima (ou « Gunkanjima »), une ville fantôme insulaire

Hashima (ou « Gunkanjima »), une ville fantôme insulaire

Sa ressemblance avec un cuirassé japonais des années 20 (la classe Tosa) lui a donné son surnom « Gunkanjima » (qu’on peut traduire comme « l’Île-Cuirassé »), mais elle fait davantage penser aujourd’hui aux vestiges d’une bataille urbaine qu’à un engin de guerre. L’une des quelque 505 îles de la préfecture de Nagasaki, Hashima, toute grise de béton, est peut-être aussi la plus étrange de tout l’archipel japonais. D’une longueur de 480 mètres pour une largeur de 160, l’insulaire ville fantôme de Hashima, située à une quinzaine de kilomètres du port de Nagasaki, abrite les vestiges des premiers grands bâtiments de béton du Japon, érigés en 1916… et de l’un des espaces les plus densément peuplés de l’histoire humaine.

Hashima, vue de la mer

Hashima, vue de la mer

La ruée vers… la houille

En 1810, un important gisement de houille est découvert sur l’île, encore inhabitée. Plusieurs décennies plus tard, en 1890, le conglomérat Mitsubishi rachète l’île et décide d’y installer la main d’oeuvre, principalement des mineurs chargés de l’extraction du charbon. De 1889 à 1931, l’île de Hashima est aggrandie, pour atteindre ses proportions actuelles, qui en font une île semi-artificielle. Lors de la Seconde Guerre mondiale, Hashima accueille 800 travailleurs forcés de Corée du Sud et de Chine (les pays étant alors sous occupation japonaise), maintenus dans des conditions de misère et d’exploitation telles que 120 d’entre eux mourront. C’est d’ailleurs ce traumatisme historique qui explique l’opposition de la Corée du Sud à l’entrée de Hashima au Patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco, que souhaite le Japon.

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Hashima vue depuis la mer, en 1930

Un bâtiment d'appartements de Hashima vers 1930

Un bâtiment d’appartements de Hashima vers 1930

En 1950, la population atteint quelque 5300 habitants, ce qui, pour les 6,3 hectares de superficie de Gunkanjima, en fait alors l’espace le plus densément peuplé du monde : 83 500 habitants/km². En 1959, la densité atteint même, plus tard, les 84 100 habitants/km² pour l’ensemble de l’île et 139 100 hab/km2 pour le seul quartier d’habitations.

De la ville minière surpeuplée… à la ville abandonnée

L’île de Hashima connaît plus tard un rapide déclin économique, dû au remplacement de la houille par le pétrole comme principale source d’énergie de l’économie japonaise. L’activité des puits diminue au point que les derniers habitants sont évacués en 1974, Mitsubishi ayant décidé de fermer la mine. Les conditions climatiques, notamment le passage des typhons, accélèrent le délabrement des bâtiments et des installations minières abandonnés, qui contribuent à en faire aujourd’hui l’une des villes abandonnées ou « villes fantômes » les plus impressionnantes au monde, au côté de Pripyat (Ukraine) ou Keelung City (Taïwan). hashima-gunkanjima-ville-abandonne-ghost-town-04

Ouverture – limitée – au public

L’île reste fermé au public jusqu’à 2009, une période d’abandon suffisant pour se devenir un scenario post apocalyptique grâce à l’action du sel et des orages. À cause de l’état des constructions, l’accès est limité et ne suis qu’un chemin défini dans une côté de l’Île. Mais les touristes continuent en arrivant. Après le film « Skyfall », que prends Gunkanjima comme inspiration pour l’antre du rival de 007, Hashima a augmenté sa célébrité. Son histoire et architecture très proches à nos jours, captivent spécialement à ceux qui ont une fascination pour la dystopie et les films de désastres.

Infos pratiques

Le circuit incluant la visite guidée de l’île de Hashima dure environ 3h (dont une sur l’île). Plusieurs agences touristiques de Nagasakiproposent ce parcours. Les arrêts d’Ohato et Ourakaikandori, desservies par la ligne 1 du tramway, conduisent aux arrêts Nagasaki Port Ferry Terminal et Tokiwa Terminal. Plus de détails sur Japan-Guide.com.

Sources : Wikipedia, Japan Guide, Edition.CNN.com.
Pour prolonger : « Japan’s 007 island still carries scars of wartime past », sur Edition.CNN.com.
Crédits photo : Wikimedia Commons.