Mon magazine et moi


Mon magazine et moi
J'ai acheté mon premier magazine Miss, avec les quelques francs que j'avais réussi à mettre de côté, au tout début de mon adolescence.Je suis tout de suite devenue accro au truc, et ce fut le début de mon addiction aux magazines de filles.Je me souviens encore de mon impatience mensuelle, et de ma déception aussi, quand mon père revenait du kiosque avec son journal pour seul compagnon... 
Miss n'était pas encore arrivé...Il allait encore falloir attendre...

Je ne m'en suis évidemment pas rendue compte tout de suite, mais ce magazine a clairement contribué à mon éducation.En effet, je n'ai jamais parlé de mes relations aux garçons, de sexualité, de contraception avec mes parents, je les ai toujours mis à distance sur ces sujets.Je laissais Miss se charger de ce boulot, parce qu'il le faisait mieux que quiconque!Qui d'autre aurait pu m'expliquer, sans rougir, et avec autant de détails, comment embrasser un garçon avec la langue, tout en continuant à respirer et sans lui baver dessus...?Pas mes parents en tout cas!Nous, les adultes, avons souvent les mêmes réponses quand il s'agit des premières fois : "Tu verras bien quand ça t'arrivera, laisse parler ton coeur"...C'est tellement vrai... Mais tellement abstrait à 14 ans quand on y pense!A 14 ans, mon cœur, à moi, il ne m'expliquait rien...A 14 ans, mon cœur, il me tétanisait...Et je dois bien admettre que Miss m'a vraiment filé un coup de main pour aborder plus sereinement mes premières fois tout au long de mon adolescence.Et c'est sans parler des complexes...Comme toute bonne adolescente qui se respecte, j'avais des complexes.J'étais très timide, mal dans ma peau sans vraiment pouvoir l'expliquer.Et ça me rassurait de lire que c'était plutôt normal à mon âge, et surtout que je n'étais pas la seule!Parce qu'on ne parle pas trop de ça avec ses copines à l'adolescence.Je disais à mes amies que je leur confiais tout, mais c'était faux bien sûr.Autant j'étais à l'aise pour leur raconter mon premier rendez-vous avec l'amoureux, autant je ne parlais pas de ce mal être... Et elles non plus d'ailleurs.La lecture de ce magazine me redonnait confiance... Pour quelques heures en tout cas!Aujourd'hui, chaque mois, c'est Biba que j'achète.Bien sûr, avec Biba, ce n'est pas la même histoire.J'ai davantage l'impression d'aller y puiser des infos, des inspirations, que d'y chercher des réponses fondamentales d'adolescente.Cela dit, je pourrais me contenter des webzines et des blogs, et ça me suffirait largement en terme de contenu.Mais je ne m'en contente pas, et quelque chose me pousse chaque mois à franchir la porte du kiosque.Biba a détrôné Miss sur ma table de chevet depuis bien longtemps déjà, mais rien a changé au final, le processus et le support demeurent.J'aime encore cette attente, moins intense mais présente, chaque mois.J'aime encore vaquer à mes occupations avec mon magazine en poche, fraîchement acheté, en me réjouissant du moment où je vais pouvoir le lire.J'aime encore lire et relire les éternels sujets qui intéressent les filles et me sentir "normale" face à mes préoccupations.Alors je crois que c'est tout ça que je viens chercher dans mon magazine chaque mois.Tout ça, et la fonction que je lui ai accordée à l'adolescence, à savoir un fidèle compagnon de route qui me réconforte.Un peu comme un objet transitionnel...Un doudou quoi.