En rentrant, je passe sous le pont qui relie le quartier de Causeway Bay et celui de Wan Chai. Là, aux côtés de la route, se trouvent plusieurs autels rougeâtres, recouverts de fruits, d'encens, d'images diverses... et devant lesquels sont posés des tabourets en plastique.

Plus l'on s'approche et plus le bruit est fort : Tac tac tac tac. L'une des dames frappe avec une chaussure à talon écarlate sur un papier.

Même si je les ai déjà observées de nombreuses fois du coin de l'œil, ça ne cesse de m'étonner, puisque ces dames qui cognent, brûlent des choses et font tout ce bruit sont des sorcières, engagées pour conjurer le mauvais sort.

En effet, la méthode qui se nomme da siu yan, est une sorte de pratique vaudou, également appelée " frapper le vilain " et cela permet de maudire ses ennemis en utilisant la magie. Rien de moins.

La femme qui tape frapperait donc les ennemis de ses clients... soit un ennemi direct (un chef malveillant, un camarade, un voisin, le nouveau petit ami de votre ex, ou que sais-je), soit un ennemi plus célèbre (un homme politique par exemple...).

De mon côté, je n'ai pas osé tester. Je dois être un peu superstitieuse... j'aurais trop peur de faire du mal à quelqu'un en faisant simplement une expérience. Mais ma collègue Claudia a étudié le phénomène (et a écrit un article à ce sujet pour les curieux).

Si cela peut faire sourire et sembler désuet, la pratique n'est pas complètement exotique. En effet, je me souviens des récits de mon enfance où ma grand-mère et ma grand-tante se jetaient des sorts à coup de sel béni, dans une petite région valaisanne.

Comme quoi, à Hong Kong ou en Suisse, il faut être prudent et ne pas froisser ses proches. Qui sait vers quels sorcières ou autres subterfuges ceux-ci pourront encore se tourner... 😉