17 avril – Je suis allée voir un opéra cantonais!

Hier soir, j'ai eu l'immense chance de pouvoir accompagner mon amie Stéphanie, sa tante et son oncle à l'opéra cantonais (alias daai hei - grand spectacle!) dans le sublime théâtre Sunbeam de North Point. J'étais trop contente, c'était sur ma to-do-list depuis un moment déjà et cela m'intriguait beaucoup.

En arrivant sur place, je ne m'attendais à rien du tout. J'avais pu, il y a deux ans, aller à une initiation à cet art au West Kowloon Theater, mais à part cela, je n'y connaissais pas grand-chose. Je savais juste que ce serait très long, et que les costumes seraient splendides.

Le résultat a été bien au-delà de toutes mes espérances. C'était MA-GNI-FIQUE !

Nous sommes donc allés voir la pièce intitulée Di Nu Hua (en cantonais, ça se prononce : Daai Leoi Fa) et cela signifie en gros, la fille du roi fleur (j'ignore comment traduire ceci correctement).

Cet opéra est - paraît-il - l'opéra mythique de l'opéra cantonais, au même titre que Roméo et Juliette ou Carmen chez nous! L'histoire était passionnante et alambiquée... accrochez-vous.

En résumé, cela raconte la vie de la princesse Changping, alias Gung Ju en cantonais, fille de l'empereur Chongzhen, de la dynastie Ming, et de son promis, Zhou Shixian. Dans le spectacle, la princesse et Zhou se fiancent. Mais la guerre fait rage, et le chef de la rébellion paysanne, Li Zicheng, assiège Pékin et renverse le pouvoir en place pour créer la nouvelle dynastie des Shun. En Chine, lorsqu'une dynastie en détrônait une autre, les nouveaux arrivants torturaient et mettaient à mort les hommes composant la famille royale, tandis que les femmes étaient prostituées de force. De ce fait, sentant son heure venir et pour garder l'honneur de sa famille, l'empereur Chongzhen donne alors aux siens des cordes rouges pour qu'ils se suicident. Une scène terrifiante où tout le monde meurt s'ensuit... Dans la cohue, Gung Ju se fait blesser au bras et tombe dans les pommes. C'est alors que le ministre Chou Chung trouve la jeune princesse et réalise qu'elle est vivante. Il se décide à la cacher chez lui. Mais le ministre a une idée derrière la tête : il souhaite attendre que la jeune fille se remette pour ensuite la rendre au nouvel empereur, en échange de richesses et d'un poste d'officiel au sein de la cour, pour lui et son fils. Quand la princesse l'apprend - par l'entremise de la fille du ministre avec qui elle s'est liée d'amitié - elle fait croire qu'elle s'est suicidée par noyade et part se cacher dans un temple et vivre comme une nonne. Pendant ce temps, le fiancé de la princesse, Zhou découvre par hasard (je n'ai pas bien compris comment) que celle-ci est bel et bien vivante. Il se rend donc au temple pour la voir, où ils parlent notamment de l'identité de la princesse (jusque-là restée secrète). Un des employés du temple entend tout et part avertir le ministre que Gung Ju est vivante.

Le ministre convainc alors le prince et la princesse de se rendre au palais pour rencontrer le nouvel empereur et plaider leur cause : les laisser se marier... Ils acceptent. L'empereur Li Zicheng est ravi. S'il laisse les tourtereaux se marier, cela apaisera les fidèles de la dynastie Ming et son pouvoir politique en sera renforcé. Mais le prince et la princesse ont une autre idée derrière la tête. Comme Li Zicheng tient absolument à ce qu'ils se marient, ils ne le feront que sous certaines conditions, dont l'obtention d'un enterrement en bonne et due forme pour le père de Gung Ju, l'ex-empereu r.

Li Zicheng accepte et Gung Ju et Zhou se marient finalement. Mais... afin de rester fidèles aux Ming et ne pas trahir son père, les deux amoureux boivent du vin empoisonné le soir de leur mariage. Leurs morts témoignent de leur loyauté envers leur dynastie et de leur devoir filial envers leurs parents.

Pour tout vous dire, avant l'opéra, j'ai fait mes devoirs. J'ai lu le résumé en détail, ai trouvé un site résumant acte par acte ce qu'il se passait, et j'avais révisé un peu mon cantonais pour comprendre l'essentiel.

Pendant la pièce, heureusement, mon amie Stéphanie m'aidait à cerner les points principaux de l'histoire... ce qui n'était pas évident, les opéras cantonais mêlant cantonais classique, quelques mots du dialecte de pékin en honneur aux opéras d'antan... et le vocabulaire de la cour, des dynasties et des princesses qui n'est clairement pas au programme dans mon bouquin de vocabulaire. Il y avait des sous-titres... mais en chinois. Ça ne m'était donc pas vraiment utile.

La pièce en elle-même était stupéfiante. Je ne m'attendais pas à de tels décors... des costumes étourdissants et un jeu de scène très visuel qui m'a vraiment permis de rentrer dans l'histoire. A plusieurs reprises, de la neige est tombée sur scène. Ils ont aussi représenté une pluie de pétales de fleurs. C'était si beau qu'à chaque lever de rideau, je ne pouvais m'empêcher de pousser de petits cris de surprise!!!

L'opéra en lui-même durait 4h. Chaque scène était entrecoupée de longues pauses où les gens papotaient, se levaient, sortaient... et ce qui me permettait de rapidement lire la trame de la scène à venir. La musique était vraiment très atypique pour mes oreilles, mais j'ai aimé et elle servait vraiment l'histoire. Les gens étaient très enthousiastes et certains membres du public chantaient même pendant les airs " connus " (moi je n'en connaissais aucun, évidemment).

Je m'attendais à trouver le temps long. Je n'ai pas vu la soirée passer. C'était une magnifique expérience que je ne peux que chaudement recommander - mais avec un minimum de préparation.

Pour ma part, je retournerai avec plaisir à l'opéra cantonais.