Happy Saint Patrick’s day!

Comme tous les ans pour le 17 mars, je me répands en joie celtique, c'est la Saint Patrick! Je ressors donc mes collants verts explications limpides. Je rappelle pour les petits nouveaux que Marichéri et moi nous considérons comme des irlandais honoraires. On a vécu 10 ans près de Dublin, on s'y est marié, on a produit 3 irlandais (et 2 anglais, c'est dire à quel point on supporte la paix entre les peuples et tout ce genre de chose). Marichéri a même été invité à faire partie du groupe des expats irlandais au boulot. Quand on a décidé de quitter Brexitland, notre premier réflexe a été de vouloir " rentrer " en Irlande. Ça n'a pas été possible, pour de bêtes raisons de transport (c'était beaucoup plus pratique d'être à une portée d'eurostar du boulot pour Marichéri que de dépendre de Ryanair), mais on a vraiment été déçu. Enfin bref, Lá fhéile Pádraig sona dhuit!

Happy Saint Patrick’s day!

Je ne voulais pas faire dans la controverse non plus, en parlant de l'histoire légèrement pétulante entre l'Irlande et l'Angleterre, alors je vais me concentrer sur la beuverie immonde les fêtes traditionnelles de Saint Patrick. Je parle de l'Irlande bien sur, pas de l'Amérique, alors que c'est pourtant là qu'a eu lieu la première parade, organisée par des touristes soldats irlandais qui s'ennuyaient ferme à coloniser dans le coin au service des britanniques en plus. Le monde à l'envers. Mais bon, en Irlande, il faut bien reconnaître que les premières saint Patrick ne sont pas follement désopilantes. On peut même les qualifier de franchement tristounettes. Il y a une messe. Voilà. On est bien content. Certains portent du vert, dès le 17 eme siècle même, mais c'est plus par convictions religieuses que dans un effort festif pour promouvoir l'industrie du tourisme locale. Bref, tout ça est terne.

En 1903, la saint Patrick devient un jour férié, grâce au parlement britannique et à un député irlandais visionnaire, O'Malla, qui a donc fait plus pour le développement de la Guinness dans le monde que toutes les campagnes marketing qui ont suivi. On se dit qu'on est sur la bonne voie mais manque de chance, les pubs doivent fermer ce jour là. C'est ballot. Je vous passe les diverses péripéties rigolotes de l'histoire irlando-britannique, mais figurez-vous qu'en 1921, presque sans famine, sans bain de sang, sans répression sauvage d'insurrection jusque dans la poste centrale (et ça n'avait strictement rien à voir avec un retard de courrier), sans massacre d'innocents spectateurs dans un stade, et sans acte terroriste aveugle , sans exécution sommaire, sans représaille sauvage...oui bon d'accord, mais j'ai dit au début que je n'allais pas polémiquer...Reprenons. Par un beau matin de 1921, la république d'Irlande se réveille en étant indépendante. Il faut marquer le coup, et rien de mieux qu'une fête nationale pour célébrer la chose dignement.

Mais vous savez ce que c'est, à force de s'insurger contre un colonisateur, on prend des habitudes. On ne va pas risquer la neurasthénie bêtement en déposant de jolies armes encore en état de marche alors qu'on peut très bien s'entretuer avec une petite guerre civile, à la bonne franquette. Bref, les irlandais sont légèrement débordés tout de suite après l'indépendance et il faut attendre 1931 pour la première parade de saint Patrick, à Dublin. Et encore, c'est un defilé militaire avec trois flonflons, rien de très amusant. En plus, jusqu'à en 1970, les pubs sont toujours obligés de fermer. Ce n'est pas qu'on s'ennuie mais bon...en 1996, les irlandais se disent que ça suffit comme ça. Les américains, les australiens, les canadiens et autres les ridiculisent à organiser des fiestas pas possibles tous les 17 mars pendant qu'eux continuent à regarder sagement défiler trois majorettes, une chorale religieuse, deux fanfares militaire et les années fastes, un tracteur distribuant des chips. C'est inadmissible! Le gouvernement lance le Saint Patrick Festival et c'est un succès total. De trois jours au début, il passe à 5, et c'est la joie, la Guiness coule à flots, les touristes viennent du monde entier, c'est une célébration délirante de l'Irlande. Il était temps.

Je précise que c'est un pur hasard si Marichéri et moi sommes arrivés en Irlande l'année du premier Saint Patrick festival, en 1996. D'ailleurs, je n'aime pas la Guinness, par contre, toujours pour faire irlandais, je vous conseille un snake bite: liqueur de cassis, bière blonde et cidre. Joyeuse Saint Patrick!