A very british Christmas

J'ai déjà évoqué de multiples fois les Noëls anglais, qui me manquent beaucoup et les difference ou similitudes dans les traditions noelesques entre mes deux pays (oui, même après bientôt 3 ans en France, l'Angleterre pré-brexit reste encore un de mes chez moi). Enfin bref, je disais, avant de me perdre dans un trou de l'espace-temps, que les Noëls anglais sont bourrés de traditions et j'ai voulu savoir d'où elles viennent, ça me permet de massacrer l'histoire et, hop, comme dirait L'Ado qui maîtrise parfaitement le français mais pas trop non plus, je tue deux oiseaux avec une pierre! (Je précise pour les amoureux des animaux que c'est non violent et que jamais je ne toucherai à un cheveu d'un oiseau, au contraire, mais c'est un anglicisme traduit mot à mot).

A very british Christmas

Alors donc, les anglais mangent de la dinde à Noël depuis Henry VIII, mais je ne pense pas que ce soit une allusion à ses épouses successives. Cela dit, sa fille Elizabeth a tenu à célébrer la défaite de l'invincible armada (battue non par la puissance militaire anglaise mais par la météo anglaise, je le rappelle) en demandant à tous de manger de l'oie au Noël suivant, en 1588. Je ne vois pas trop le rapport entre une tempête qui fait couler les bateaux ennemis par un heureux hasard et noël, ni entre les espagnols et les oies, mais bon...au rayon nourriture, il y a aussi les mince pies, mais j'en ai déjà parlé, je ne reviens pas sur leur histoire. Passons à la déco: il faut attendre le mari de Victoria, Albert qui était un chouïa allemand quand même, pour voir apparaître les premiers sapins de noël décorés en Angleterre.

Puisqu'on parle des Victoriens, les Carol singers qui figurent dans toutes les adaptations Dickensiennes qui se respectent (ou pas d'ailleurs parce que franchement, l'histoire de Grooge et de ses visions noelesques a été massacrée à toute les sauces, et je ne parle plus des oies et des dindes de tout à l'heure), je disais les Carol singers poussent la chansonnette depuis le treizième siècle, mais ils ont fait une pause sous Cromwell. Ce petit comique pourtant ultra religieux, les avait interdit, c'était trop festif pour lui. D'ailleurs, le guilleret Ollie avait interdit toute célébration et autre rassemblement autres que la messe de Noël, et encore, il fallait probablement y faire la gueule, pour ne pas passer pour un papiste rigolard. Par contre, on avait intérêt à y aller, à cette messe de noël solennelle et tristounette. Quel Grinch, ce Cromwell! Sinon, pour revenir à Dickens, c'est encore lui qui a popularisé le mythe du noël blanc, sous la neige, alors que statistiquement, on a plus de chance de passer un noël anglais sous la pluie que sous la neige. C'est bien simple, il ne neige pratiquement jamais à noël, sauf trois ou quatre fois au début du dix-neuvième, c'est à dire quand Dickens était petit, du coup, il a recasé ses souvenirs de white Christmases qui étaient donc mémorables parce qu'exceptionnels.

Les indispensables Christmas crackers ont eux été inventés en 1840 par un confiseur londonien, Tom Smith qui a outrageusement copié les bonbons français, d'où l'emballage typique. Il y a rajouté des breloques et des charades. Aujourd'hui, il y a d'infâmes merdouilles en plastique (que celui qui a eu l'idée criminelle d'y mettre un sifflet se dénonce immédiatement!), une blague nullissime à faire passer celles des carambar pour de la grande littérature, et une couronne en papier qui fait que tout anglais passe le repas de noël avec un origami raté sur les oreilles. Par contre, les Christmas jumpers, les pulls moches de Noël ne datent que de 1918...enfin, ils datent de l'épidémie de grippe espagnole quand le gouvernement a recommandé aux anglais d'en tricoter, d'en porter et donc d'en offrir pour des raisons sanitaires. De suite, c'est moins festif, mais ça ramène à l'actualité. Au départ, les Christmas jumpers n'étaient pas moches, enfin pas intentionnellement, mais avaient juste des motifs géométriques plus ou moins nordiques ou celtes. Il faut attendre les années 60 pour qu'ils commencent timidement à ressembler aux horreurs volontaires d'aujourd'hui, puis il y a une explosion du mauvais goût dans les années 80, évidemment.

Voilà qu'on est dans les eighties, ça n'est plus du tout historique (le premier génération Z qui vient faire son malin, je le mords, tu as compris L'Ado? Non mais). On va revenir en arrière, avec la plus vielle tradition de noël que j'ai trouvée, c'est tellement vieux qu'elle pré date noël en Angleterre, c'est dire. Elle n'est pas non plus réservée aux anglais, puisqu'il s'agit d'une coutume amenée dans leurs bagages par les envahisseurs saxons, à savoir le mistletoe, le gui. Les druides (aaah, il y avait longtemps que je n'avais pas parlé d'eux, je me demande si ils vont encore me maudire sur plusieurs générations et par email, les druides sont modernes), le récoltaient aux solstices d'été et d'hiver, c'est à dire aux alentours du 21 décembre. Forcément, ils avaient des fagots entiers de gui qui traînaient partout après, ça encombrait. Quelqu'un a eu l'idée de le suspendre, pour arrêter de se prendre les pieds dedans et comme le gui était un symbole de fertilité, on a commencé à se taper la bise dessous, ou juste à arrêter de se taper tout court, et voilà. Bon après, les victoriens encore eux, ont inventé toute une étiquette fastidieuse de kiss under the mistletoe, mais ils étaient beaucoup moins comiques que les druides aussi. A noter que c'est aussi aux victoriens qu'on doit la tradition des Christmas cards, les premières datent de 1846.

Et bien sûr, on dit merry Christmas et non happy Christmas depuis le moyen âge, ce qui signifiait qu'on vous souhaitait globalement de fêter noël en profitant d'une très bonne bouffe extrêmement arrosée, pour ne pas dire d'un état d'ébriété avancé. Let's be merry!