Milano / Napoli

Milan 1970 © Roland Meige Milan 1970 © Roland Meige Naples 1986 © Roland Meige Naples 1986 © Roland Meige

L’Italie, et en particulier la Lombardie et la Campanie, ses deux régions les plus peuplées, vont être les  plus touchées d’Europe par la pandémie qui s’éternise. La Lombardie lors de la première vague de ce tsunami, la Campanie lors de la seconde. Régions sinistrées non seulement au plan sanitaire, mais également au cœur de leur vie sociale. L’Italie est le pays où les rapports sociaux sont les plus vifs, les plus spontanés, où le besoin d’échanges, de proximité, est viscéral. Et pour cela, il y a les espaces publics, de toutes tailles, de tous genres, dans les villages, les bourgs et les villes.

Les deux capitales provinciales ont en commun des sites emblématiques de l’urbanité, la Galleria Vittorio Emanuele II à Milan, et la Galleria Umberto I, à Naples. Deux monuments presque jumeaux,  lieux du voir et du paraître. A Milan, elle relie, sous ses élégantes verrières, Piazza Duomo, et Piazza della Scala. Le Dôme de Milan, extravagance hybride, Teatro della Scala, temple de l’art lyrique, on ne sait lequel des édifices est le plus théâtral. A Naples, elle ouvre sur le lieu mythique du belcanto, le Teatro San Carlo. Entre ces deux centres, il y a ce que Leonardo Sciascia, dans « Le jour de la chouette »,  décrivait comme « la ligne des palmiers », la césure entre l’Italie du nord, industrieuse, dynamique, et le sud, le Mezzogiorno, dont on retient surtout le chancre de la mafia.

La photo ci-dessus à gauche, a cinquante ans, elle date de 1970, prise dans l’axe du portail donnant sur Piazza della Scala; on y devine la statue de Léonardo da Vinci. A droite, les larges tentes de Biffi, célébrissime café-restaurant, délimitant sa terrasse. Mais regardez aussi les personnages, leurs tenues, toute d’élégance discrète : le style milanais, de l’époque.

A Milan, 56 Corso Italia, ce grand axe nord-sud qui part de Piazza Duomo vers Porta Lodovica, c’est l’adresse du 3e régiment des bersagliers, auquel étaient attachés les jeunes héros du roman historique « Le cheval rouge » Eugenio Corti ( Edit. Noir sur Blanc, 2019. 1’400 pages ). Corti (1921-2014), sur fond autobiographique, brosse un diorama de l’histoire italienne entre 1940 (le corps expéditionnaire italien en Russie), aux débuts des années 1970. L’ouvrage, où prédomine l’idéologie démocrate-chrétienne, paraissant en 1983, s’inscrit en contre-point du « marxisme délayé » (in : préface de F. Livi ) qui domine alors l’intelligentsia italienne. Le fil rouge est une famille de la classe moyenne du milanais, où Corti a ses racines. Phénomène littéraire en Italie, plus de trente rééditions.  Lecture pour une fin d’année en confinement, avec une bouteille de lambrusco à portée de main – pour tenir la distance…Auguri per tutti !
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