La crise de jalousie

Maintenant qu'il fait officiellement froid (c'est à dire que je me gèle depuis des semaines, mais maintenant, les locaux trouvent aussi qu'il commence à faire frisquet), Capucine la teigneuse daigne mettre un coussinet à l'intérieur. On est ravi mais cette intrusion intempestive perturbe Marcel.

La crise de jalousie

En été, Capucine vit dehors et n'apparaît que un milliard, 2500 quelques fois par jour, en nous gueulant dessus sauvagement avec des grâces de gorgone enragée pour qu'on remplisse sa gamelle. Elle nous couvre d'insultes quand on ne va pas assez vite, puis elle nous ignore totalement dès qu'elle a insurgé une demi bouchée avec un air dégouté, on est trop nul, c'est pas ça qu'elle veut, elle ne se dévoue à manger que par pure bonté d'âme, pour nous faire plaisir, mais elle nous hait. D'ailleurs, elle nous grince une dernière fois dessus en repartant, royale, dans le jardin, pour bien nous signifier tout son mépris. Sale bête. La comédie recommence 20 minutes après, et c'est comme ça toute la journée. Et la nuit. C'est impressionnant de gueuler aussi fort en étant aussi petite...enfin bref, là, l'acariâtre féline a froid et elle s'est souvenu que les humains ne sont pas que des distributeurs de bouffe, ils peuvent aussi faire chauffage. Elle a donc décidé de venir faire un tour dedans, d'y rester et de squatter sur des genoux qui trainaient. Elle pousse même jusqu'à ronronner...bon, la mise en route a été difficile, ça faisait plus moteur enrayé que ronronnement, mais on y arrive.

A côté de ça, on a Marcel, alias le pot de colle. Il va bien jouer dehors, mais c'est pour aller chasser les mulots dans le champs derrière la maison. Il s'empresse de venir nous les offrir, avec des joies de chien qui ramène la balle. D'ailleurs, Marcel joue à fetch: il court après les bâtons que lui jettent les enfants, comme un chien donc. Il adore les humains, lui. Il ne supporte pas d'être seul dans une pièce, il a besoin d'être collé à nous, il ne risque pas de nous abandonner comme le fait Capucine. Il nous montre constamment à quel point il nous aime, non seulement il ronronne comme une turbine, mais il a toujours la queue en l'air quand il nous voit, il en frétille même de plaisir, il nous lechouille, il vit sur nous...on n'a jamais eu de chat aussi collant sympa. Enfin, sympa jusqu'à ce que Capucine rentre.

Dehors, Marcel voue une admiration évidente à Capucine: il la suit, il la copie et il lui obéit. Quand il a réussi à se coincer dans un arbre et qu'on n'arrivait pas à le faire descendre, Capucine est arrivée, majestueuse, et elle a juste miaulé un ordre à Marcel qui est descendu sans moufter, puis elle est repartie, l'air de rien. On était très impressionné. Mais visiblement, il ne se souvient plus qu'elle était rentrée aussi l'hiver dernier...au départ, il était content de la voir arriver: enfin une camarade de jeux à l'intérieur parce qu'il faut pas compter sur Penny, certes elle ne met pas un coussinet dehors, mais elle a la vivacité d'une moule cuite. Allez viens Capucine, on va jouer! Sauf que Capucine n'a pas eu un regard pour cet excité de Marcel et qu'elle s'est donc posé sur moi. Et là, Marcel est devenu fou. On aurait dit un gamin hyperactif: regarde moi, regarde moi, regaaaarde moaaaa! Il sautait sur place, il me donnait des coups de pattes, il faisait le beau...je suis sûre que capucine, vicieuse comme elle est, se marrait intérieurement de voir ce pauvre Marcel en pleine crise de jalousie.

Depuis, ça recommence à chaque fois qu'elle rentre. On la soupçonne même de rentrer plus souvent juste pour faire enrager Marcel qui ne sait plis quoi faire pour attirer l'attention dès qu'elle est là. J'ai l'impression d'être revenue au temps des crises de jalousie des filles quand elles étaient petites (maintenant, c'est plus calme, elles boudent. Ça me va très bien). L'hiver va être long...

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