Halloween pour les non initiés

Publié le 14 octobre 2020 par Pomdepin @pom2pin

J'ai failli mettre " halloween pour les nuls " en titre, pour faire un clin d'œil, mais j'ai pensé que certains le prendraient mal. Parce que à chaque fois que je parle d'halloween, ça déchaîne des commentaires agressifs de gens qui n'ont jamais pris la peine de lire mes explications, mais qui sont forcément contre puisque j'ai l'air d'avoir l'outrecuidance de défendre cette fête. Ahah. Manque de chance, non seulement j'adore Halloween, mais je suis aussi têtue tenace. Alors, suite aux quelques grincements suscités par mes réponses à l'automne tag (où halloween n'était que vaguement évoqué, mais ça a suffit à énerver ces excités), je me décide à expliquer encore une fois. Je ne vais pas céder. Peut-être que quelques uns liront plus loin que le titre...attention, on va revenir aux sources multi millénaires d'Halloween et donc vous (les grincheux d'au dessus je veux dire, pas ceux qui sont là depuis longtemps et qui doivent en avoir marre de mes lubies halloweenesques), je disais vous risquez de vous rendre compte que ce n'est vraiment pas une fête américaine moderne. Non mais.

Je le répète, le martèle, le hurle depuis des années: Halloween est une fête traditionnelle irlandaise multi millénaire (ça a environ 3000 ans, rien que ça!). Ce n'est pas une invention américaine. Halloween est arrivée là bas dans les bagages des irlandais qui y ont émigré en nombres. Reprenons, Samhain pour reprendre son nom d'origine en gaélique, c'est quoi? Déjà, ça commence fort, j'ai appris avec ravissement que contrairement à ce que croient beaucoup (dont Wikipedia), Samhain n'était pas le dieu des morts pour les celtes, pas du tout, espèces de petits ignares non druidiques (druidesques?), mais ça veut dire fin de l'été, ou début de l'été. Et les druides d'aujourd'hui trouvent la chose d'une logique implacable, puisque figurez-vous que quand l'été finit ici pour les simples mortels non initiés que nous sommes (en tout cas, pour moi, après tout, je ne sais pas pour vous...si ça se trouve, il y a des tas de druides ou neo-païens selon le terme officiel, derrière leur écran en ce moment, prêts à venir m'attaquer à coup de menhir...), l'été donc finit ici en même temps qu'il débute dans l'underword, le monde souterrain des esprits maléfiques (je vous sens bluffés, là non? De là à dire que les Australiens ne sont rien que des farfadets et autres fantômes rigolos....bon, je m'égare).

Le 31 octobre était ainsi fêté, en Irlande (pas aux usa, j'insiste encore et toujours parce que ça m'énerve un chouïa) un peu comme le premier de l'an maintenant. On célébrait la fin des travaux des champs, le retour des troupeaux dans les étables et tout ça. On se préparait pour essayer de passer un hiver tranquille, sans que les méchants esprits, les fées malignes et autres joyeusetés (les Aos sí...aucune idée de la prononciation, mais il y a bien un joli accent sur le " i "), probablement désœuvrés puis qu'apparemment pour eux c'était les vacances d'été, ne viennent embêter les gentils humains innocents. Parce que ce jour là, des espèces de passages comme de vulgaires portillons, s'ouvraient pour laisser passer les Aos sí , l'air de rien, au milieu des gens normaux. C'est traître quand même un mauvais esprit, ça voit une porte ouverte et hop, ça se jette dans le monde des vivants, sans même avoir été invité. Quels malappris! Du coup, on leur déposait des offrandes (les treats) pour qu'ils retournent soigner leurs indigestions de sucre chez eux (c'est vrai, quand on est ballonné, on profite moins de ses vacances et on a qu'une envie, rentrer à la maison). On essayait de leur faire peur en se déguisant soi-même en esprit encore plus méchant, ou pour réciter des sortes de prières de protection en passant de maisons en maisons. Bref la tradition du " trick or treat " n'est ni nouvelle ni commerciale. Je dis ça sans insister lourdement bien sûr.

Tant qu'on y était (chez les celtes, on est comme ça, on ne va pas gaché une fête juste pour un truc, autant s'en servir à fond), on célébrait les ancêtres, surtout qu'on ne sait jamais, si ça se trouve la grande tante Aoife (ça se prononce Ifa) ou le grand père Darragh (c'est sobre, ça se dit juste dara) sont peut-être devenus des esprits eux-même, autant essayer de leur faire plaisir...les esprits des morts étaient donc très gentiment invités à participer aux festivités (ben oui, eux aussi pouvaient passer par la porte ouverte, ça devait se bousculer là dedans, entre les méchantes fées, les arrières grands-parents sans compter les cousins oubliés...une vraie pagaille. La gare de Liverpool Street à Londres aux heures de pointe, c'est calme en comparaison). On faisait des repas pas possibles, dans la joie, la bonne humeur et les vapeurs des ancêtres. On allumait de grands feux de joie, pour faire fuir les ignobles Aos sí, et purifier l'atmosphère pour survivre à l'hiver (je rappelle qu'on parle de trucs vieux de plus de 3000 ans. On avait une vie paisible à l'époque, si on ne se tapait pas un petit virus désopilant, style choléra, c'est qu'on se faisait embrocher gentiment par la tribu d'à côté). La tradition a été reprise par les chrétiens, et ça nous donne la Toussaint.


Bref, c'est vous qui voyez, mais je préfère les bonbons d'hallowe'en aux chrysanthèmes imposés. Et je préfère aussi être invitée à une fiesta sympa par mes arrières-arrières petits-enfants après ma mort que de recevoir des fleurs (ce n'est pas parce que je n'y crois pas que je ne peux pas apprécier l'intention, non?). Cela dit, à titre préventif, au cas où des neo-païens me liraient et se sentiraient un tantinet énervés par mes explications pourtant limpides, je rappelle qu'en Angleterre, j'étais pote avec une grande prêtresse druidique (elle est comptable dans le civil, comme quoi...), et qu'elle me trouvait très sympathique, elle!