Comment vendre sa voiture aux US en 20 jours

Publié le 17 juillet 2020 par Sarah Papas

Après 4 ans de bons et loyaux services de notre Mustang, il était temps de lui dire au revoir. L’âge commençait à se faire sentir. Et après une visite de routine chez le garagiste, la liste des pieces à remplacer s’allongeait :

  • suspension
  • pneus
  • parallelisme
  • boite à air
  • bougies
  • capote (ayant subies un vandalisme quelques semaines plus tôt, nous avions retrouvé la capote ouverte en deux…)

Ainsi, les frais au total approchaient la valeur de la voiture… Sans compter que nous devions aussi renouveler la « registration » d’environ 180$ (l’enregistrement de la voiture à renouveler tous les ans).

Si nous avions voulu garder la voiture pour collection, nous aurions sûrement fait faire les reparations. Mais le kilométrage élevé, 106 000 miles au total (bien que nous ayons conduit a peine 5 000 miles par an), ne nous le permettait pas.

Notre Mustang au cinéma

Alors nous avons dû trouver un solution pour la revendre. Et vite, car nous étions fin novembre, et nous avions prévu de déménager fin décembre au Texas.

Faire estimer sa voiture

Aux Etats-Unis, l’équivalent de l’argus s’appelle « Kelly Blue Book« (KBB). La premiere chose que nous avons donc fait a été de faire estimer la valeur de la voiture. Le site est simple et la fourchette d’estimation se fait dans la minute.

Dans notre cas, la Mustang était évaluée entre 2 000$ et 3 000$ (variation en fonction de l’état).

Les différentes solutions pour la vente

Suite à notre estimation sur le site du KBB, des agences nous ont contacté dans la foulée avec des propositions de rachat. Si cela vous arrive, notre conseil est de prendre le temps d’étudier les options qui suivent (triées de la pire solution à la meilleure pour nous) :

Craigslist

Craiglist est l’équivalent de « leboncoin« , mais comme dans sa version d’il y a 10 ans. L’interface est vieillissante, les arnaques y pullulent, et les annonces en double sont très courantes. Ce site permet la revente entre particuliers, mais avec tous ces inconvénients : 

  • faire les papiers soi-même,
  • assurer la transaction d’argent (les chèques de banque sont très souvent falsifiés),
  • prendre le temps de montrer la voiture, négocier.

Bref, beaucoup trop de contraintes lorsque le temps est compté.

CarMax

CarMax est un système de rachat – revente de voitures de particuliers très populaire aux US. A Los Angeles, c’est dans un immense hall blanc que sont disposés les bureaux des agents. Le parc de véhicules à l’arrière et aussi très impressionnant. On trouve de tout, pour tous les goûts. Le processus est simple :

  • un expert analyse et teste votre auto dans les moindres détails (ouvre le capot, regarde sous la voiture, teste la voiture),
  • il fait une estimation du véhicule, et vous fait immédiatement une offre de rachat en conséquence,
  • et éventuellement, vous rachetez un véhicule dans leur parc.

Pendant l’évaluation par l’expert qui a bien duré 3/4 d’heure, nous en profitons pour nous balader dans leur parc de voitures. C’est vrai qu’après tout, pourquoi ne pas racheter notre futur voiture dans la foulée. Nous étions intéressés par de petits SUV style RAV4, Tiguan ; eh oui, changement catégorique de style et de confort !

A l’approche de certains SUV, je vois tout de suite que le prix des modèles anciens (2012 par exemple) est seulement 2 000$ moins cher que des modèles 2017 vus en concessions… Bref pour l’achat, ce ne se fera pas chez CarMax.

L’agent nous rappelle dans son hall d’argent. Avant de nous dévoiler son offre, elle prend le temps de nous expliquer ce qu’ils ont analysé, et ce qui ne va pas sur la voiture. Effectivement, rien ne va ! Car malgré ses efforts pour cacher la proposition pendant ce temps interminable de blablatage, j’aperçois le prix sur le papier devenu transparent à la lumière des lieux. La reprise est très basse : seulement 1 200$ !!! Du coin de l’oeil, je perçois Sarah qui fixe l’agent de ses grands yeux de hibou, abasourdie. On est d’accord, ce ne sera pas non plus chez eux pour la revente. Dès le papier de la proposition en main, je me précipite vers la sortie, le déchire et poubelle – même pas en rêve.

Bidlane

Bidlane est une des agences qui nous avaient contacté suite à l’estimation KBB. Après les halls grandioses de CarMax, c’est dans un minuscule bureau que nous nous retrouvons cette fois.

Nous avions garé la Mustang sur la seule et unique place prévue à cet effet. Le repreneur, en costard/cravate, fait un bref tour de la voiture, démarre la voiture et voilà ! 2 minutes chrono – et hop, une estimation. On se doutait bien que, lui, n’irait pas se nicher sous la voiture à la quête de la moindre trace d’imperfection à chiffrer.

Avant de nous dévoiler son offre, il prend bien le soin de nous demander notre fourchette de prix. Ce qu’il veut surtout savoir, c’est notre prix minimum pour fixer sa propre proposition « un poil » moins cher ; ce qui fait une proposition finale à 2 300$. Je me souviens encore très bien de son air malicieux et de ses arguments tout naturel : « Seulement 200$ de différence, et on vous débarrasse de votre voiture maintenant, vous n’avez plus à vous en souciez ! Qu’est-ce que 200$?« . Il sait parler aux gens qui sont pressés de vendre ! De ce que nous comprenons, il achète des voitures pour les revendre sur le marché des enchères ensuite.

Malgré notre empressement, Sarah et moi aimons analyser toutes les possibilités avant de nous jeter dans la gueule du loup, même si ça nous prend un peu plus de temps. Nous repartons alors en conservant son offre si besoin, parce que celle-ci au moins, se trouve dans la tranche estimée de KBB, sachant que bien évidement, l’offre expire sous 3 jours.

L’échange en concession « Dealer trade-in »

Après réflexion et plusieurs heures de recherche, notre choix se tourne vers la revente, mais aussi vers l’achat d’une nouvelle voiture, dont un modèle précis : le VW Tiguan. Selon nous, c’est sûrement le meilleur rapport qualité/prix pour un SUV ici. Il faut dire que depuis le diesel gate, l’image de marque en a pris un coup.

Nous prenons alors un weekend entier pour inspecter et tester différents Tiguan trouvés sur le site cars.com dans différentes concessions. Nous avions 3j avant que l’offre de Bidlane expire. En un weekend, nous parvenons à voir 3 concessions VW. Nous avions en option :

  • soit de leaser un modèle neuf,
  • ou soit d’acheter un véhicule d’occasion certifié (des véhicules en fin de lease encore sous garantie constructeur).

Deux éléments ont joué dans notre décision ; le premier a été la proposition de rachat de notre Mustang par les concessionnaires. Nous avons eu 3 propositions du tout au rien :

  • 500$ (on imagine que le vendeur n’était vraiment pas intéressé pour faire de la reprise)
  • 2 500$ 
  • et 3 000$

Le second élément qui a joué dans notre décision était l’état et le prix du véhicule racheté.

Nous avons finalement choisi la concession qui nous a fait la meilleure reprise, et dont le véhicule à l’achat était en parfait état, avec tous les consommables remplacés récemment (pneus, etc).

Le financement de l’achat de la nouvelle voiture

Lease vs prêt

Nous avions déjà été confronté à cette question lors de l’achat de notre Mustang.

Le lease est intéressant car aucun frais de maintenance n’est à prévoir pour toute la durée du lease. A la fin du lease, soit vous rendez la voiture à votre concessionnaire, soit vous l’achetez d’occasion.

Avec un lease, vous payez la dépréciation de la voiture qui représente jusqu’a la moitié de sa valeur pendant les 2 à 3 premieres années. La voiture n’est pas à vous, mais à la concession. C’est comme une location.

A l’inverse avec l’occasion, vous achetez la voiture (via un prêt, ou bien cash comme nous avions fait pour la Mustang). Si vous l’achetez cash, la voiture vous appartient. Si vous faite un prêt, la voiture appartient à la banque jusqu’à la fin de votre prêt.

Dans cette deuxième possibilité, comme c’est un achat et pas un prêt, vous pouvez quand même revendre votre voiture même si votre prêt n’est pas terminé, mais il faudra déjà rembourser la banque du montant total du prêt qui reste à payer avant de percevoir une quelconque somme d’argent, et il peut arriver que vous aurez à rembourser plus à la banque, que le montant d’argent perçu par la vente de voiture. Ceci sera en fonction du marché de l’automobile à l’instant T.

Ce qui nous a fait penché vers l’achat d’une Tiguan d’occasion sont les options sur la voiture d’occasion par rapport à la neuve pour le même budget. On a préféré une voiture plus compact (la neuve avait 2 sièges en plus), mais avec un « moonroof » (toit vitré ouvrant), les sièges en cuir et chauffants (gros kiffe de Sarah).

Et on n’est pas non plus du genre à changer de voiture tous les 3 ans, donc au final sur la longue, c’est plus rentable d’avoir une voiture d’occasion car elle finira par nous appartenir si tout va bien.

Prêt en banque vs prêt en concession

Pour le financement, nous avions contacté notre banque en premier. Il vaut mieux avoir une idée précise du véhicule… ou même la description exacte de celui que vous avez trouvé.

Lors de notre rdv avec le conseiller, celui-ci nous donne une première idée du taux d’intérêt, et nous dit que nous recevrons notre « offer letter » dans les jours à suivre. Ce document est en réalité très important. Si vous ne le recevez pas come nous, pas de panique ! Il suffit de vous rappeler de la proposition de votre banquier, cela vous permettra ensuite de mieux négocier avec l’organisme prêteur de la concession.

Les concessions n’aiment pas que les banques soient incluses dans le process de vente. En effet, ils savent qu’elles sont lentes ce qui peut potentiellement faire annuler la vente. Dans notre cas, la concession s’est quasiment alignée sur la proposition de notre banque, même si nous n’avions pas de lettre de celle-ci.

En réalité les concessions font leur chiffre principal sur les réparations, consommables et prêts plutôt que sur la vente de véhicules.

La sortie de la concession

Pour Sarah comme pour moi, l’achat en concession était une grande première. Ni en France, ni aux US, nous avions acheté une voiture en concession.

Nous ne savons pas comment cela se passe en France mais voilà comment ça s’est passé pour nous à Santa Monica, une fois l’accord du prêt signé. Nous qui pensions que c’était fini, eh bien nous étions encore loin du compte ! Et pourtant il était déjà 18h passé…

Nous sommes maintenant invités dans le bureau du responsable finance. Ce monsieur aux ongles vernis, très gentil aux abords, commence a éditer le dossier, incluant le contrat, etc. Puis il nous sort un iPad, où notre mensualité y est affichée et sur lequel nous pouvons choisir des tas d’assurances :

  • crevaisons
  • pare-brises
  • rayures
  • difference de remboursement en cas d’épave « comprehensive insurance »
  • etc.

Nous étions déjà à notre capacité maximale pour rembourser. Notre assurance et AAA (l’automobile club qui fournit un dépannage gratuit par an moyennant un abonnement de 50$/an) couvrant déjà certaines de ces options, il est donc hors de questions de prendre la moindre option.

Nous déclinons alors toutes ces options très cordialement. Mais sous l’insistance et l’obstination de notre financier vendeur à nous déballer son discours commercial encore et encore sur notamment la « comprehensive insurance » – il ne veut pas que nous quittons son bureau sans opter pour ça – Sarah se met hors d’elle (comme rarement je l’ai vu), et finis par lui hurler que nous annulons la vente si nous devons payer quoique ce soit en plus. Un moment épique pour clôturer cette transaction !

Pour calmer notre furie, le financier fait alors mine basse, et nous inclus gratuitement cette assurance. Etonnement, il ne nous adressa que peu la parole ensuite jusqu’à la fin de sa journée.

Il est alors 20h passé quand il remarque un faute de frappe dans le dossier… Tout est à réimprimer !!! Epuisés, nous sortîmes malgré tout. Nous irons récupérer le dossier et le véhicule le lendemain.