Apprendre moyennement l’histoire anglaise en s’amusant, épisode 27

J'ai décidé, dans l'espoir de détendre l'atmosphère à ma petite échelle en cette période bizarre, de massacrer l'histoire de l'Angleterre, sans aucune compétence ni prétention autre que celle de faire rire un peu. Je vais d'ailleurs arrêter bientôt, non pas que j'ai épuisé le sujet, mais on est tout deconfiné ou presque. En attendant, résumé de l'épisode précédent: des tas de George, plus ou moins anglophone, plus ou moins sains d'esprit, plus ou moins débauchés, se succèdent à la tête de l'angleterre sans servir à rien d'autre qu'amuser la galerie. Pendant ce temps, les anglais vaquent à leurs occupations, et ils sont débordés.

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Pendant le règne des Georges, on s'amuse donc comme des petits fous, surtout en Écosse et en Irlande. Les écossais tentent de remettre un Stuart, James III sur le trône dès 1708. À part donner le nom de Jacobites, qui est très amusant, cette première tentative ne produit rien. Mais les écossais persistent et c'est pas malin puisqu'ils sont battus à plate couture à la bataille de Perth en 1715. Même les anglais commencent à en avoir marre de leurs bagarres incessantes, c'est dire si ils sont pénibles à ne pas vouloir se tenir tranquilles, ces écossais, voilà que même les anglais ne veulent plus jouer avec eux. Westminster promeut une loi destinée à désarmer les écossais, parce que c'est sûr, ça va les convaincre d'arrêter de se révolter. Ça marche tellement que paf, en 1719, les écossais se rebellent à nouveau. Cette fois, les anglais répliquent à coup de maçonneries, ça change, et commencent à construire des postes militaires de partout, ça va bien comme ça, pourquoi ils ne se laissent pas envahir tranquillement, ces écossais ? Le fils de James, le petit Bonnie Prince Charles prend la suite de son papa en 1745, avec l'aide des français qui ne vont quand même pas louper une occasion de taquiner leurs amis anglais. C'est parti pour une série de batailles sanglantes des deux côtés de la frontière, dans la joie et la bonne humeur et les représailles. Les anglais étant connus pour leur fair play, ils n'hésitent pas à mettre l'Écosse à genoux après la défaite des jacobites. La population n'en peut plus et accepte enfin sans trop renâcler l'act of union qui dissout l'Écosse dans le Royaume-Uni. Mais avec la paix, la prospérité arrive. Toute une nouvelle classe intellectuelle écossaise naît et elle va renforcer l'idée de nation écossaise et d'indépendantisme telle qu'elle existe aujourd'hui, avec Hume, Walter Scott, et des scientifiques comme James Watt ou William Cullen. Bref, en s'assurant la paix au dix-huitième, les anglais ont aidé à poser les bases des revendications écossaises de maintenant. Ça leur apprendra, tiens...

En tout cas, les petites péripéties des anglais en Écosse montrent bien que c'est le parlement anglais, Westminster qui décide et pas le roi. Les George successifs sont déjà plus ou moins décoratifs, comme Lizzie, pas plus. Les députés de la majorité parlementaire gouvernent, eux. L'homme fort de la période n'est pas un george, mais un Robert. Robert Walpole, député du Norfolk élu en 1701, est à la fois ministre des finances et leader de la chambre quand George II, qui se rend bien compte que c'est Rob le vrai chef, lui donne le 10 Downing Street en 1727. Walpole refuse mais en fait la résidence officielle du chef du gouvernement, c'est à dire lui. Sauf que comme ce n'est pas à lui personnellement, il peut toujours le faire entretenir par l'état. C'est un petit malin, ce Rob. Le titre de premier ministre n'existe pas encore mais c'est bien Walpole qui commande. Après Walpole, les Pitts père et fils deviennent successivement premier ministre, leur parti à tous les 3, les whigs reste au pouvoir jusqu'en 1806.

Pendant ce temps, la société géorgienne poursuit sur sa lancée du siècle précédent. Il y a une tripotée de scientifiques, de philosophes et d'auteurs anglais, de Jonathan Swift à Jane Austen en passant par Pope, qui ne feront rien qu'à embeter les écoliers anglais deux siècles plus tard. On voit aussi la naissance de la satyre et de l'humour britannique tel qu'on le connaît aujourd'hui. Ça doit être pour ça que j'ai une certaine faiblesse pour cette période...Les journaux fleurissent, à commencer par le vénérable Times, qui ne donnait pas encore dans la propagande, c'est l'essor des clubs de gentlemen, du cricket, de tout ce qui représente l'Angleterre dans l'imaginaire si peu imaginatif populaire. Les explorateurs anglais parcourent le monde et commencent à voler tout ce qu'ils trouvent remplir les musées. Les anglais étendent leur empire, commercent avec le monde entier à travers notamment la East India Company, et s'en mettent plein les poches au détriment des populations locales. La banque d'Angleterre émet les premiers billet de 10 livres en 1759, la bourse flambe, grâce entre autre au commerce des esclaves...ça ne choque absolument personne au départ. C'est le début du Rule Britannia qui donne des vapeurs nostalgiques aux brexiters aujourd'hui. L'Inde et le Canada deviennent des colonies.

Bon par contre, les français se vengent d'avoir perdu leurs territoires américains en allant aider Washington et ses petits copain à flanquer les anglais dehors. Ça ne les amuse pas du tout. La guerre d'indépendance américaine démarre en 1776 après la déclaration du 4 juillet de Washington. Les anglais se vexent, qu'est-ce que que ces ploucs qui refusent de nous verser des taxes prohibitives et de faire ce qu'on leur dit en la fermant ? Ils vivent très mal de perdre l'Amérique. D'ailleurs, ils continuent encore jusqu'en 1814 à essayer sporadiquement de recolonised les États Unis, en pure perte.

La vie en Angleterre continue, les riches, la grande bourgeoisie enrichie par le commerce et la révolution industrielle naissante et les nobles s'amusent bien à Bath et dans les autres villes thermales. Les gens commencent à quitter leur campagne pour aller s'entasser dans les villes en pleine expansion et industrialisation, dans des conditions de vie catastrophiques. Germinal à côté, c'est des vacances au spa. Ça ne loupe pas, pour tenir le coup et se distraire un peu, le bon peuple profite du seul loisir à disposition : l'alcool en général et le gin en particulier. Les esprits s'échauffent Des révoltes ouvrières éclatent, réprimées aussitôt. L'état ne rigole pas avec l'ordre public et on peut être condamné à mort pour plus de 200 infractions, dont voler un mouton, ou n'importe quoi valant plus de 5 shillings. Les criminels qui échappent aux forces de l'ordre comme Jack Shepard ou James McLaine deviennent des célébrités populaires. La classe dirigeante qui s'amuse bien entre elle finit pas s'inquiéter des soubresauts du peuple et de ce qu'elle voit comme un manque de moralité. Résultat, paf on se tape un revival du puritanisme pur et dur façon Cromwell. Enfin bref la vie suit son cours, tranquille ou presque.. et voilà-t-il pas que les copains de longue date des anglais, ceux sur qui ils ont toujours compté depuis des siècles pour jouer à se chamailler, piquent une crise et font une révolution. Et attention, pas la petite révolution tranquille à l'anglaise, une vrai de vraie avec guillotinés et tout ça. Les anglais ne s'y attendaient pas. Quelle mouche a bien pu piquer les français ? Il ne s'agirait pas que ce soit contagieux, leurs petites affaires...