Mumization in progress

Je ne sais pas du tout si le terme mumization existe, mais je n'ai pas réussi à écrire " mémérisation " en titre. C'était au-dessus de mes forces. En anglais, ça passe mieux...quoique. Non parce que il faut se rendre à l'évidence, cette histoire de confinement en famille me monte au cerveau, je dirais même que ça le ramollit. Moi qui me suis toujours considérée comme une féministe intransigeante, je me transforme doucement en mère au foyer des années cinquante. J'en frémis rien qu'à l'écrire...

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Attention, mère, avec 5 gosses en plus, ce n'est pas nouveau pour moi. Non, ce qui me gêne, c'est plus le côté " année cinquante ". Ma préoccupation principale est devenu le gavage de ma famille (vu tout ce que je leur fais engloutir aux repas, je ne vois pas d'autre mot). J'ai toujours aimé cuisiner, mais pas tous les jours non plus. Ben là, je n'arrête pas. En mode cuisine ménagère traditionnelle, à coup de petit salé aux lentilles, de gigot aux flageolets et on n'oublie pas les carottes râpées en entrée. Je me fais peur moi-même. Moi qui étais connue pour mes expérimentations culinaires exotiques! Cela dit, je résiste à la mode de faire son pain soi-même qui envahit les réseaux sociaux. Ahah, pas de ça, je reste une rebelle. Je refuse de faire du pain. Non, moi, je fais de la brioche...pour le petit dej des enfants. Et je leur fais du goûter aussi. Beuh.

Mais ça ne s'arrête pas là. Depuis que l'école à la maison est suspendue pour cause de vacances scolaires, je passe la serpillère trois fois par jour dans la cuisine. Cinq fois par jour. 27 fois par jour. Enfin bref, dès que quelqu'un y met un pied et vu que la porte du jardin donne dans la cuisine, je n'arrête pas. Alors que pré confinement, j'avais adopté la saine méthode de : " c'est celui qui salit qui nettoie, je suis pas votre femme de ménage, bande de gougnafiers ". D'ailleurs je fais le ménage en continu ( vraiment en continu je veux dire), je sors des draps du placard et je les déplie pour les replier différemment, je lustre la rampe d'escalier, on s'y voit dedans. Je me déplace en permanence avec mon plumeau à poussière. Je fais le café mais voilà que au lieu de gueuler normalement comme un charretier et avec toute mon élégance naturelle, que ceux qui en veulent n'ont qu'à se bouger, je vais en porter une tasse à Marichéri dans son bureau, alors qu'il n'a rien demandé, ou à L'Ado dans sa chambre. Sur un plateau. Rhaaa. C'est un cauchemar. Qu'est-ce qui m'arrive? J'ai touché le fond hier: j'ai cousu une jupe pour PrincesseChipie qui n'avait rien demandé non plus, à partir d'un vieux jeans et de chutes de tissus. Si. A la main en plus. C'est bien simple, j'ai l'impression de muter en ma grand-mère...ça y est, j'angoisse!

Il faut vraiment que je me reprenne, ça ne va pas du tout. Je donne quel exemple à mes enfants, là? Allez hop, GeekAdo, vas faire une lessive! MangaGirl, ça avance, cet exposé sur l'influence du mouvement des suffragettes dans l'art ? On se secoue. Et L'Ado, vas donc me faire un café pendant que je relis Caitlin Moran. Non mais.