Vivre avec un masque #5

Ce weekend, cela fera deux mois que nous vivons en pointillés. Et c'est extrêmement long. Soixante jours de sorties avec masques, d'écoles fermées, de work from home et d'interactions sociales limitées au minimum. Soixante jours où chaque matin, nous n'entendons parler que de ça. Du décompte... de la progression... des symptômes... des causes. Et je dois avouer que je sature véritablement.

Pour être honnête, la situation est devenue plus difficile depuis que l'Europe est touchée. Déjà, en plus du quotidien à gérer, nous avons l'inquiétude pour nos proches. Et puis, avant, nous avions encore la possibilité de parler d'autre chose puisque les nouvelles en français traitaient d'autres sujets. Puisque la thématique lointaine pour nos amis et famille les effleurait et que lorsqu'on les appelait on finissait toujours par parler d'autre chose. Là ces derniers temps, cela a pris toute la place et - du réveil au coucher - il n'y a que ça sur toutes les lèvres.

Bien sûr, c'est normal. Mais je me découvre parfois un peu fatiguée, un peu aigrie. Je lève parfois le sourcil quand quelqu'un me raconte ou s'étonne à juste titre de quelque chose qu'on a déjà vécu auparavant. Je réponds des choses comme : Oui... c'est normal... ou Ah mais ça c'est rien... tu verras quand.... minimisant un peu ce que mes interlocuteurs sont en train d'expérimenter pour la première fois. Je me rends compte que ce n'est pas forcément sympa. Mais cela sort tout seul avec la lassitude.

Car oui. Voilà soixante jours que nous sommes plongés en plein dedans. Nous sommes déjà passés par la crise du papier toilette, la crise des masques, la distanciation sociale, l'organisation pour le work from home, la fermeture des lieux de loisirs et la réorganisation du quotidien. Et alors que tout semblait se calmer... que les cas en Chine tendaient à diminuer, c'est le reste du monde qui s'est fait frapper de plein fouet. Et j'ai parfois envie de hurler : Mais, que faisiez vous quand ca nous arrivait ? Où regardiez vous ? Pourquoi n'avez vous pas anticipé ?

Là avec l'augmentation des cas en Europe et les retours précipités des voyageurs à Hong Kong, la machine s'emballe à nouveau, nous replongeant dans une vague de précautions : réunions à plus de quatre interdites, la majorité des lieux fermant, écoles fermées désormais jusqu'à l'été au moins... work from home toujours... et - alors que l'Europe termine sa première semaine en confinement ou semi-confinement selon les régions, postant des messages désespérés sur les réseaux, j'ai encore envie de crier : Mais arrêtez de vous plaindre. Ce n'est que le début...

Je sais que ce n'est pas gentil et pas empathique. Je sais que les situations sont différentes et que c'est vraiment difficile pour tout le monde. Mais tout est vraiment vraiment fatigant... et même les vidéos humoristiques ne me font presque plus rire...

Alors, s'il vous plaît, suivez les consignes, restez confinés... portez des masques si vous avez la chance d'en avoir... ou fabriquez en. Il n'y a que comme ça que nous arriverons à éradiquer cette saleté et que nous pourrons profiter du printemps qui se prépare.

En attendant, restez prudents !!! Et forza... on va y arriver!