Le rapatriement du fils prodigue

Oui bon, n'exagérons rien, quand je dis fils prodigue, c'est pour l'effet de style. Je parle de L'Ado bien sûr, qui il y a encore quelques jours, était coincé à Londres, en toute sérénité. Je ne stressais pas le moins du monde, bien sûr. Et puis, son bailleur a menacé de le foutre dehors sauvagement, lui a dit de dégager, a aimablement conseillé en douceur à tous les étudiants (pas que les étrangers, je veux dire) de rentrer chez papa et maman le plus rapidement possible. Ahaha, mon bébé, tout seul en plein confinement (il s'est auto-confiné bien avant que Johnson ne se décide à se bouger) dans un autre pays, et risquant d'être à la rue, je n'angoissais pas du tout. Rhaaa.

Le rapatriement du fils prodigueSource

L'Ado s'est bien s'inscrit sur Ariane depuis un moment déjà (c'est le site de l'état français pour le rapatriement des ressortissants à l'étranger pendant l'épidémie), au cas où. Ceux qui suivent l'actualité ont pu voir que ça ne marche pas vraiment parfaitement et que ça n'aide pas ceux coincés en Europe. L'ambassade à Londres a mis en place un numéro spécial, qui globalement conseille effectivement de rentrer le plus rapidement possible, vite, vite, vite, mais aussi de se débrouiller tout seul. Euh...on fait comment pour rapatrier L'Ado? J'étais toujours d'une sérénité admirable. Les autorités des deux côtés de la Manche sont formelles: chaque ressortissant d'un des deux pays coincés du côté où il n'a pas sa résidence habituelle a le droit et même le devoir, de franchir la frontière pour rentrer chez lui pour l'instant. Précision rassurante. Ou pas. Et Eurostar a non seulement réduit son trafic à sa plus simple expression mais ne garantit aucun train, ils peuvent être annulés sans prévenir au dernier moment. Je vais très bien. Calme et sérénité et tout ça.

L'Ado s'est donc présenté à la gare à Londres, muni de tous les justificatifs possibles et imaginables en français et en anglais. En parents confiants et apaisés, on lui a envoyé tous les certificats qu'on a pu trouver en écumant les sites administratifs français et anglais comme des fous. On a harcelé la terre entière, en tout cas tous nos contacts (merci encore à N.H. que j'ai inondé de messages pas du tout hystériques) pour être sûr que L'Ado ne serait pas coincé à la frontière. Ou à Lille. Ou sur le trajet jusqu'à notre bled paumé (mais qu'est-ce qui nous a pris d'habiter au milieu de nulle part comme ça?!?). Bon après, c'est l'état français qui ordonne pratiquement à L'Ado de rentrer, on ne va pas nous le bloquer quelque part en chemin quand même! Calme, respiration, sérénité, respiration, apaisement...rhaa, je ne peux plus respirer.

Bref, il est bien arrivé. Aucun problème nulle part. Ça s'est même tellement bien passé que j'en suis presque déçue. J'ai dit " presque ". Je l'ai accueilli avec soulagement, tout mon amour maternel, et des hectolitres de désinfectant, que j'ai pulvérisé directement sur toutes ses affaires sans le laisser franchir le pas de la porte. Tu vas prendre une douche, tu diras bonjour après. Non mais coin, meuh, ça va, hein, quoi, bonjour l'accueil. Meuh....voilà, on est au complet, L'Ado est avec nous. Je suis sereine.

Note: je précise que le retour des français de l'étranger est mis en place par le ministère des affaires étrangères, ce n'est pas une entrave au confinement. L'Ado a pris et continue à prendre toutes les précautions obligatoires (et même non obligatoires, pour la partie anglaise) avant, pendant et après son voyage (histoire de ne pas nous contaminer) et il ne mettra pas un orteil dehors, aucune dérogation (on n'est pas prêt de l'envoyer au ravitaillement!), avant 14 jours après son retour.