Timberland

Quinault, Washington, USA / 47°28’N 123°50’W / 1992

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A chaque fois que l’actualité fait état de quelque dévastation forestière, il me revient en mémoire ce parcours sur la US Highway 101. Parce que c’est réconfortant, une vaste région où se conjuguent, de manière équilibrée, activités humaines et protection de l’environnement.

C’est donc la production raisonnable du bois d’œuvre que je veux évoquer, dans la vision de ce « développement durable » que l’on brandit dorénavant en permanence (un bel oxymore pour les plus intransigeants des écolos), et non pas mes vieux mocassins à lacets de cuir que voulait m’acheter un type à Nairobi ( « Brother, how much for your Timber’ ? »).

Olympic Park.carte

Quittant, direction sud, la conurbation Seattle – Tacoma, WA, la zone de SEA-TAC Airport, son imbroglio de routes de toutes catégories, il faut poursuivre jusqu’à Olympia. Là, à l’échangeur de la Interstate 05, vous visez, en remontant, la US 101 : c’est sa tête nord. Les cartographes spécialistes des cartes routières sont d’une rigueur admirable. Cette route, mythique, longe, au plus près, toute la côte Pacifique des USA depuis Los Angeles. Ils auraient pu marquer la fin de cette route à Aberdeen, laissant à part cette péninsule en cul-de-sac. Non, la US Highway 101 en fait le tour, pour se terminer à Olympia City, WA.

L’Olympic Peninsula, ce sont environ 10’000 km2 – un quart de la Suisse – un trapèze compact entouré des eaux de l’océan Pacifique sur son flanc ouest, le Détroit Juan de Fuca au nord, et le Hood Canal à l’est. Quasi au centre, le Mount Olympus 2’432 m., cœur du Olympus National Park, qui s’étend sur 3’800 km2. Et autour, des espaces où les activités humaines peuvent s’exercer : prédominantes, la sylviculture, et l’industrie du bois qui s’ensuit. Tout se fait sous le contrôle coordonné des autorités qui régissent tant les parcs nationaux que les forêts. Dans divers Information Stations & Visitors Centers, le US Forest Service et le National Parks Service exposent enjeux et stratégies communes. Comme toujours aux USA, c’est parfaitement documenté, clair, et attractif.

Le long de la route, des panneaux indiquent l’état des forêts que l’on traverse, les étapes de leur vie, des « récoltes » espacées généralement de 50 ans pour les essences communément « cultivées ». Après les espaces d’extraction des billes – on ne va pas sur les logging camps, interdit au public, trop dangereux – que l’on voit défiler sur d’énormes semi-remorques, ce seront, à l’orée des basses forêts, les premiers chantiers de transformation de la matière première, les scieries et shakes mills.

C’est de là que l’on pourvoit la construction en produits de charpente et menuiserie aux dimensions très rationnelles – la construction en bois en Amérique du nord repose sur des principes plus économiques qu’en Europe – et les traditionnels shakes & shingles, ces bardeaux de bois de belle allure.

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« Forests For The Future », « The Renewable Resource », « Forest makes jobs », ce sont des slogans que l’on voit sur des dépliants. La filière bois aux USA est un secteur important de l’économie nationale. Et on sait que l’industrie du bois, compte tenu des nouvelles applications qui se développent et de ses qualités éminemment écologiques, a un beau potentiel de développement. Inspirant. Concernant la protection contre les incendies, risque majeur pour les forêts sur l’ensemble de la planète, le US Forest Service a lancé, dès 1944, une intense et suivie campagne de sensibilisation, devenue très populaire par la figure de Smokey Bear, l’ours ranger.

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En fin de cette belle journée, gonflés d’effluves de sèves vivifiantes, charmante étape à Lake Quinault, sa lodge historique classée, construite en 1926, méticuleusement entretenue. Pour revenir à nos sympathiques cartographes du siècle passé, non, Quinault, tout exotique que soit son nom dans ces parages, et bien qu’il s’agisse d’une unincorporated community au sens du US Survey, n’est pas l’un de ces Copyright Traps, villes imaginaires, qu’ils se plaisaient à glisser subrepticement dans leurs dessins, tels que les décrits Olivier Hodasava dans « Une ville de papier » (Edit. Inculte, 2019).

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