Expatriation, impatriation et tralala

Je fais partie de plusieurs groupes d'ex expats, tous très bien fait. On s'entraide pour y voir plus clair dans le labyrinthe administratif qu'on redécouvre au retour, on se donne des conseils, on s'encourage, on échange sur nos expériences, c'est très enrichissant. Vraiment, je trouve ces groupes et ceux qui y participent très sympathiques. Pour détendre l'atmosphère pas toujours très gaie (parce que oui, le " retour " en France peut être une vraie galère parfois), quelqu'un a eu la bonne idée de poster un article humoristique de conseils à prendre au second degrés. J'avoue, ça m'a amusé. Et puis j'ai un peu réfléchi à la question. Ça en dit beaucoup sur les relations des ex expats avec leur pays de retour.

Expatriation, impatriation et tralala

Déjà, si je peux me permettre, il faudrait qu'on arrête de s'appeler des ex expat. C'est horrible comme nom, franchement. Je préfère impats, mais personne ne comprend et puis, ça ne fait pas beaucoup plus pour notre intégration. Ça fait très : " attention, je suis différent, pas comme vous , je suis déjà allé ailleurs, ahaha ". J'avoue que je suis la première à souffrir du syndrome de l'ex expat. J'ai laissé une partie de moi en Angleterre et je n'arrive pas à passer à autre chose. Mais je déteste autant ces gens qui portent leur ex expatriation en bandoulière, qui éprouvent le besoin de l'afficher à tout bout de champs pour qu'on ne les confondent surtout pas avec tous ces ploucs qui n'ont jamais bougé de chez eux, que les expats qui critiquent constamment leur pays d'accueil et le comparent négativement en permanence à leur pays d'origine. En fait, je soupçonne que ça doit être les mêmes gens qui font ça, d'un côté comme de l'autre. C'est exaspérant. Bien sûr, je râle aussi quand personne ne comprend ce qu'on a vécu et les difficultés réelles qu'on rencontre pour se réadapter. J'ai gardé des façons de vivre, des réflexes, des habitudes anglaises. Tout comme j'en avais des françaises en Angleterre. Ce n'est pas une raison pour me moquer de ceux qui n'ont pas eu la chance de connaître une autre culture ou juste qui n'ont pas fait le choix de vivre la même vie que moi, chacun son truc. C'est vrai que c'est frustrant que personne ne nous écoute, mais c'est quoi ce mépris qu'ont certains ex expats pour ceux qui n'ont pas eu les mêmes expériences de vie qu'eux?

Je ne comprends pas que des gens qui ont justement réussi à vivre ailleurs, aient ce genre de réflexion. Non, ce n'est pas facile, oui , c'est extrêmement frustrant que tout le monde s'en foute de vos années d'expatriation et qu'on ne retrouve pas instantanément ses marques. Mais ça s'est passé comment quand vous êtes arrivés dans vos pays d'accueil? Vous vous êtes sentis à l'aise en trois minutes? Vous avez tout compris, vous vous êtes adaptés, vous vous êtes intégrés du jour au lendemain? Ou vous avez pris le temps, découvert, apprécié, vous vous êtes peu à peu intégrés, sans attendre non plus qu'on le fasse pour vous? Vous avez eu ces capacités de curiosité, d'ouverture, d'adaptation. Ce n'est pas parce que personne à votre retour ne les valorise qu'elles ont disparu. Vous pouvez toujours être curieux de votre nouvel environnement, et vous savez vous adapter si vous en avez envie. Personne ne nous facilite le retour, au contraire? Ben justement, on va leur montrer ce que vaut un ex expat, on sait faire. On l'a déjà fait.

On a toujours envisagé notre " retour " ( j'insiste sur les guillemets) comme une nouvelle expatriation, sans à priori, sans attente, sans jugement. Alors ce n'est pas facile, mais tout comme ça n'a pas été facile au début dans nos autres pays. Oui, on compare, on est encore perdu, on regrette certaines choses, on gardera toujours une nostalgie et des habitudes glanées en Irlande et en Angleterre. Mais on en découvre d'autres, on s'adapte sans oublier d'où on vient, on ne se sent pas enfermés. Et si un jour ça ne nous convient plus, ce ne sera pas la faute de l'endroit où l'on est, ni des gens qui nous entoure, c'est juste qu'on voudra autre chose, alors on ira voir ailleurs, c'est tout.