A la découverte de Yangshuo

A la découverte de YangshuoAprès avoir pris le bateau depuis Guilin, nous débarquons à Yangshuo. Il est environ 14h. Le soleil tape et la ville sommeille doucement. Nous traversons la ruelle la plus connue : celle des étrangers, nommée ainsi puisque les touristes y arrivent depuis le port. Elle est bordée de dizaine d'échoppes en tout genre. On peut y acheter des habits, du piment, du thé, des fruits frais, des brochettes étranges et j'en passe... mais en début d'après-midi, tout est calme. Armés de notre bagage, nous nous dirigeons vers notre hôtel, situé à 30 minutes de marche du centre, au milieu de la végétation. Dans un premier temps, je ne suis pas convaincue de son emplacement mais dans les jours qui viennent je me rendrai compte de sa précieuse tranquillité et j'adorerai cet Eden si proche de la nature.

La région est riche entre ses montagnes aux formes mystérieuses, ses grottes naturelles, ses plantations de riz et de thé, sa rivière... Les sites et les paysages sont protégés et les routes dans les parcs nationaux sont réservées aux véhicules gouvernementaux, aux scooters immatriculés et aux vélos. C'est bien. Mais en parallèle, le développement touristique de la région va bon train. Cela construit à vive allure. Tout est fait pour les touristes et les villes, les sites spécifiques se transforment peu à peu en un drôle de parc à thème.

A Yangshuo, pléthores d'activités sont donc organisées pour les voyageurs de passage. Nous y participons aussi. Nous faisons du bambou rafting, qui à l'inverse de son nom, n'a rien de téméraire. On se retrouve assis sur deux chaises longues, sous un parasol, sur une pirogue en bambou. Le rameur pousse l'embarcation avec un grand bambou, ce qui a son charme, et il faut parfois lever les pieds pour ne pas se faire tremper les chaussures. A part cela, c'est terriblement pépère même si les paysages sont très beaux.

On s'inscrit également à un cours de cuisine. Le cours est très sympa. On se retrouve avec un groupe de hollandais à cuisiner quelques plats typiques et faciles au wok, au milieu de la campagne. Avant le cours, l'enseignante nous emmène faire un tour au marché pour nous présenter les légumes du coin. La balade est sympa jusqu'à ce qu'on arrive vers la section viande. En dehors de l'odeur de viande crue particulièrement insistante et les morceaux de porcs et de bœufs plutôt inhabituels pour les petit Occidentaux que nous sommes, on tombe sur une boucherie canine. Des carcasses de chiens sont suspendues sur des crochets et à l'arrière, dans des cages, des chiens vivants attendent que leur sort soit scellé. Ceux qui me lisent savent qu'en dehors des Corgi, j'ai plutôt peur des chiens. Mais là, les voir enfermés, le regard pleinement conscient - et résigné - de ce qui les attend me retourne le cœur. J'en ai presque les larmes aux yeux. Nous quittons donc le marché avec un drôle de sentiment... et je sais que jamais je ne mangerai de chien.

Un soir, nous allons voir le spectacle des lumières " Liusanjie " mis en scène par Zhang Yimou (qui a lui-même mis en scène le spectacle d'ouverture des JO de Pékin, et qui est notamment un réalisateur chinois célèbre et renommé). Le show est à couper le souffle. Chaque ouverture de scène arrache des cris de surprise au public, tant la lumière, la musique et la mise en scène sont bien orchestrés. La scène est la rivière, avec en fond, les montagnes illuminées. Les acteurs mettent en scène diverses étapes et coutumes de la vie des peuples minoritaires de la région et la musique est envoûtante. Un must see que je recommande absolument ! A la découverte de Yangshuo

Le public est par contre déroutant : il parle fort, se lève, gigote, filme puis regarde ce qu'il a filmé avec le son au max, alors que la scène est encore en cours, mange, envoie des messages... A la fin, alors que les acteurs viennent à peine de terminer et qu'ils défilent pour le moment des applaudissements, tout le monde se lève comme s'ils avaient des trains à prendre et se précipitent au dehors. Nicolas et moi nous retrouvons seuls, avec quelques autres étrangers, à applaudir les acteurs qui se dirigent vers les coulisses.

Après ces quelques activités organisées, nous ressentons le besoin de bouger par nous-mêmes, ce qui n'est pas une sinécure. Partout où on se rend on essaie de nous vendre des tours organisés. La carte de la région que nous avons n'est écrite qu'à 10% en anglais. Mais c'est l'aventure et c'est là tout le charme du voyage ! On part donc à pied se perdre dans les champs, longer le bord du fleuve. On marche jusqu'à un pont avec un magnifique point de vue, on visite des temples bouddhistes puis on arrive dans un parc où les personnes âgées se retrouvent pour chanter de l'opéra (pas toujours de manière très harmonieuse), danser, faire du karaoké, jouer au mah jong ou à d'autres jeux mystérieux...

Un soir, nous allons manger à Yangshuo. De nuit, la ville s'est métamorphosée et une foule de gens s'y promène, cherchant à manger, consommer, s'amuser. Chacun tente de nous attirer dans son restaurant en nous ouvrant la carte au visage de manière abrupte. Des dizaines de jeunes gens veulent nous prendre en photos, parler avec nous en anglais... On se plie au jeu un certain moment mais ça devient un peu étouffant à la longue. On finit par manger dans un café où un jeune homme chante de la pop chinoise. Je ne suis pas certaine qu'il chante très juste. Un couple à côté de nous commande 8 bières pour deux. On mange des aubergines sautées et des nouilles. Puis on retourne à pied à notre hôtel, perdu dans la campagne et on souffle un peu. Si Yangshuo a pu être belle et poétique, elle est aujourd'hui trop touristique pour être agréable et inviter à la flânerie.

Le lendemain, nous louons des vélos. Ce sera pour moi la plus belle journée des vacances ! Nous souhaitons rejoindre la fameuse Moon Hill, située à une dizaine de kilomètres de notre hôtel, afin de l'escalader. On traverse donc Yangshuo sur les pistes cyclables aménagées et c'est là aussi toute une aventure, entre les scooters à contresens, les mamans en poussettes qui trouvent que c'est plus pratique que les trottoirs avec pavés, les camions de livraison, les cageots de fruits et les groupes de touristes à pied. Puis, après une petite demi-heure de ce slalom géant improvisé, nous arrivons à l'entrée du National Park et là, tout se calme. La zone est en effet interdite aux véhicules non gouvernementaux et, avec nos vélos, nous nous retrouvons vraiment au calme, au milieu d'un paysage stupéfiant. La route à plat sinue au milieu des pics en forme de pains de sucres, des plantations... On roule jusqu'à la colline de la lune où apparemment, nous sommes les seuls à avoir eu l'idée de nous y rendre. Il faut dire que la chaleur est éprouvante.

L'ascension est courte. Une vingtaine de minutes... quelques 800 marches à gravir... mais il fait si chaud et si humide que nous nous retrouvons rapidement complètement trempés. Mes shorts collent à mes cuisses, de la sueur ruisselle le long de mes paupières, derrière mes oreilles et s'écoule le long de mon dos. On n'est pas beaux à voir. A mi-chemin, nous croisons une grand-mère, pliée en deux, les jambes arquées qui porte sur son dos un long bâton de bambou auquel sont suspendues deux glacières pleines de bouteilles d'eau. Nous finissons l'ascension ensemble et elle papote joyeusement en mandarin, y mettant de ci, de là, quelques mots d'anglais. Elle me sidère. Alors que du haut de mes trente-quatre ans, je peine, elle monte comme une chèvre le long du sentier. Arrivés en haut, on lui achète de l'eau et elle est si contente qu'elle tient absolument à nous aérer avec son éventail pendant qu'on boit. Puis, elle nous indique une plateforme, située à quelques mètres d'où la vue est sublime. Et effectivement, sous un trou en forme de lune, on voit la vallée, la rivière et les autres pics. C'est magnifique. On redescend en passant par un autre point de vue (Dresser) qui nous permet de voir le croissant de lune creusé dans la roche. On croise un immense scolopendre qui se faufile sur les rochers. Puis on rejoint nos vélos.

A la découverte de Yangshuo

Au retour, on s'arrête pour voir le vieux Banyan, un arbre âgé de 1300 ans. Il est beau et on se sent tout freluquet face à lui. Là, un monsieur chinois tient absolument à nous photographier. Mes yeux bleus l'intriguent. On se laisse faire, un peu sceptiques, puisque nous transpirons comme des phoques en pleine baignade. Puis, lorsqu'on quitte le site, on voit le plan des futurs travaux pour aménager la zone. Le vieux banyan sera bien protégé puisque c'est l'attraction principale du lieu, mais il sera bientôt entouré d'un resort, de magasins, de plateformes d'amusement. Une vraie zone à la Europapark. C'est vraiment dommage et cela m'attriste un peu. La nature est si belle, pourquoi avoir besoin d'y rajouter un mall, des marchands de glaces et des stands de tir à l'arc? Sur ces pensées, on retourne à notre hôtel et nous y arrivons pile avant l'orage. Nous profitons d'une dernière soirée à Yangshuo, goûtons le fameux poisson à la bière de la région et préparons nos affaires pour rentrer!

C'était beau. Je suis certaine que, si nous y revenons, la région aura un tout autre visage et je suis contente d'avoir vu ces montagnes - célèbres pour avoir servi de scène dans Star Wars III, pour avoir inspiré de nombreux artistes chinois et qui sont pour moi, la représentation des beautés naturelles de la Chine!