Le musée de l’Ecole de Nancy, trésor de l’Art Nouveau

Publié le 01 mai 2019 par Mon Grand-Est
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Par une belle matinée d’avril, j’avais rendez-vous avec Véronique, chargée de communication à la Ville de Nancy, pour la visite d’une maison d’artistes unique en France… Un de ces rendez-vous qu’on ne doit pas manquer. Pensez donc, j’allais découvrir les riches collections Art Nouveau et me plonger plus de cent vingt ans en arrière. Pour l’heure, je me dirige à pied vers le quartier de Nancy Thermal, à l’ouest du centre-ville. Il est 10h et le musée de l’Ecole de Nancy ouvre ses portes. Suivez-moi à la découverte de ce lieu fascinant !


Le musée de l’Ecole de Nancy : une maison d’artistes

“Maison d’artistes”, c’est le thème du mois de l’événement #EnFranceAussi, choisi par Paule Elise du blog 1916kilomètres. Ce RV interblogueurs, initié par Sylvie du blog Le coin des Voyageurs, a pour objet de (re)-découvrir les beautés de la France. Et j’ai choisi de vous emmener au musée de l’école de Nancy !

Le portail du Musée de l’Ecole de Nancy © French Moments

Avant de pénétrer dans le domaine du musée, je suis déjà subjugué par la beauté des lieux. C’est le printemps et je ne peux m’empêcher d’immortaliser l’instant en photo :

Le perron du Musée de l’Ecole de Nancy © French Moments

Me voici dans l’ancienne propriété d’Eugène Corbin

Bon, si vous n’êtes pas de Nancy, ce nom ne vous dit peut-être pas grand-chose.

Monsieur Jean-Baptiste Eugène Corbin (1867-1952) était le fils du plus important négociant de la place de Nancy, dont voici le portrait :

Eugène Corbin (1867-1952)

Corbin devint un riche industriel et le propriétaire héritier des Magasins Réunis. Vous savez, le bâtiment Art déco près de la gare qui abrite aujourd’hui le magasin printemps et la FNAC.

Les Magasins Réunis de Nancy (style Art Nouveau) avant leur destruction en janvier 1916. Photo prise de la Place Thiers

Nos lecteurs parisiens seront peut-être intéressés d’apprendre que les Magasins Réunis de Corbin à Paris étaient situés dans les beaux bâtiments de la FNAC des Ternes (17e arrondissement) ?

Corbin était aussi – et surtout – un généreux mécène et un fin collectionneur. En tant qu’éditeur de la revue Art et Industrie (fondée en 1909), il participa à la promotion du style Art nouveau made in Nancy.

Mais revenons à sa villa.

Une maison de weekend à la campagne

Le domaine était un vaste parc situé à l’extérieur de la ville lors de la construction du premier corps de bâtiment. Il faut faire preuve d’un peu d’imagination pour oublier le trafic de la rue du Sergent Blandan et se représenter les champs de jadis.

Le goûter sur la terrasse, de Marcel Corrette (1938). Photo par French Moments

Pour comprendre cette transformation urbaine, une petite leçon d’histoire s’impose !

Après la défaite de la guerre franco-prussienne en 1871, Nancy accueillit des milliers d’optants, des Alsaciens et des Mosellans qui préférèrent quitter leur région plutôt que de devenir allemands.

Entre 1871 et 1914, la ville s’étendit rapidement à l’ouest, de l’autre côté de la voie ferrée. L’urbanisation du quartier de la maison Corbin eut raison du côté champêtre qu’on lui connaissait.

Le vaste parc qui entourait la maison fut progressivement amputé par des constructions (plus ou moins heureuses). Toutefois, la maison et ses ajouts successifs (1912, 1923) sont contemporains des œuvres exposées dans le musée.

Quant au jardin, tout n’est pas perdu. Une partie subsiste encore avec ses bassins, ses plantes locales et exotiques. J’y reviendrai plus loin dans l’article…

Le musée de l’Ecole de Nancy de 1935 à nos jours

Une partie du bâtiment du musée © French Moments

Aujourd’hui, l’ancienne maison d’Eugène Corbin abrite le musée de l’École de Nancy. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.

En 1935, Eugène Corbin fit don à la ville de sa riche collection Art Nouveau. Ces pièces d’art décoratif, mais aussi des peintures et sculptures, étaient représentatifs de l’Ecole de Nancy, le fer de lance de l’Art nouveau en France. Cette importante collection fut exposée dans les Galeries Poirel la même année.

En 1952, le domaine d’Eugène Corbin fut acquis par la Ville de Nancy pour le transformer en musée dédié à l’Ecole de Nancy. Après plusieurs années de travaux de restauration et d’installation des œuvres, le musée fut inauguré en juin 1964. A l’origine, seul le rez-de-chaussée était aménagé. Puis, le musée s’étendit au 1er étage en 1966.

Dans un des couloirs du musée © French Moments

La collection d’Eugène Corbin fut enrichie par plusieurs dons, legs et acquisitions :

  • Un don de Jacqueline Corbin (la fille d’Eugène) : verreries, toiles et dessins.
  • Les héritiers d’artistes de l’Ecole de Nancy qui offrirent à leur tour d’importantes donations.
  • Enfin, le musée se porta acquéreur d’autres pièces de style Art Nouveau qui vinrent compléter les collections actuelles.

Le musée des superlatifs

  • Le musée de l’École de Nancy est unique en France ! Pourquoi ? Parce qu’il est à ma connaissance le seul musée français entièrement consacré à l’Art nouveau !
  • La fréquentation annuelle du musée est estimée à 50 000 visiteurs avec une forte présence internationale.
  • Cet établissement, propriété de la Ville de Nancy, bénéficie de l’appellation “Musée de France”. Cette reconnaissance par le ministère de la Culture signale aux visiteurs l’intérêt des collections : “toute collection permanente composée de biens dont la conservation et la présentation revêtent un intérêt public, organisée en vue de la connaissance, de l’éducation et du plaisir du public.”

La visite du musée de l’Ecole de Nancy

Une fois à l’intérieur, Véronique m’a guidé dans tous les coins et recoins du musée.

D’une pièce à l’autre, on s’émerveille à la découverte d’objets uniques et de prestige. Meubles, verreries, vitraux, luminaires, céramiques, peintures, tissus et même reliures d’art…

Musée de l’Ecole de Nancy © French Moments

Tous témoignent de la diversité des techniques réalisées par les artistes de l’Ecole de Nancy. Ces artistes virtuoses aux noms désormais célèbres : Emile Gallé, Daum Frères, Auguste et Louis Majorelle, Eugène Vallin, Jacques Gruber, Emile André, Victor Prouvé…

L’Ecole de Nancy démystifiée

Bon, depuis le début de cet article, j’ai fait plusieurs références à l’Ecole de Nancy. Mais, qu’est-ce que cela signifie au juste ?

D’emblée, il ne s’agit pas d’un établissement scolaire, ni d’une prestigieuse faculté !

Derrière ce nom se cache une autre appellation : l’Alliance provinciale des industries d’art.

Cette association, fondée le 13 février 1901 par des artistes de Nancy (Emile Gallé, Louis Majorelle, Antonin Daum et Eugène Vallin), avait pour but de “favoriser la renaissance et le développement des métiers d’art en province” (d’après l’article 1 des statuts).

Emile Gallé (1846-1904). Portrait de Victor Prouvé

Plus précisément, il s’agit d’une “sorte de syndicat des industriels d’art et des artistes décorateurs, [qui]s’efforce de constituer en province, pour la défense et le développement des intérêts industriels, ouvriers et commerciaux du pays, des milieux d’enseignement et de culture favorables à l’épanouissement des industries d’art“.

Et la Lorraine pouvait justement s’enorgueillir de posséder de nombreuses industries (aciéries…) et artisanats d’art (cristalleries, verreries, ébénisteries, faïenceries et ateliers de céramiques).

Ce rayonnement de la Lorraine pouvait exister grâce à la collaboration de tous les corps de métier (architecture, ameublement, orfèvrerie, arts décoratifs).

J’aurai l’occasion de vous en dire plus sur l’Art Nouveau à Nancy dans un prochain article.

L’Art dans tout et l’Art pour tous

Nancy devint dans les années 1900 le fer de lance de l’Art Nouveau en France :

Le développement économique considérable de Nancy favorise les artistes lorrains et, en quelques années, la capitale de la Lorraine devient un foyer essentiel de l’art décoratif français. Cet art dit mineur, les artistes lorrains souhaitent le valoriser pour assouplir la frontière rigide qui le sépare avec des arts majeurs (architecture, peinture, sculpture). Aussi leur attention se fixe-t-elle sur l’ameublement, l’orfèvrerie, les objets de décoration… désirant placer l’Art dans tout, tout en revendiquant l’Art pour tous : c’est-à-dire éditer et diffuser des objets d’art à un grand nombre d’exemplaires.” (d’après le dossier de presse du musée)

L’escalier du musée et les fameuses ombelles chères à l’Ecole de Nancy ! © French Moments

A Nancy, les artistes Art Nouveau se sont inspirés de formes végétales (ginkgo, ombelle, berce du Caucase, nénuphar, chardon ou encore cucurbitacée) et animales (libellules).

L’objectif avoué était :

  • de mettre le beau dans les mains de tous,
  • de faire entrer l’art dans les foyers.

Mais voilà, en parcourant les couloirs et les pièces de la maison Corbin, force est de constater que la revendication “Art pour tous” est quelque peu paradoxale.

Certaines réalisations sont d’une virtuosité technique indéniable.

Mais il s’agit d’objets qui ne devaient pas être accessibles à toutes les bourses de l’époque !

En témoigne ce cabinet de travail Masson, conçu par Jacques Gruber. Des meubles robustes et solides dont la forme semble s’enraciner au sol. Loin, très loin de nos univers Ikea et Alinéa 🙃 !

Hmmm, pas sûr que j’aimerais ça chez moi :

Cabinet de travail Masson par Jacques Gruber. Photo par French moments

Ceci dit, leur volume imposant répondait à une fonction sociale. Il fallait souligner le sérieux et la réussite du commanditaire, ici Charles Masson, directeur financier des Magasins Réunis et beau-frère d’Eugène Corbin.

Et c’est justement ce qui fait l’intérêt du musée. Des pièces d’art extraordinaires, extravagantes, excentriques, parfois invraisemblables !

Mais attendez, ne fermez pas cette page ! Je voudrais vous rassurer, on pourra aussi admirer des objets tout en finesse. Des œuvres délicates comme celle-ci 👇🏻

Vase d’Emile Gallé La pluie au bassin fait des bulles (1889) avec inscription poétique peinte à l’émail : « La pluie au bassin fait des bulles / les hirondelles sur le toit / tiennent des conciliabules / voici l’hiver, voici le froid / Théophile Gautier ». Photo par French Moments

Décidément, en ce début de 21e siècle, l’Art Nouveau intrigue et passionne toujours autant qu’à ses débuts !

Ces œuvres que vous découvrirez au musée de l’Ecole de Nancy

Vous vous en doutez : je ne vais pas pouvoir faire l’inventaire de toutes les merveilles que recèle le musée de l’Ecole de Nancy. Pour cela, d’autres sites vous proposent de découvrir les collections exposées, dont le site officiel du musée !

Toutefois, voici quelques illustrations qui vous donneront une idée des œuvres fabuleuses à découvrir…

Une table unique signée Gallé : Le Rhin

Vous ne pouvez pas la manquer puisqu’elle trône à l’entrée, près de la caisse du musée.

Œuvre conçue par Emile Gallé (1889), elle s’apparente à une table de style Renaissance.

Ce don de la famille Gallé (1952) est chargé de symboles. C’est sans surprise car le symbolisme est une composante essentielle de l’Art nouveau. Gallé écrivait ainsi : “Conscient ou inconscient, le symbole qualifie, vivifie l’œuvre ; il en est l’âme“.

On ne sera pas étonné d’y déceler plusieurs inscriptions :

  • sur le plateau de la table : “Le Rhin sépare des Gaules toute la Germanie”,
  • dans un petit cartouche : “Germania omnis a Galliis Rheno Separatur” (La Germanie toute entière est séparée des Gaules par le Rhin).
  • sur l’entretoise : “Je tiens au cœur de France. Plus me poignent, plus j’y tiens”.
  • sur le piètement : “fait par Émile Gallé ∙ de Nancy ∙ en bon espoir ∙ 1889”

Emile Gallé a fait appel à Victor Prouvé pour le décor des figures humaines. Au centre, le personnage barbu et chevelu personnifie le Rhin. Il protège une jeune fille (allégorie de la Moselle).

Le thème du chardon lorrain se retrouve à de nombreux endroits.

Des aigles portant la couronne ducale soutiennent le plateau, clin d’œil aux trois alérions du drapeau lorrain.

Détail de la Table Le Rhin de Emile Gallé. Photo par French Moments

Des plantes symboliques ornent les colonnettes :

  • le myosotis, symbole de la fidélité
  • le lierre, symbole de l’attachement
  • la rose de France (ou rose Gallica), qui ne fleurit qu’à Metz
  • le chardon, représentant Nancy (dont la devise est “Qui s’y frotte, s’y pique”)

Détail de la Table Le Rhin de Emile Gallé. Photo par French Moments

Comme la table se trouve au milieu du hall d’entrée, vous pouvez prendre le temps de repérer tous ces symboles en la contournant à votre aise !

Le Salon pommes de pin

Au rez-de-chaussée, le premier salon que l’on visite est le salon “pommes de pin”. Réalisé pour le couple Corbin par Louis Majorelle, il comporte un fauteuil, des chaises, une cheminée, un miroir et un magnifique piano à queue.

Le salon Pommes de Pin. Au centre, piano à queue”La mort du cygne” (1905) de Louis Majorelle. Photo par French Moments

Toutes ces œuvres ont été conçues dans des matériaux différents. Le nom donné au salon s’explique par la présence de la pomme de pin en tant que thème récurrent.

Vous trouverez le fruit du conifère :

  • sur le piano (sculpté en frise dans la caisse, l’abattant du couvercle du clavier et le piétement),
  • sur la cheminée à gauche (sculpté en fraise),
  • dans le cadre du miroir,
  • sur le velours des chaises (brodé),
  • dans le bois doré des fauteuils,
  • sur les appliques dorées des portes, et
  • sur le vitrail (signé Jacques Gruber) à droite.
Une salle à manger comme vous n’en avez jamais vue !

La pièce du musée la plus emblématique est celle de la salle à manger Masson.

Vue d’ensemble de la salle à manger Masson (1903). Photo par French Moments

Cette salle à manger de prestige fut exécutée par Eugène Vallin entre 1903 et 1906, en collaboration avec Victor Prouvé.

Charles Masson, beau-frère d’Eugène Corbin, commanda cette œuvre maîtresse avec son mobilier et le décor d’ébénisterie pour son appartement de la rue Mazagran à Nancy.

Réalisée tout en bois (en acajou blond), il s’agit du seul ensemble mobilier reconstitué dans sa quasi intégralité au musée.

Détail de la salle à manger Masson (1903). Photo par French Moments

La salle à manger fut démontée pendant la Première guerre mondiale pour être installée dans le nouvel appartement de Masson, avenue Foch, à Paris. Suite au don de Mme Masson en 1938, elle fut à nouveau désassemblée en 1961 pour être aménagée au musée de l’Ecole de Nancy.

Détail de la salle à manger Masson (1903). Photo par French Moments

Ici, le symbolisme est omniprésent et s’illustre autour des actes de la vie courante :

  • manger (épis de blé sculptés sur les chaises, pommes et poires peintes, grenades au centre des panneaux en cuir des portes cintrées),
  • boire (vigne de la vitrine du buffet, grappes de raisin autour des portes cintrées),
  • se chauffer (bois coupé par le bûcheron sculpté sur la cheminée).

Le plafond peint met en scène une allégorie des cinq sens :

  • l’ouïe : une femme dansant au son d’un tambourin,
  • le toucher : une femme caressant un chat perché sur ses épaules,
  • la vue : une jeune femme contemplant un objet,
  • le goût : une femme croquant une pomme et
  • l’odorat : une femme sentant un œillet.
Des lits massifs et monumentaux !

D’imposantes chambres à couchers ont été reproduites au musée. Quelques beaux spécimens :

Le lit “Aube et crépuscule” de Emile Gallé (1904) :

Le lit “Aube et Crépuscule” (1904) par Emile Gallé. Photo par French Moments

Encore un meuble fort en symboles :

  • Au dosseret de tête figure un grand sphinx aux ailes souples rehaussées d’ébène. Il met en scène la nuit qui tombe sur la campagne à l’heure où rentrent les troupeaux.
  • Au chevet du pied, l’aube est incarnée par deux papillons aux ailes diaprées et nacrées et délicatement imbriquées. Ils symbolisent le bonheur.
  • Au centre, un œuf en cristal représente la naissance, la vie et sa brièveté, le bonheur et sa fragilité, mais aussi la prospérité.

La chambre à coucher Majorelle :

Chambre à coucher Majorelle. Photo par French Moments

Louis Majorelle exécuta cet ensemble vers 1903-1904 avec lit, chevet, armoire à glace, commodes, table et fauteuil).

Le lit des Corbin par Eugène Vallin (1907-1908) :

Le lit des Corbin par Eugène Vallin (1907-1908). Photo par French Moments

Et si on jouait du piano debout ?

Ce magnifique piano fut exécuté en 1878 par les facteurs de piano Mangeot, associés aux Américains Steinway. Il a été décoré par Auguste Majorelle et présenté avec succès à l’Exposition Universelle de Paris en 1878.

Le piano Mangeot, associés aux Américains Steinway, et décoré par Auguste Majorelle. Photo par French Moments

Le décor de l’instrument montre la fascination de l’époque pour l’exotisme et l’orientalisme. La caisse est ornée de motifs mêlant les influences chinoises et japonaises.

Le piano Mangeot, associés aux Américains Steinway, et décoré par Auguste Majorelle. Photo par French Moments

Maintenant, à savoir si le piano est toujours accordé et en bon état de fonctionnement… 🤔

Des vases à foison !

On y retrouve des œuvres exceptionnelles de Gallé, mais également de Daum :

Des vitraux colorés de la Belle Epoque

J’aime les vitraux. Qu’ils soient d’inspiration gothique ou contemporains. Et ceux qui sont présentés au musée ont tout pour me plaire !

La plupart des vitraux présentés au musée de l’Ecole de Nancy ont été réalisés par Jacques Gruber (1870-1936). Ce maître-verrier prolifique est l’auteur de nombreux vitraux à Nancy (CCI de Meurthe-et-Moselle, villa Majorelle, brasserie L’Excelsior, Crédit Lyonnais) et surtout la grande verrière des Galeries Lafayette à Paris.

Un de ses chefs d’œuvre est exposé au musée. Il s’agit d’une œuvre exécutée en 1904 :

Vitrail dit de la Salle par Jacques Gruber (1904) © French Moments

A l’origine, ce vitrail dit de La Salle agrémentait la partie centrale d’une véranda longue de 12,5 mètres. Elle se situait à l’étage d’un hôtel particulier de Nancy construit vers 1870, aujourd’hui disparu. Le vitrail porte le nom du dernier propriétaire : Georges Collinet de La Salle, confectionneur de dragées. On est frappé par la richesse du décor végétal et la complexité du travail du verre coloré, superposé et gravé.

D’autres vitraux à découvrir :

Ce vitrail d’inspiration symboliste, connu sous le nom de La Lecture, est une œuvre de Henri Bergé (1870-1937) :

Vitrail La Lecture de Henri Berger, Musée de l’Ecole de Nancy © French Moments

Le jardin du musée

Avant de terminer la visite, nous avons arpenté les allées du jardin du musée.

Le jardin a la particularité de présenter certaines plantes et massifs de fleurs qui ont été des sources d’inspirations pour les artistes de l’Ecole de Nancy.

C’est le cas, par exemple, de la berce du Caucase, dont les tiges, les fleurs et les feuilles ont nourri l’inspiration des créateurs nancéiens. Vous les retrouverez au bord du bassin près de l’aquarium. En juin et juillet, elles peuvent atteindre deux mètres de hauteur.

Les jardins du musée au printemps © French Moments

De plus, le jardin abrite de nombreuses variétés végétales dérivées des hybridations des horticulteurs Félix Crousse (1840-1925) et Victor Lemoine (1823-1911).

Nous passons devant une grosse porte en bois.

La Porte en chêne

La porte en chêne des ateliers Gallé © French Moments

Cette porte massive fut créée en 1897 par l’ébéniste Eugène Vallin (1856–1922), à la demande d’Émile Gallé. Elle servait d’entrée à ses ateliers situés avenue de la Garenne à Nancy. Elle fut réinstallée en 1964, dans son site actuel. Observez attentivement la porte… elle réunit quatre des principales influences du mouvement artistique de l’Ecole de Nancy : l’art médiéval, le japonisme, le naturalisme et le rationalisme.

L’inscription sur un bandeau dans la partie supérieure de la porte reprend la devise d’Emile Gallé : “Ma racine est au fond des bois“.

Le monument funéraire

Au fond du jardin, se dresse un curieux monument. Réalisé en 1901, il s’agit des premiers exemples d’architecture funéraire Art nouveau. Cette œuvre de l’architecte Girard et du sculpteur parisien Pierre Roche se trouvait à l’origine au cimetière de Préville (le Père Lachaise nancéien !).

Le monument funéraire © French Moments

Elle raconte la triste histoire de Jules Rais (ou Jules Nathan), écrivain, critique d’art et traducteur français. Marié à Georgette Vierling en 1897, il perd sa jeune épouse 2 ans plus tard. Jules Rais fit construire ce monument surmonté d’un ouvrage en grès émaillé d’Alexandre Bigot et de vitraux d’Henri Carot. En 1943, Jules Rais meurt en déportation à Auschwitz.

Dans les jardins du Musée de l’Ecole de Nancy © French Moments

Autour du monument funéraire s’étend une clairière végétale qui tente de restituer l’atmosphère des jardins du début du 20e siècle. On y trouve un diversité d’essences : graminées (carex, fétuques, luzules), arbustes à fleurs (lilas, hortensias, seringats, pivoines…) et vivaces (digitales, campanules, pavots).

Dans les jardins du Musée de l’Ecole de Nancy © French Moments

Le pavillon circulaire

En flânant dans le jardin, on n’est pas au bout de nos surprises. Justement, voici qu’apparaît un curieux pavillon circulaire. A la manière des fabriques des parcs du 18e siècle.

Le pavillon circulaire © French Moments

Il s’agit … d’un aquarium !

Construit vers 1904 par l’architecte Weissenburger, il abritait des aquariums au sous-sol et au rez-de-chaussée. Le premier étage servait de terrasse panoramique sur le parc.

Cet édifice dédié à la faune marine n’est pas ouvert au public. Mais on peut admirer, le nez collé aux vitres, les magnifiques vitraux de Jacques Gruber. On y découvre des scènes aquatiques et subaquatiques avec plantes, nénuphars, algues, poissons, mouettes et grenouilles…

Le parterre central

Nous voici de retour au parterre central qui jouxte la maison d’Eugène Corbin. Tout autour poussent divers végétaux : roses, clématites, pivoines, magnolias, graminées, hortensias, seringats et anémones du Japon… S’y trouvent également certains arbres importés d’Amérique et d’Asie, plantés à l’époque par Eugène Corbin.

Bon à savoir !

L’entrée au jardin est gratuite aux horaires d’ouverture du musée : du mercredi au dimanche de 10h à 18h. Fermé les 1er janvier, 1er mai, 14 juillet, 1er novembre et 25 décembre.

Pourquoi la visite guidée est LA meilleure façon de découvrir le musée !

J’avais découvert le musée pendant l’hiver en 2012, en visite libre. A moins d’être un fin connaisseur d’Art Nouveau, on peut passer à côté d’histoires et anecdotes passionnantes.

Les explications captivantes de Véronique ont redonné vie à cette maison d’artistes. J’ai beaucoup appris sur les origines de l’Art Nouveau, l’histoire des artistes de l’Ecole de Nancy et les collections exposées.

Si vous souhaitez visiter le musée de l’Ecole de Nancy, je vous recommande vivement de réserver une visite guidée (plus d’infos ici). Elle mettra en lumière l’histoire de l’Art Nouveau à Nancy à travers les riches collections du musée.


Comment accéder au musée de l’Ecole de Nancy ?

Le musée de l’Ecole de Nancy est situé au 38 rue du Sergent Blandan, à l’extérieur du centre-ville de Nancy.

Vous avez plusieurs solutions pour y arriver :

  • A pied : c’est la solution que j’ai choisie. Et au passage, j’ai découvert la tour de la Commanderie (le plus vieil édifice de Nancy), de belles maisons Art Nouveau et le Parc Sainte-Marie. Comptez au minimum 30 minutes de la gare au musée.
  • En bus : s’arrêter à Painlevé (ligne 6) ou Nancy Thermal (lignes 7 et 8).
  • En voiture : si vous disposez d’un véhicule, le parking Nancy Thermal est à proximité.
  • Ou encore en taxi !

Pour tout savoir sur les horaires et les droits d’entrée, rendez vous sur le site officiel du musée.


En savoir plus sur l’Art Nouveau et le musée de l’Ecole de Nancy

  • Office de tourisme de Nancy – toutes les infos et offres touristiques sur Nancy.
  • Le site officiel du musée de l’Ecole de Nancy
  • Retrouvez sur cette page du site de l’Ecole de Nancy de nombreux documents à télécharger.
  • L’article de Wikipedia sur le musée.
  • Le site L’Art Nouveau
  • Livre L’Art Nouveau par Uta Hasekamp – ce magnifique ouvrage sur l’Art nouveau offre une vue d’ensemble sur ce mouvement artistique et culturel qui connut un grand succès populaire des années 1890 à 1914. Un beau-livre de 280 pages richement illustré avec d’intéressants descriptifs sur l’Art nouveau, ses créations et ses créateurs (Van de Velde, Tiffany, Gallé, Beardsley, Horta, Klimt, Mucha…). Commandez le livre sur amazon (lien-ci-dessous) :

Inspiré par le musée de l’Ecole de Nancy ? Epinglez sur Pinterest :


Un grand merci à Véronique et à Nancy Tourisme pour cette agréable visite guidée du musée !

Pour ce rendez-vous de l’événement #EnFranceAussi, le thème choisi par Paule Elise du blog 1916kilomètres est « maisons d’artistes ». Ce RV interblogueurs, initié par Sylvie du blog Le coin des Voyageurs, a pour objet de (re)-découvrir les beautés de la France.

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