מחברות ירושלים – Les carnets de Jérusalem

מחברות ירושלים

Les carnets de Jérusalem

21 Avril 2019 Israël
Religion
Désert Assis non loin des vestiges du Temple de Salomon, inquiet comme un chat sous l’orage, je pouvais entendre bruire la rumeur de ceux qui priaient au pied de l’immense muraille. Le visage cuit de soleil, les yeux injectés de sang à cause de la chaleur, je vis dans le passé d’une ville qui n’a cessé de changer, qui a été rasée maintes fois et reconstruites autant de fois. Dans une chaleur de fournaise, sous le soleil ardent qu’on pourrait croire issu d’un buisson divin; la fraîcheur a du mal à trouver son nid dans les petites rues calmes d’un début d’après-midi d’août. On entend même un chat dévaler les marches de pierre des rues étroites, tellement tout est silencieux ici.

Une odeur safranée emplit l’air et me pique le nez, une senteur âcre, peut-être de l’encens qui s’échappe d’une de ces églises du quartier chrétien…

מחברות ירושלים – Les carnets de Jérusalem Marché de la vieille ville de Jérusalem Photo par Rojs Rozentāls Sauf que je ne suis jamais allé à Jérusalem. Ce n’était pas moi. Je ne sais pas qui c’était. C’était peut-être Pierre Loti, ou alors Flaubert et Maxime Ducamp. Stendhal ? Non Stendhal n’est jamais allé à Jérusalem. Ou alors comme moi, en rêve, en songe, dans un rêve éveillé.

J’y ai vécu des heures tendres sans que je sache réellement pourquoi je me trouvais là. Peut-être que le désir a été le plus fort et l’a emporté sur la réelle possibilité de prendre un billet d’avion. Je ne connais rien de cette ville qui ne m’a jamais vu parcourir ses rues où parfois des ombres revêtues de grands manteaux noirs et de chapeaux à larges bords se faufilent entre deux portes – à peine le temps de voir un visage sous une barbe épaisse – ici le visage d’une femme – une mèche de cheveux dépassant d’un foulard pour se protéger de la chaleur harassante.

“Eh quoi ! L’or a perdu son éclat ! L’or pur est altéré ! Les pierres du sanctuaire sont dispersées aux coins de toutes les rues !”

Le monarque babylonien ordonna à son général de détruire la ville. Nebuzaredan « brûla la maison de l’Éternel, la maison du roi, et toutes les maisons de Jérusalem » et « démolit toutes les murailles ». Le Temple fut détruit, ses vaisseaux d’or et d’argent pillés. L’Arche d’alliance disparut à jamais. « Ils ont mis le feu à ton sanctuaire », raconte le psaume 74. Les prêtres furent exécutés devant Nabuchodonosor. Comme avec Titus en 70 ap. J.-C., le Temple et le palais furent sans doute rasés et leur débris déversés dans la vallée en contrebas : « Eh quoi ! L’or a perdu son éclat ! L’or pur est altéré ! Les pierres du sanctuaire sont dispersées aux coins de toutes les rues ! »

Les rues étaient désertes : « Eh quoi ! Elle est assise solitaire cette ville si peuplée ! » Les riches avaient tout perdu : « Ceux qui se nourrissaient de mets délicats périssent dans les rues. » Des renards rôdaient sur la hauteur désolée de Sion. Dans leurs lamentations, les Judéens pleurent sur Jérusalem ensanglantée, « objet d’horreur au milieu d’eux » : « Elle pleure durant la nuit, et ses joues sont couvertes de larmes ; de tous ceux qui l’aimaient nul ne la console. »

Jérusalem. Biographie.
Simon Sebag Montefiore, 2011

Different pulses

by Asaf Avidan

http://theswedishparrot.com/swedish/wp-content/uploads/2019/04/Asaf.mp3 מחברות ירושלים – Les carnets de Jérusalem

Prières du Mur des Lamentations

Photo par Asim Bharwani

Nous irons ensemble un jour à Jérusalem, parce que tout le monde ira un jour, quelle qu’en soit la raison, quelle qu’en soit l’envie. Non nous n’irons pas à Jérusalem pour fêter Pessah, ni même Pâques, parce que les fêtes sont là pour rappeler que les humains ont de bonnes raisons de s’entretuer… Alors nous parcourrons les rues de l’antique ville, nous regarderons les beaux visages de cette ville où les gens arrivent encore à vivre ensemble et nous leur dirons que l’amour n’est pas question de religion, mais un désir transcendant d’être ensemble.

Et puis nous sortirons de la ville sainte plusieurs fois millénaires pour aller fouler le sable des déserts en dehors de la ville, jusqu’au plateau d’Har Meggido, nous chercherons la source de Gihon pour tenter d’y boire l’eau pure que les premiers Judéens buvaient eux aussi.

Nous serons purs dans l’air sec d’un mois d’août, notre peau sentira l’odeur âcre de l’helichrysum, la plante de soleil et d’or et nous serons comme des dieux au pays d’une multitude de dieux uniques, vivant dans le passé comme d’autres prennent leur bain. Et je prendrai ta main pour t’emmener dans tous les autres ailleurs que tu ne connais pas encore…