Dans quel pays je vivrais quand je serais grand?


C’est la question que m’a naturellement posée Wizzboy hier sur le chemin de l’école. Ce n’était pas du tout une angoisse, au contraire. Il sait qu’il est né en Angleterre, il y a commencé l’école, il est à moitié anglais. Il connaît l’Irlande aussi, et sait qu’il a des frères et une sœur irlandais (L’Ado, GeekAdo et MangaGirl ont la double nationalité). Il a bien remarqué que chez ses petits copains, on ne parle pas toujours deux langues, en mélangeant tout. Il suit les aventures de L’Ado en Italie et en Espagne. Il sait que Marichéri travaille à Londres qui est la ville cheffe de l’Angleterre…bref, pour lui quand on est grand, on va ailleurs. C’est normal. Il se demande juste où il aimerait aller.

Dans quel pays je vivrais quand je serais grand?

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Quand j’ai rapporté notre conversation à Marichéri, il était aussi content que moi. On a passé notre bougeotte, notre envie d’aller voir ailleurs et de rencontrer les autres à nos enfants. On en est très heureux. L’Ado est en Erasmus et étudie les langues. Il doit repartir à Londres pour un an, finir ses études (on croise les doigts en espérant que son passeport irlandais aide, quelques soient les conséquences du brexit). Et après? Il ne sait pas, peut être étudier en France, ou repartir en Italie. Ou l’Amérique du Sud…GeekAdo n’est pas encore complètement fixé sur ce qu’il veut faire comme études, mais il est fermement décidé à suivre l’exemple de son frère et partir en Erasmus aussi, peu importe où. MangaGirl veut aller vivre au Japon. PrincesseChipie préfère faire le tour du monde. Et donc Wizzboy , qui est en grande section de maternelle, hésite entre l’Allemagne, parce qu’il connaît pas encore ou la Russie à cause de la dernière coupe du monde de foot. Ils en discutent entre eux, c’est naturel. J’en suis toute émue.

Alors que partout les frontières se ferment, que le nationaliste monte, mes enfants regardent le monde avec gourmandise, comme un immense terrain de jeux à aller découvrir. Comme moi à l’âge de GeekAdo. Ils savent aussi que ce n’est pas le cas de tous, que certains préfèrent s’enfermer chez eux, mais ça ne les touche pas plus que ça. Comme dit PrincesseChipie, les gens qui croient que c’est important où on est né, c’est des gens qui doivent s’ennuyer beaucoup, c’est triste pour eux. On est bien d’accord. Quand on demande à mes enfants si ils se sentent français, anglais ou même irlandais, soit ils adaptent la réponse en fonction de l’interlocuteur (pas pour les vexer, pour leur apprendre. Quoique…), soit ils répondent sincèrement « Européen ». PrincesseChipie a même cloué le bec à un adulte bien pensant, du haut de ses 10ans, avec son air innocent, ses grands yeux bleus et ses couettes ébouriffées: tu es française ou anglaise? Je suis humaine. Et toc. Pour reprendre les mots de Zaza, qui croyait que c’était une insulte alors que c’est un compliment, mes enfants sont citizens of nowhere, et ils le vivent très bien.

Finalement, dans un monde qui se ferme de plus en plus, on a réussi à transmettre un peu d’ouverture à nos enfants…ces derniers temps, c’est même sans nous en rendre compte, on avait peur que le brexit, mais aussi ce qui se passe en Amérique et presque partout, leur coupent les ailes. Pas du tout. The world is still their oyster! Je suis rassurée et très fière d’eux.