La phrase de la semaine #17


Dans la joie et la bonne humeur, je me déplace en bus plusieurs fois par semaine. Les horaires des transports en commun locaux sont conçus de telle façon que c’est soit bondé, soit désert. Dans le deuxième cas, il arrive souvent que le chauffeur se sente seul forcément, et s’empresse de raconter sa vie avec la première victime qui monte dans son bus, c’est à dire moi. Il faut dire qu’il y a très peu de gens en dehors des heures de pointe qui vont de la ville à notre village. En plus, les chauffeurs commencent à me reconnaître maintenant…j’ai eu droit mardi à un bavard qui ne comprenait pas comment son pote avait pu déménager à 17 km d’ici:

La phrase de la semaine #17

Non parce que j’ai vérifié, il n’y a que 17 kilomètres entre les deux villes. Et encore, alors que je ne demandais rien, le chauffeur m’a quand même expliqué que son pote est en fait dans un village proche de cette autre ville, il est encore plus près d’ici. Alors évidemment, ailleurs, même à 17 kilomètres, c’est pas ici. On est d’accord. Mais la ville voisine se distingue principalement de la nôtre du fait qu’elle est presque pareil. C’est une ville du nord pas de Calais, dans le même département, avec des corons, un beffroi, des habitants similaires, le même accent, les mêmes problèmes, les mêmes traditions, la même histoire, la même société…et pourtant, pour mon chauffeur de bus, c’est pas des gens comme lui. C’est bien d’être attaché à son coin, mais à ce point! Son pote n’est pas non plus un aventurier au long court, faut pas exagérer…je précise que je connais très bien cette mentalité casanière, il y a des cas aussi dans les Landes d’où je viens et ça m’a toujours désolé. Pourquoi restreindre volontairement ses horizons comme ça? Pourquoi rejeter ceux qui ne sont qu’à 17 kilomètre sous prétexte qu’ils ne sont pas d’ici? Il ne faut pas sortir de sa ville, de son canton, de son département, de son pays? Je trouve ça très triste.