Projet 52: mémoire


Cette fois, j’ai très bien compris pourquoi Ma‘ avait choisi ce thème, à cette date. J’ai pensé de suite à une photo prise cet été (désolée pour ceux qui l’ont déjà vue) à Ypres, haut lieu de mémoire bien malgré lui, de la première guerre mondiale. Les poppies, les coquelicots du souvenir sont de plus en plus récupérés par l’extrême droite en Angleterre, pour ne pas dire les néo-nazis, alors qu’ils symbolisent davantage un  » plus jamais ça » qu’un nationalisme bêlant. Les marées de poppies sans fin autour de Ypres, autour des monuments et cimetières militaires témoignent bien plus de l’absurdité d’un carnage innommable, qu’ils ne sont l’expression d’une glorification guerrière de théories patriotiques fumeuses qui ont conduit à cette boucherie. Le meilleur moyen d’honorer la mémoire des millions et millions de victimes n’est certainement pas de remettre au goût du jour les discours nationalistes qui les ont mené à la mort, mais de se souvenir de l’absurdité sans nom qui a conduit à de tels massacres.

Demain, mes enfants franco-britanniques iront fleurir les tombes de soldats anglais qui étaient à peine plus vieux qu’eux quand ils sont venus se faire trucider loin de chez eux, dans les tranchées françaises. Si quelqu’un dans l’assistance qui ose émettre le moindre propos guerrier, le plus petit argument nationaliste, on quittera les lieux. On n’honore pas la mémoire des défunts en encensant l’arme du crime.

Projet 52: mémoire